Affaire Azihary/Liétard : la Sim condamnée

Après plusieurs passages à la radio, les deux protagonistes, Mahamoud Azihary, le président de la Société immobilière de Mayotte et Vincent Liétar, un ancien salarié de la structure se disputent au sujet de l’occupation par ce dernier, d’une maison du parc immobilier de la Sim située quartier Saharangue à Mamoudzou. Un très bel endroit avec une vue panoramique sur le lagon, en plein cœur du chef lieu.

En effet depuis 30 ans, Vincent Liétar réside à cet endroit, un lieu dans lequel il a réalisé de multiples travaux d’architecture qui confère au lieu un caractère singulier. Ce qui explique et justifie son classement par le ministère au patrimoine culturel de Mayotte. Cependant cette décision ministérielle, prononcée à la hâte dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, comme pour sauver le « soldat Liétar », dont le réseau de relations à Mayotte n’est plus à démontrer, a le don d’irriter une partie de la population de Mayotte qui y voit un conflit intercommunautaire.

Vincent Liétar pouvait se prévaloir d’un droit d’occupation de la part du tribunal avec un loyer, modéré, fixé par décision judiciaire. Mais les responsables de la Sim ne l’entendent pas de cette oreille. En particulier M. Azihary, qui cherche à régler un conflit personnel avec son ancien salarié, une affaire qui couve depuis des années, puisque M. Liétar avait réussi à obtenir de la part de la justice, d’importants dédommagements de licenciement au moment de son départ de la Sim.

Par conséquent, la Sim a tenté le coup de force la semaine dernière en dépêchant bulldozer et tractopelle pour raser la résidence de M. Liétar afin de réaliser « une opération d’urbanisme ». Si la société est toujours propriétaire de la maison, M. Liétar fait valoir qu’il tient la somme à disposition de la Sim, il a tenté la semaine passée de faire parvenir par voie d’huissier un chèque de 39.000€, selon son avocat.

La procédure voudrait que le résident verse la somme à la Caisse des dépôts et consignation lorsque les versements de son loyer, dont le montant est imposé par décision de justice, ne sont pas acceptés par la Sim. Une démarche que l’occupant s’apprêterait à faire, selon ses dires.

La justice vient donc de prononcer la condamnation de la Sim devant le juge des référés hier matin. Les sociétés Electricité de Mayotte et Société Mahoraise des eaux ont aussi été condamné par le juge des référés. EDM devra payer 1000 euros au titre des frais de justice, la SMAE échappe à une sanction. Quant à la Sim, elle devra payer 3000€ à M. Liétar pour le préjudice subit et 2000€ supplémentaires au titre des frais irrépétibles.

En outre la Sim n’a plus le droit de s’introduire dans la maison occupée par M. Liétar et devra remettre en état la clôture dans un délai de 10 jours. Au-delà, le résident pourra réclamer 100€ d’indemnités par jour de retard.

Ce qui pourrait hâter le départ de son dirigeant, Mahamoud Azihary. Un départ qui était pressenti depuis quelques temps en raison des difficultés de trésorerie et d’erreurs de gestion, de la société. Mais le dernier chapitre de cette histoire n’est pas encore écrit. En effet, des internautes ont appelé à une mobilisation samedi prochain sur le site pour appuyer les décisions de la Sim et soutenir le « frère Azihary ».

Sur le net en effet, les partisans de Mahamoud Azihary font entendre à une application « coloniale » des décisions de l’Etat et de la justice. Expliquant que le manque de neutralité de l’Etat est « scandaleux », dans cette affaire privée. Ironie de l’histoire, l’avocat à qui on doit la formule de « justice coloniale à Mayotte », Mansour Kamardine, est aussi le défenseur de M. Liétar dans cette affaire…

Adrien Theilleux

 

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