30/04/2010 – Tribune libre

 

 

{xtypo_dropcap}D{/xtypo_dropcap}ans un paragraphe relatif à la construction d’un sentier pédagogique dans la vasière des Badamiers, il est fait mention et amalgame avec une convention passée avec l’association Oulanga na nyamba.

Nous tenons à préciser qu’il n’y a aucun lien entre ces 2 projets. Cette association a manifesté son inquiétude lorsque des engins de chantier sont intervenus pour la mise en oeuvre d’un sentier en béton dans cet espace sensible dont la perspective est le classement en zone protégée Ramsar (Unesco).

Pour que le public puisse apprécier la problématique, nous souhaitons publier par l’intermédiaire de Mayotte Hebdo plusieurs photographies qui se passent de commentaires. Outre l’impact paysager discutable, le choix de l’utilisation du béton par le Conservatoire du littoral (organisme chargé de protéger le bord de mer) est lourd en matière de symbole.

Côté réglementaire, il a été délibérément choisi de n’entreprendre aucune démarche concertée pour obtenir les autorisations nécessaires (nous rappelons que nous sommes sur une zone sensible) :

– pas d’étude d’impact (une seule notice sommaire) alors que des animaux protégés et des plantes remarquables vivent sur ce site

– pas de déclaration ni d’autorisation au titre de la loi sur l’eau

– pas de permis d’aménager ni de permis de construire, pas d’enquête publique

– aucune précaution ou contrôle environnemental pendant le déroulement des travaux (d’importantes quantités de terre ayant été emportées pendant les grandes marées)

– aucune cohérence par rapport au Plan d’aménagement et de développement durable (Padd)

– aucune cohérence par rapport au récent Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (Sdage)

– aucune garantie de suivi et d’entretien quotidien pour un lieu appelé à se dégrader très rapidement, y compris en matière de déchets (canettes, papiers, etc.)

Le sentier tel que construit ne correspond pas au projet initial sur pilotis et des conséquences négatives sur le milieu sont à craindre. En accès libre, il risque d’être vandalisé rapidement et de favoriser de nouveaux points de dépôts de déchets dans la mangrove. Comment le Conservatoire du littoral, noble et remarquable institution, peut-il faire une chose pareille ?

La facture est de 530.000 euros. C’est un gaspillage d’argent public inacceptable, alors que des aménagements urgents sont nécessaires sur ce site pour limiter la dispersion des déchets dans la vasière et dans le lagon. Nous avons proposé des solutions techniques, sans suite.

La durabilité effective du matériel muséographique prévu, écrans tactiles et haut-parleurs "submersibles" est très discutable. Pourquoi installer ce matériel dans un tel endroit (non surveillé), sachant que cela revient à jeter la somme de 113.000 euros à la poubelle ? D’autres endroits plus adaptés existent, esplanade du comité du tourisme, aérogare ou gare maritime…

L’association Adel précise qu’elle est fermement opposée à cette manière de procéder, vouloir faire passer des projets en force, sans la moindre concertation. D’accord pour la mise en valeur de ce site, mais par des projets et avec des matériaux qui s’intègrent dans le paysage. Or, ce projet altère complètement ce site, contribuant au bétonnage du bord de mer.

Aujourd’hui, quand tout le monde (citoyens, associations, institutions) dénonce l’artificialisation de certaines côtes métropolitaines, lorsqu’on parle à tout bout de champ de développement durable, de Grenelle de l’environnement, de Grenelle de la mer, les autorités laissent faire un tel projet, c’est ahurissant !… Ce dossier est un condensé de toutes les erreurs qui peuvent être commises. Où va-t-on à Mayotte, futur département français ?

On aurait pu faire de grandes choses avec un tel budget : lutter contre les importantes quantités de déchets de toutes natures et les eaux usées de l’agglomération de Labattoir qui gagnent la vasière et stagnent à proximité des habitations, source de nombreuses maladies.

Au lieu de monter de tels projets délirants, nous demandons au Conservatoire du littoral de nous aider pour lutter contre l’insalubrité, car outre l’aspect environnemental, c’est la santé des habitants riverains qui est en jeu.

Monsieur Christian Garnier, vice-président de la Fédération France nature environnement de passage à Mayotte nous a apporté son soutien. A l’invitation d’Oulanga na nyamba, il s’est rendu sur le site. A plusieurs reprises pendant son séjour, lors d’une conférence et lors d’entrevue avec des responsables administratifs et en particulier avec le secrétaire général adjoint chargé des affaires économiques et régionales (Sgaer), celui-ci a pris clairement position contre ce projet en précisant que cet aménagement est incompatible avec la protection d’un tel site.

Nous demandons qu’une table ronde soit organisée sans attendre afin de trouver une solution concertée de réaménagement intelligent de ce site.

 

Les associations

Oulanga na nyamba,

Adel de Labattoir,

Fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE)

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