31/08/09 – Grippe H1N1 : un épidémiologiste envoyé à Mayotte

La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a pris le pouls vendredi de l'organisation mise en place pour faire face à l'épidémie de grippe H1N1 à Saint-Denis de la Réunion, où "pour l'instant, on tient", selon un médecin du centre d'urgence. La ministre, arrivée dans la matinée dans l'île, a consacré sa journée à l'hôpitalpublic. Elle a annoncé à cette occasion des renforts en personnel et en matériel pour faire face à l'épidémie : envoi d'un médecin inspecteur et de trois épidémiologistes (et un à Mayotte), acheminement de 16.000 doses de Tamiflu pédiatrique, 25.000 doses adultes et 2,5 millions de masques (pour les deux îles). "C'est tendu, c'est dense mais pour l'instant on tient", lui a indiqué le Dr Guy Henrion, directeur adjoint du centre 15. 650 appels téléphoniques y sont reçus chaque jour dont 150 concernant la grippe, traités par sept médecins installés au 5ème étage de ce bâtiment futuriste. Une "salle grippe" est déjà opérationnelle mais ne fonctionnera que "lorsque le pic de l'épidémie sera atteint", selon le docteur Henrion. "Il ne restera qu'à l'armer en personnel", a-t il noté. La ministre de la Santé a passé en revue les services de réanimation, des urgences, de la maternité, questionnant le personnel médical sur ses missions, s'informant des "retours d'expérience".

Lors d'une réunion de travail fermée à la presse sur la prise en charge des patients grippés, une dizaine de médecins ont critiqué certaines normes fixées par le gouvernement. Selon un document dont l'AFP a pu obtenir copie, le Dr Patricia Pigeon-Kerchiche, chef du service pédiatrie, a constaté que les recommandations actuelles consistant à "orienter tous les enfants de moins de 40 kg grippés" vers les services d'urgence "aboutissent à une saturation". Le Dr Thierry Abossolo, gynécologue, a souligné que "le prélèvement sanguin systématique de toute femme enceinte grippée, recommandé par une circulaire du 12 août", risquait d'aboutir également à "une saturation des consultations et des capacités d'analyses". Le Dr Nathalie Lugagne-Delpon, chargé de l'hygiène hospitalière, a expliqué que les masques FFP2 destinés aux personnels soignants sont "extrêmement inconfortables et impossibles à ajuster", préconisant de "généraliser le masque chirurgical tant pour les patients que pour les professionnels".

Le Dr Patrice Poubeau, pneumologue, s'est demandé ce qu'il adviendra du vaccin s'il arrive "après le pic épidémique". "Sera-til possible de disposer à la Réunion du vaccin qui va être utilisé en Australie et qui sera disponible mi-septembre ?" a-t-il interrogé. "Nous ne voulons pas être prisonniers d'un modèle mais nous adapter à ce que nous observons sur le terrain", a souligné la ministre devant une centaine de médecins et infirmiers. Elle a évoqué les changements déjà intervenus avec l'augmentation du nombre d'établissements référents, l'hospitalisation réservée aux cas graves, la prescription qui n'est plus systématique des antiviraux… Elle a aussi rendu hommage aux personnels hospitaliers pour leur "dévouement", leur "compétence sans faille" et leur "capacité d'adaptation". "Je suis fière d'être votre ministre", a-t-elle dit. Sa deuxième et dernière journée dans l'île sera consacrée samedi aux professionnels de santé libéraux et au chikungunya.

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