{xtypo_dropcap}I{/xtypo_dropcap}nitiée en 2007 par la CACM (Caisse d'assurance chômage de Mayotte), cette enquête a été réalisée à partir de questionnaires envoyés par courrier auprès de tous les chefs d'entreprises de l'île. Pour l'année 2008, le nombre de questionnaires reçus et exploitables est de 197, contre 232 en 2007. Deux redressements séparés ont été réalisés pour être au plus juste de la représentativité des entreprises, selon l'activité et les tranches d'effectifs. Cette étude n'est pas représentative du marché global de l’emploi à Mayotte, le champ de travail initial étant limité au fichier CACM des entreprises de 3 salariés et plus.

Sur le périmètre de 730 entreprises ou structures de 3 salariés ou plus, il y a 1.000 salariés de plus par rapport à 2007, soit 13.000 salariés au total. Les entreprises de 50 salariés et plus continuent de croître en effectifs : alors qu'elles ne représentent que 5% des sociétés, elles emploient la moitié des effectifs, soit une moyenne de 160 salariés par structure, contre 140 en 2007.

Les entreprises de moins de 10 salariés représentent comme en 2007 les deux tiers de l'ensemble des sociétés et emploient toujours 18% des effectifs totaux. Elles sont constituées comme en 2007, pour moitié de TPE (moins de 5 salariés), soit un tiers de l’ensemble des entreprises et 6% du total des employés, et pour moitié d’entreprises de 5 à 9 salariés, soit un tiers de l’ensemble des entreprises et 12% de l’effectif total.

 

Le secteur agricole connaît une forte concentration

 

La construction-BTP (20% des entreprises) demeure le plus gros employeur de l’île puisqu'elle emploie 38% des salariés, les services marchands (38% des entreprises) 27% des salariés et le commerce (21% des entreprises) regroupe 23% des salariés. Tandis que le secteur association-action sociale-santé n'emploie plus que 4% des effectifs contre 11% en 2007, le secteur agricole connaît au contraire une forte concentration puisqu'il passe de 22 à 42% des entreprises de 5 à 9 salariés.

9 salariés sur 10 sont à temps plein et les trois quarts sont employés en CDI. Les contrats de chantiers continuent de concerner 10% des effectifs, et ils restent exclusivement utilisés dans le secteur de la construction où ils représentent toujours un quart des emplois. Le temps plein s'est généralisé dans le secteur agricole puisqu'il est passé de 66% des salariés en 2007 à 92% en 2008. Le recours au temps partiel reste toujours plus le fait des PME (30% de recours environ) et il concerne plus en 2008 les services (21% de recours contre 11% en 2007) et toujours autant les associations-actions sociales-santé (23%).

Les femmes ne représentent toujours qu'un quart des effectifs et restent plus présentes dans les petites structures (4 emplois sur 10 dans les TPE, contre 16% dans les entreprises de plus de 50 salariés). La moitié des salariés est âgée entre 25 et 35 ans. L’affectation à des postes techniques-production, déjà élevée en 2007, a encore progressé (54% des postes existants en 2008 contre 38% en 2007).

 

6 chefs d'entreprise sur 10 n'ont pas confiance dans l'avenir

 

Le moral des entreprises est au plus bas. Alors qu'en 2007, deux tiers des chefs d'entreprises imaginaient leur chiffre d'affaires en hausse pour l'année 2008, moins d'un tiers d'entre eux tablent sur une croissance effective de leur CA en 2009. Le secteur de la construction, qui représente près de 4 emplois sur 10, est celui qui pense souffrir le plus, contrairement aux entreprises agricoles. Même si la perspective de la départementalisation rend les chefs d'entreprises optimistes, avec 55% d'entre eux qui estiment que la situation économique va plutôt en se dégradant, contre 86% d'entre eux à la Réunion par exemple, la crise économique internationale et les retards de paiement des collectivités publiques font que 6 chefs d'entreprise sur 10 n'ont pas confiance dans l'avenir.

Le nombre d'entreprises ayant réalisé des embauches au cours des 12 derniers mois est en baisse (69% contre 78% en 2007), du fait d’un recul de ce type de projets dans les PME et dans la quasi totalité des secteurs. Au final, les embauches réalisées ont concerné moins d’entreprises (4 sur 10, contre la moitié en 2007), mais avec un volume de salariés en croissance (4.000 salariés contre 3.000 en 2007).

Comme en 2007, ce sont essentiellement les entreprises de plus de 50 salariés qui ont contribué à l’accroissement de l’emploi salarié : les trois quarts d’entre elles ont augmenté leurs effectifs, réalisant ainsi 67% des embauches (contre 40% en 2007) et ont quasiment triplé leur nombre moyen de recrutements par rapport à 2007 (plus de 100 personnes embauchées par entreprise en moyenne contre 35 en 2007). Mais elles sont malgré tout plus nombreuses à déclarer un effectif en baisse (23% contre 11% en 2007), le nombre de grandes entreprises dont l’effectif est resté stable ayant diminué (3% contre 17%).

 

Un quart des entreprises souhaitent recruter avant la fin de l’année, contre 42% en 2007

 

Le secteur construction-BTP à lui seul a réalisé les deux tiers des embauches (contre la moitié en 2007) soit 3.000 personnes environ. En 2008, les entreprises de plus de 50 salariés (qui ont recruté 80% d’ouvriers contre 73% en 2007), se sont davantage tournées vers les ouvriers qualifiés (61% contre 44% en 2007) que non qualifiés (19% contre 29%). Les contrats de chantiers, proposés essentiellement par les entreprises de plus de 50 salariés et le secteur de la construction-BTP, représentent près de 50% des recrutements réalisés en 2008 (contre 30% en 2007), soit 2.000 personnes (contre 800 en 2007). En parallèle, les départs/fins de contrats ont concerné dans 39% des cas des contrats de chantier (soit environ 1.200 personnes contre 800 en 2007).

