30/01/2009 – Visite du préfet à Chirongui : « Une chance historique »

 

"Je ne suis pas ici pour vous dire quel choix vous devez faire, celui-ci n'appartient qu'à chacun d'entre vous. Je suis venu pour vous expliquer les enjeux de la départementalisation de Mayotte". Par ces premiers mots, le préfet de Mayotte Denis Robin a mis en avant le positionnement neutre de l'Etat quant à la décision des Mahorais de devenir le 101ème département français ou non. Jusqu'au 25 février, le préfet traversera la totalité des communes pour expliquer tout ceci aux élus, notables et parents mahorais.

Mercredi matin, Denis Robin a entamé sa tournée officielle à Chirongui où il a été accueilli à l'hôtel de ville dans un premier temps, avant de rejoindre la population de la commune au sein du foyer. Les colliers de fleurs et chants traditionnels n'ont pas manqué, de son arrivée au village à 10h jusqu'à l'ouverture du discours accompli par la maire Roukia Lahadji vers 10h30. Les habitants de Chirongui étaient attentifs aux dires du préfet, un peu plus encore lorsque El Hadj, l'interprète, reprenait en shimaoré ce qui était expliqué.

Selon le représentant de l'Etat, "c'est une chance historique du choix de département" qui approche. Le 29 mars 2009, dans le cas où Mayotte dirait "oui", son statut sera modifié dès les prochaines élections du conseil général et progressivement toutes les lois étant appliquées en Métropole le seront sur l'île. C'est le Pacte que propose l'Etat aux Mahorais : "Devenir tout de suite département, puis faire évoluer progressivement les réformes", annonce-t-il.

"Il n'y a qu'une seule justice, et c'est la justice républicaine"

Les transformations "importantes" ont été détaillées en cas de "oui" au changement de statut. Denis Robin en a cité quelques exemples : l'interdiction formelle de la polygamie – qui ne remettrait toutefois pas en cause les mariages ayant déjà eu lieu -, l'âge légal du mariage qui est autorisé à Mayotte à partir de quinze ans et qui passerait à l'âge national, c'est-à-dire dix-huit ans. Il y aura aussi la suppression de la justice cadiale : "les cadis pourront devenir médiateurs ou conseillers, mais ils ne pourront plus rendre la justice. Il n'y a qu'une seule justice, et c'est la justice républicaine", éclaircit-il.

Selon le préfet, l'Etat est prêt à mettre en place une adaptation des traditions mahoraises, à condition qu'elles soient conformes aux lois françaises. Autre thème majeur abordé lors de ce dialogue avec la population : l'immigration clandestine. En cas de département, le préfet assure que l'Etat multipliera les moyens humains et financiers pour préserver et renforcer les "dispositifs protecteurs" de Mayotte.

Concernant les prestations sociales, elles deviendront les mêmes qu'à la Réunion ou qu'en Métropole, mais toujours de façon progressive, année par année. À ce sujet, Denis Robin évalue à une vingtaine d'années – soit une génération – avant que Mayotte atteigne l'échelle nationale. À propos des impôts, "j'entends dire que si Mayotte devient département, on va en payer… sauf que vous payez déjà des impôts ! À travers vos salaires ou ce que vous consommez dans votre quotidien. La différence sera que cette fiscalité ne sera plus gérée par le conseil général et l'Etat, mais par le département et les communes", explique-t-il.

En effet, aujourd'hui la mairie doit faire appel à l'Etat ou au conseil général pour un projet (équipements sportifs, voiries…), mais demain elle pourra elle-même se charger de ces tâches. Le discours de Denis Robin fut clair, les points importants ont été soulignés et ce dernier n'a pas oublié de préciser que "Mayotte est une terre de France", qu'elle restera française et évoluera à son rythme si jamais les Mahorais décidaient de ne pas devenir département.

 

 

Ichirac Mahafidhou

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