À Tsoundzou, “c’était la guerre”

C’est un déferlement de violence auquel ont fait face les forces de l’ordre durant la nuit de samedi à dimanche. Des centaines de jeunes rassemblés autour de quatre mourengué ont convergé, principalement à Tsoundzou pour mener une véritable “guerre” selon les mots de policiers.

“Ils veulent tuer un flic, c’est ça l’objectif et ils n’arrêteront pas de sitôt.” Bacar est abasourdi. Devant un Somaco dévasté, le policier municipal observe le ballet de tractopelles et autres souffleuses appelés pour redonner un semblant de propre à la route nationale qui traverse Tsoundzou 1. Rien à faire cependant ; le goudron encore fumant portera longtemps les stigmates de la veille. “C’était la guerre, vraiment, c’était un déferlement de violence inouïe”, se souvient un policier présent durant les quelques sept heures qu’ont duré les émeutes. Mais ce samedi soir, les forces de l’ordre savaient à quoi s’attendre. Enfin plus ou moins.

“On a eu une information dans la journée selon laquelle il y aurait quatre mourengué différents et simultanés dans la soirée sur Mamoudzou avec la possibilité que les différents groupes se retrouvent”, explique ce même policier. “Nous avons alors décidé de monter une opération dans la plus grande discrétion”, expose-t-il encore, considérant que le préfet, le général de gendarmerie et le directeur territorial de la police nationale “avaient la volonté de frapper fort, de garder le terrain et d’empêcher de rentrer dans une démarche instaurée de bocage de l’île”. Envoyer un message aussi, aux organisateurs de mourengué qui virent désormais quasi systématiquement à l’émeute.

Tenir le terrain, à tout prix

Samedi soir n’a donc, comme prévu, pas dérogé à la règle. Rond-point Baobab, Doujani, mais surtout Tsoundzou, marqué par le pillage acharné du Somaco, ont ainsi été le théâtre d’affrontements menés par des centaines de jeunes. Une présence massive d’émeutiers qui n’aura cependant pas fait reculer les quelques trois escadrons de gendarmes mobilisés pour l’opération, assistés par des policiers privés pour certains de leur jour de repos. “Nous avons fait face”, martèle l’un d’eux, non moins choqué par les évènements qui lui rappellent ceux auxquels il a pu assister sur l’île en 2011. “Nous avons répondu, mais ça n’a pas plus”, ajoute-t-il. Il faut dire que les forces de l’ordre, avec quelque 400 grenades tirées, ont eu la main lourde dans la riposte. Tenir le terrain, à tout prix, l’ordre était clair et le directeur de la police nationale sur le territoire en a fait les frais. Une pierre est venue le blesser à la jambe ce qui lui a valu un aller pour les urgences afin de se faire recoudre. Neuf gendarmes ont également été légèrement blessés. Dans le camp d’en face, le bilan médical n’est évidemment pas connu, mais une interpellation est à noter. “D’autres doivent suivre, les investigations sont en cours”, assure la police. Devant le magasin saccagé de Tsoundzou, ce dimanche, ils étaient peu à croire que le cycle de violence aurait pris fin avec le pic de la veille. “C’est comme un virus”, marmonnait ainsi Bacar derrière son masque.

 

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