Si le nombre d’embauches a considérablement augmenté entre 2007 et 2008, il a concerné le même nombre de CDI, soit 1.000 personnes environ. Ce type de contrat a pâti de la forte croissance des contrats de chantier au global, sauf dans le secteur de l’industrie et des services où les CDI ont augmenté. L’origine des embauches est similaire entre 2007 et 2008 : 7 entreprises sur 10 ont réalisé toutes leurs embauches sur Mayotte et surtout les grandes entreprises (52% contre 26% en 2007). Moins d’une entreprise sur 10 a fait appel uniquement à des candidats extérieurs à l’île.

Un quart des entreprises a déclaré souhaiter recruter avant la fin de l’année, alors qu'en 2007, elles étaient 42%. Ce sont toujours les entreprises de plus de 50 salariés qui manifestent le plus cette intention (mais la moitié d’entre elles seulement contre 72% en 2007). L’intention est moindre également dans le secteur du BTP (35% contre 51%). A l'inverse, les entreprises agricoles sont 29% en 2008 à envisager des embauches de fin d’année, contre 8% en 2007.

Les grandes entreprises semblent souhaiter tendre vers une professionnalisation de leurs équipes puisqu’elles souhaitent davantage s’orienter vers des CDD (60% des futures embauches envisagées contre 19% en 2007) et des CDI (28% contre 15%) et beaucoup moins vers des contrats de chantier (13% contre 65%). De même, le secteur du BTP envisage de recruter dans les mêmes proportions des CDD, des CDI et des contrats de chantier, alors que 67% des embauches prévues pour 2008 en 2007 avaient concerné des contrats de chantier.

La part des entreprises prévoyant des embauches pour 2009 est en léger recul par rapport aux prévisions faites en 2007 pour 2008, mais reste proche de 50%. En terme de volume, on note toutefois une baisse de près de 40% des prévisions d’embauches futures (1.100 personnes contre 1.800 en 2007). Ce sont essentiellement les grandes entreprises et le secteur du BTP qui envisagent le plus de freiner leurs recrutements en 2009.

 

Julien Perrot

 


 

Les métiers les plus recherchés à Mayotte

Les catégories de personnel où les embauches réalisées sont les plus faibles par rapport aux embauches prévues sont les métiers d'ingénieurs, d'informaticiens, d'agents d'entretiens, d'agents de gardiennage, de cadres administratifs, de comptables, d'hôtesses d'accueil et de standardistes. 59% des chefs d'entreprise estiment avoir eu beaucoup de difficultés pour embaucher du personnel, à cause d'un manque de compétences propres au métier, de spécialisation, d'expérience professionnelle et de qualités personnelles. Les ouvriers qualifiés et non qualifiés sont les plus recherchés.

– Dans le BTP : les métiers en tension sont ceux de manœuvres, manutentionnaires, maçons, charpentiers, coffreurs, électriciens, chefs de chantier, conducteurs de travaux et techniciens VRD.

– Dans le secteur du transport : les conducteurs d'engins, grutiers, chauffeurs-livreurs, chauffeurs de poids lourds, mécaniciens, carrossiers et moniteurs d'auto-école sont les plus recherchés.

– Dans le secteur socio-éducatif : il manque des professeurs, des instituteurs, des formateurs, des assistantes maternelles, des puéricultrices, des animateurs, des éducateurs et des travailleurs sociaux.

– Dans le domaine de la santé : il faudrait former davantage d'infirmiers, d'ambulanciers, de pharmaciens, de préparateurs en pharmacie, de vétérinaires, de kinésithérapeute et autres spécialistes, de secrétaires et d'assistants médicaux.

 

7 entreprises sur 10 pensent proposer des formations

Globalement, comme en 2007, la moitié des structures mahoraises disposent d’un budget de formation. Cette proportion reste croissante avec la taille des entreprises, atteignant 100% dans les entreprises de plus de 50 salariés (89% en 2007). Si les entreprises du secteur industrie sont moins concernées (48% contre 58%), celles du BTP (51% contre 42%) et du commerce (48% contre 38%) le sont plus. Sans surprise, la proportion d’entreprises disposant d’un budget dédié à la formation reste très proche de celles proposant des activités de formation (1 sur 2 environ). Comme en 2007, les entreprises du secteur de la construction-BTP ne sont qu’un tiers à avoir entrepris des actions de formation, tandis que celles du secteur agricole, déjà en avance, ont encore progressé (78% contre 61%).

Concernant les intentions de formations pour l’année 2009, le constat est similaire à celui établi en 2007 : 7 entreprises sur 10 pensent proposer des activités de formations, dont les trois quarts de manière certaine. Les thèmes privilégiés restent les compétences techniques (72% de citations), mais également dans les grandes entreprises l’usage de l’informatique ainsi que le perfectionnement de la lecture et de l’écriture et les activités de développement des qualités personnelles.

La part d’entreprises disposant d’un responsable des ressources humaines est en progression par rapport à 2007 (55% contre 47%), notamment dans le BTP (53% contre 32%) et dans les entreprises de plus de 50 salariés (100%). La quasi-totalité des entreprises (8 sur 10) et surtout les plus de 50 salariés (96%) rencontrent toujours des problèmes dans la gestion de leurs ressources humaines, et ce malgré le fait que ces dernières disposent dans 6 cas sur 10 d’un directeur RH (les RH restent gérées dans une entreprise sur 2 par le directeur). Les raisons de ces difficultés restent essentiellement liées à la motivation du personnel et au recrutement, puis à la formation, à l’organisation des plannings et au poste relations-climat de travail.