{xtypo_dropcap}P{/xtypo_dropcap}êche : Recenser la flotte, l’enjeu 2009
Le secteur de la pêche représente une part non négligeable de l’économie mahoraise. Il mobilise entre 1.000 et 2.000 personnes et génère un chiffre d’affaires global (pêche industrielle et artisanale) estimé à 10 M€ environ (4 M€ pour la pêche artisanale et 6 M€ pour la pêche industrielle) en ne comptant que l’amont de la filière (production) et sans compter l’aval (commercialisation, transformation). Toutefois, la flotte de pêche artisanale souffre pour l’heure d’un manque de données statistiques, manque que les affaires maritimes espèrent voir comblé par la mise en place prochaine d’un système d’informations halieutique (SIH) qui permettra un réel recensement et des données statistiques fiables du secteur.
Ce SIH devrait voir le jour cette année dans le cadre du Contrat de projet 2008-2014, il permettra aux affaires maritimes d’avoir les éléments nécessaires à une gestion optimale de l’effort de pêche et de la ressources halieutique. Autre intérêt de ce dispositif, il utilise une méthodologie commune aux autres territoires, ce qui permettra d’intégrer et de comparer les données de Mayotte aux données nationales.
Pour le reste, peu de changements par rapport à l’année précédente, le rapport recense environ un millier de pirogues en bois, avec ou sans moteur, qui ne sont pas suivies par l’administration car il est impossible de leur établir un permis de navigation. Pour la plupart leur activité est vivrière et le commerce du poisson pêché très faible. On recense également 250 barques Yamaha, toutes immatriculées au fichier local, mais divisées en deux groupes : celles qui utilisent l’essence détaxée et sont donc soumises aux visites de sécurité, au nombre de 160, et celles qui y échappent. Leur importation est interdite depuis 2004 car elles ne répondent plus aux normes de sécurité qu’il convient d’assurer aux pêcheurs.
Les thoniers senneurs repoussés
Le nombre de navires répondant aux normes de sécurité croit d’années en années, il était de 27 en 2008. Pour l’année 2008, la Copemay a investi dans un petit palangrier, aidée par l’Etat. S’il s’avère rentable, d’autres navires de ce type pourront arriver dans l’île, conformément au plan de développement de la flotte mahoraise. Problème majeur, l’état de la flottille et l’allongement des distances pour se rendre sur les zones de pêche rendent l’activité dangereuse. En 2007, 53% des opérations de secours en mer la concernaient.
Autre souci du secteur, l’impossibilité de recensement des marins pêcheurs. Le régime spécifique de sécurité sociale ne s’applique pas à Mayotte, rendant impossible la connaissance de leur nombre. Caractéristiques principales des pêcheurs de Mayotte : ils sont en grande partie en situation irrégulière et sont très peu formés. Une expérimentation est en cours à le Réunion et à Mayotte afin de mettre en place un brevet « certificat d’aptitude au commandement des navires à la petite pêche », formation qualifiante. Depuis 2006 cette expérience montre une réelle élévation du niveau de connaissance, notamment réglementaire, des marins et leur nécessaire régularisation juridique. Il offre l’avantage de pouvoir se faire en shimaore.
Face à cette flottille en cours de modernisation, les pêches des thoniers senneurs espagnols et français représentent toujours 4.000 à 6.000 tonnes de poisson par an. Pour l’année 2008, 33 licences ont été délivrées par le préfet pour la ZEE de Mayotte, alors que leurs recettes continuaient de tomber dans les caisses des Taaf. Deux novations majeures sont mises en places pour 2009 : tout d’abord l’accès des affaires maritimes de l’application Trident qui permet de suivre en temps réel la campagne de pêche des thoniers, ensuite – pour répondre à une demande formulée depuis des années par les pêcheurs mahorais – la zone d’interdiction de pêche des thoniers senneurs est passée de 12 à 20 milles nautiques à partir de la barrière récifale.
Aquaculture et plaisance toujours en expansion
Mayotte reste la première production piscicole ultramarine avec 130 tonnes en 2008, pour un chiffre d’affaire d’environ 700 K€. Le secteur emploie 25 personnes. La pépinière d’entreprises aquacoles d’Hajangua géré par Aquamay, constituée de quelques conteneurs, a été transformée en 2008 grâce au Contrat de projet et inaugurée au mois de décembre. Elle offre aux aquaculteurs un lieu de travail digne de ce nom.
Parallèlement, le GSMA, qui dispose d’un site de production avec des cages immergées dans la baie de Tsingoni pour son ancienne formation aquaculteur, mise en sommeil en 2006 pour cause de manque de débouchés, l’a rouverte en 2008 dans un cadre plus large de formations aux métiers de la mer. Lors de son séjour dans l’île en janvier dernier, le secrétaire d’Etat à l’Outremer a visité l’écloserie de Mayotte Aquaculture à Longoni et rappelé à cette occasion son intérêt et son soutien pour l’aquaculture à Mayotte, avec l’arrivée annoncée de l’Ifremer.
Dernier secteur d’activité, la plaisance, loisir ou professionnelle, trouve un champ d’action privilégié dans le lagon. On recense environ un millier d’embarcations de plaisance immatriculées. Le principal frein au développement de la flottille, très faible en comparaison aux autres Dom, est la très forte taxation, 50% selon les cas. En augmentation chaque année, le nombre de candidats au permis hauturier a baissé en 2008, en raison de la réforme du permis plaisance mise en place au 1er janvier 2008.
A coté des particuliers, on recense une trentaine de petites structures professionnelles, notamment de plongée sous-marine et de bateaux-écoles, et également d’exploration du lagon, de ski nautique, de club de voile ou de location. Au total, la plaisance génère un chiffre d’affaire de 3,3 millions d’euros et fait travailler une cinquantaine de personnes.
Hélène Ferkatadji
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