30/09/09 – Le CDTM au fond du gouffre

L'assemblée générale du comité départemental de tourisme de Mayotte (CDTM) s'est tenue mardi après midi, dans un climat particulièrement houleux et agité, tant les professionnels du tourisme ont semblé "écoeurés" par l'état de délabrement, financier et opérationnel, dans lequel se trouve actuellement la "structure pilote" de ce secteur messianique pour l'économie locale. En guise d'introduction, l'annonce des chiffres de l'exercice 2008 par le commissaire au compte. Et la conclusion est accablante : le comité est placé depuis le 11 septembre sous procédure d'alerte comptable. Il lui reste moins d'un mois pour construire un plan de redressement, qui devra être validé par le commissaire aux comptes. Ce dernier a plus que suggéré de n'engager aucune dépense tant que la procédure ne serait pas close, et d'établir un ordre de priorité dans le plan de redressement. Pour le président Chanfi, qu'importe, quand il n'y en a plus, il y en a encore ! S'il est apparu, face à une fronde généralisée, isolé, parfois hagard et souvent complètement dépassé, son obsession affichée de se rendre au salon international du tourisme de Colmar, (entre 250.000 et 300.000€), alors que le comité n'en a absolument pas les moyens, sauf à risquer sa survie, l'a toutefois emporté.

Et si elle n'a pas enlevé l'enthousiasme des adhérents, sa décision a au moins ravi de nombreuses "mamas", venues soutenir le 2ème vice président du CG, et à qui, selon certaines sources, on aurait promis d'être du voyage… Quoi qu'il en soit, le doute n'est plus permis : Mayotte doit aller à Colmar, c'est une décision politique. "Mais à quoi vous servez ? Le seul  salon dont on peut quantifier les retours positifs pour tous les professionnels depuis des années, vous l'annulez !" lâche fatigué Yannick Stéphan, directeur de Mayotte Découverte. En effet, aucun professionnel mahorais ne se rendra au salon de la plongée, ou les îles sont à l'honneur cette année (27.000€), lui qui draine pourtant à Mayotte la plupart de ses touristes. "Pour beaucoup d'entre nous, ces clients, c'est 35% de notre chiffre d'affaire annuel. Ne me dites pas que l'on peut faire Colmar à 300.000€ et pas le salon de la plongée à 27.000€, dont on connaît en plus les effets bénéfiques pour nous tous", se désole la directrice du club de plongée Abalone.

En fin de séance, l'incohérence a atteint de rares sommets, malgré une situation financière catastrophique et le frisson de la honte qui a du le parcourir tout au long de l'AG, le président du CDTM soumet au vote des adhérents une modification des statuts de l'association, prévoyant une rémunération de la présidence et de la vice-présidence. Les adhérents explosent. M. Galmiche, chargé du développement touristique à la préfecture, se lève et rappelle que ceci peut s'apparenter à une "prise illégale d'intérêt, condamnée pénalement selon l'article L432-13 du code pénal". D'autres parlent de manque "d'honneur" et d'absence de "respect des adhérents et des salariés". Finalement, le nouveau statut est rejeté à une large majorité, et des voix se sont élevées dans la salle pour proposer un nouveau mode de gouvernance. "Puisque les élus ne pensent qu'à embaucher pour être réélus, pourquoi ne pas placer à la présidence du comité l'un des nôtres ?", à suggéré un adhérent. En attendant, le tourisme reste sinistré.

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