À Mayotte, un ramadan confiné

La question était dans l’esprit de tous : comment se déroulerait le ramadan en cette période de confinement ? Les préconisations du conseil cadial sont tombées hier. Et priorité absolue est donnée aux règles actuellement en vigueur. En conséquence, c’est un ramadan confiné qui débutera le 23 avril prochain.

“Nous espérons désormais pouvoir être réunis pour l’Aïd”, confie Younoussa Abaine, à la tête de la direction départementale de la cohésion sociale. Car pour célébrer la fin du ramadan, “les cadis dans les communes sont priés d’observer la lune. Les prières en groupe ne seront pas accomplies si jamais le confinement est maintenu”. En cause : le confinement national prolongé jusqu’au 11 mai, comme annoncé lundi soir par le président de la République, Emmanuel Macron, et qui a des répercussions sur le ramadan, qui débute cette année le 23 avril.

Dans les faits, donc, il n’y aura pas d’aménagement du confinement durant ce mois sacré pour les musulmans. C’est ce qu’a préconisé, hier, le conseil cadial. “Le respect du confinement est le seul moyen d’en sortir vite”, explique-t-il, précisant que la fermeture des mosquées et l’interdiction des prières en groupe demeuraient valables jusqu’à la levée de la réglementation en vigueur par les autorités. “Néanmoins, il est primordial de rappeler aux fidèles les vertus des prières à la maison en famille. La prière dite Tarawih, spécifique au mois du ramadan, très assistée par les fidèles, n’est en aucun cas obligatoire. Elle peut être accomplie individuellement à la maison”, précise-t-il.

Quant aux traditionnels foutaris, il faudra également s’en passer, ou en tout cas les pratiquer de manière extrêmement raisonnée. “Les attroupements dus aux invitations pour la rupture du jeûne, que ce soit sur le plan familial ou villageois, sont proscrits. La rupture du jeûne doit se limiter aux noyaux nucléaires de la famille”, préconisent les autorités religieuses.

Les questions que se posaient les fidèles trouvent donc une réponse, une dizaine de jours après la constitution par le préfet d’un groupe de réflexion sur le sujet. Jean-François Colombet l’expliquait dans un entretien qu’il nous avait alors accordé : “Cette période est extrêmement importante pour ceux qui pratiquent le culte que nous retrouvons majoritairement à Mayotte. Or, nous avons une équation à résoudre : une pratique du ramadan égale à une non-prolifération du Covid-19. (…) Je compte faire appel à des responsables comme les parlementaires, quelques maires, le grand cadi, etc. En somme, des personnes qui pourront réfléchir au sujet et formuler (…) des propositions pour répondre à cette question : comment conjuguer la fête du ramadan et la protection individuelle de chacun contre le virus ?”

La question de l’approvisionnement

Autre point d’importance : celui des attroupements de population lorsqu’il faut se ravitailler. On le sait, période de partage oblige, les foutaris proposent des tables aux mets nombreux et en grosse quantité. En ce sens, le conseil cadial invite les autorités municipales à “organiser des marchés dans les communes durant les week-ends, pour permettre aux habitants de s’approvisionner en produits locaux, bien prisés pendant le ramadan”.

Enfin, en ce qui concerne l’entraide aux plus défavorisés, “les associations caritatives musulmanes et les associations partenaires sont autorisées à collecter et distribuer des colis alimentaires pour le mois de ramadan, afin de faciliter le jeûne aux personnes démunies et sans ressources.” Des associations qui peuvent également “anticiper la distribution de la zakat, troisième pilier de l’islam, et l’étaler sur le long du mois du ramadan.”

 

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