{xtypo_dropcap}"A{/xtypo_dropcap}près la consultation, c'est le moment de lancer les grands chantiers d'ici 2011". Soulaïmana Noussoura, le très remuant président de l'union départementale de Mayotte de la CFE-CGC, est toujours aussi actif : il part en Métropole du 24 mai au 1er juin pour participer à différentes réunions et rencontrer Brice Hortefeux, le nouveau ministre du Travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville. "La loi organique sera votée en septembre : c'est l'avenir de Mayotte qui est en train de se dessiner et c'est maintenant qu'il faut faire des propositions".

"Mon rôle n'est pas de barrer la route systématiquement mais d'augmenter le nombre d'emplois pour les salariés et ensuite revendiquer de meilleures conditions de travail", explique M. Noussoura. Les revendications de la CFE-CGC portent d'abord sur l'extension du chèque déjeuner et l'indemnisation des frais de déplacements professionnels, pour augmenter le pouvoir d'achat des salariés. Le syndicat réclame également toujours l'application du droit commun dans tous les domaines, à commencer par la mise en place des conventions collectives dans le secteur privé ou le respect du droit syndical : "Il faut que les contrats d'engagement social qui obligent le gouvernement et les collectivités à consulter les syndicats pour tous les textes à connotation économique ou sociale soient appliqués à Mayotte. Le travail des syndicalistes doit être reconnu comme d'intérêt public".

M. Noussoura va aussi se renseigner auprès de Jean-Frédéric Dreyfus, secrétaire national de la CFE-CGC en charge du logement, pour s'enquérir des conditions de l'extension à Mayotte du 1% de cotisation prélevé sur la masse salariale pour aider à la construction de logements, sociaux ou non. L'instauration de la MSA (Mutualité sociale agricole), le régime de retraite spécial des agriculteurs qui n'existe toujours pas à Mayotte, et du régime de retraite complémentaire AGIRC-ARRCO font partie de ses priorités. Il souhaite également créer à Mayotte une Aract (Association régionale pour l'amélioration des conditions de travail) qui existe dans 25 régions métropolitaines et dans 3 Dom.

 

Les retraites doivent être déplafonnées

 

La CFE-CGC demande à ce que l'établissement d'allocations familiales de Mayotte devienne une caisse à part entière détachée de la Réunion, tout comme la CSSM qui doit être transformée en Caisse générale de sécurité sociale, comme dans les autres Dom. Le syndicat veut aussi que les retraites soient déplafonnées : "en Métropole, le plafond est de 2.900 €, alors qu'ici, c'est 900 € : c'est une aberration qu'il faut régler maintenant !", tempête M. Noussoura, qui rappelle également le problème des pensions veuvage qui ne durent que 2 ans à Mayotte pour les épouses des salariés du secteur privé.

Le président a aussi prévu de rencontrer à Paris le docteur Bernard Salengro, secrétaire national de la CFE-CGC en charge de l'Europe, pour savoir comment utiliser le Fonds social européen à Mayotte dans des secteurs aussi variés que la cantine scolaire, les transports en commun, la construction scolaire, la garde d'enfants, la lutte contre l'illettrisme, l'augmentation de la production locale, l'aquaculture ou la formation : "Il faut s'en préoccuper tout de suite car sinon en 2011 ou 2014, on sera en retard".

M. Noussoura a rendez-vous avec Bernard Van Craeynest, le président national de son syndicat, avec qui il évoquera les accords du 8 avril 2009 sur l'intégration des fonctionnaires mahorais dans les trois fonctions publiques de droit commun, notamment en ce qui concerne les problèmes de la retraite, de l'ancienneté et de l'indexation qui n'ont pas été clairement définis dans cet accord. Il va par ailleurs préparer la venue à Mayotte au mois de juin de Charles Bonissol, président des fonctions publiques CGC.

Enfin, M. Noussoura s'est déclaré candidat pour être désigné au Conseil économique, social et environnemental où l'Outremer dispose de 11 représentants, soit un par collectivité ou département.

 

Julien Perrot

 


Bientôt une Aract pour Mayotte ?

 

Créé en 1973, l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact) est installée à Lyon depuis 1996. C'est un établissement public dépendant du ministère du Travail et doté d'un CA tripartite (Etat et partenaires sociaux). Depuis 1983, pour mieux accomplir sa mission auprès des PME et TPE, l'Anact a appuyé la mise en place d'Associations régionales pour l'amélioration des conditions de travail (Aract), associations paritaires réparties sur l'ensemble du territoire national.

Le réseau Anact-Aract exerce une mission publique d'intervention, d'information, de communication et de transfert sur les conditions de travail à partir des actions concrètes menées sur le terrain dans les entreprises, en priorité les PME, et vise à une amélioration durable des conditions de travail, que ce soit au niveau de l'organisation du travail ou de son adaptation aux mutations technologiques. Pour cela, le réseau s'appuie sur son paritarisme et le financement de l'Etat, notamment les DRTEFP et les conseils régionaux, le plus souvent dans le cadre des Contrats de projet Etat-région.

Une Aract est une petite équipe opérationnelle : la structure de base est de 2 intervenants en entreprise, dont l'un est directeur et une personne en charge du secrétariat et de la gestion. Le directeur est aussi le représentant de l'Anact en tant que délégué régional et son recrutement a lieu en accord avec le CA de l'association et le directeur général de l'Anact.

Les partenaires sociaux orientent la programmation de l'activité, la suivent et l'évaluent. Le budget d'une Aract est d'environ 280.000 € en année pleine. Une étude faisabilité devrait être prochainement lancée pour que Mayotte puisse se doter d'une telle association qui existe déjà à la Réunion, en Guyane et en Martinique.