{xtypo_dropcap}M{/xtypo_dropcap}écanicien bateau de formation, il se rend compte rapidement qu’il s’est trompé de voie et c’est lors d’un séjour dans une exploitation avicole en Métropole, dans le Morbihan, qu’il se découvre une passion pour le métier d’éleveur. Une fois son BEP en poche, il repart s’installer à Mayotte avec un projet bien précis en tête. "Je ne suis pas resté en Métropole, parce que j’ai une chance, c’est que ma famille a du terrain, du foncier sur l’île. C’est un élément très important quand on veut se lancer ici". Il décide de monter une exploitation avicole biologique.
Aujourd’hui, il possède trois bâtiments dans le sud de Mayotte. Pour les poulets de chair, 3 bâtiments accueillent les animaux depuis déjà un mois et pour les poules pondeuses bio, les commandes de bâtiments sont lancées. Les produits en résultant devraient arriver sur le marché début novembre.
Ce qui a poussé Mhamadi a posé candidature au concours Talents de la création d’entreprise, c’est tout d’abord la satisfaction d’avoir été épaulé administrativement dès les débuts du projet par la Boutique de gestion. Ce sont eux qui ont proposé à ce dernier de participer au concours. "Je me suis tout de suite dit que ce serait une chance super, qui pourrait me permettre de faire connaître mon projet."
Ce que souhaite avant tout Mhamadi avec son projet, c’est pouvoir offrir aux consommateurs des produits de qualité, sains, élevés sans produits chimiques. Un produit biologique. "J’ai découvert le bio en Métropole, je suis sûr que c’est possible d’installer ce mode de production à Mayotte. Nous sommes sur une île, adopter le bio est plus aisé. Mais ça va être dur, très dur d’installer le bio. Je ne veux pas élever des animaux en cage, comme la concurrence, mais en plein air. Les normes sont draconiennes. Au niveau de la nourriture par exemple, je vais l’acheter en Métropole, mais elle mettra trente jours à arriver".
L’éleveur pourra la stocker durant un mois et demi, ce qui nécessite avant tout des fonds de réserve. Pour l’instant, il n’existe pas de label bio qui certifiera l’exploitation de Mhamadi, mais il en existe un à la Réunion. Des techniciens seront régulièrement envoyés sur Mayotte pour vérifier la structure afin d’être réellement reconnue comme exploitation biologique.
A l’avenir, 6.000 poules de ponte et de chair vont devoir fournir viande et œufs. Le problème qui se pose aujourd’hui est la commercialisation des produits. "Pour l’instant, j’ai trouvé un client qui serait prêt à m’acheter 80% de ma production. Il reste 20% avec lesquels je compte développer la vente directe, mais aussi adhérer à la l’institution "Bienvenue à la ferme" qui est basée en Métropole. Cela va attirer les gens sur l’exploitation et ainsi pouvoir faire connaître les produits."
A l’heure actuelle, l’éventuel futur lauréat compte sur ce concours pour avant tout se faire connaître et démocratiser le marché bio, qui devrait au fil du temps trouver son public à Mayotte. "On ne peut pas dire que les produits ici soient mauvais, le manioc, les bananes poussent sans produits ajoutés, là se trouve aussi la difficulté. Il va falloir marquer la différence. Mais je vais mettre l’accent sur les prix."
En effet, l’éleveur projette d’être moins cher que le principal producteur de l’île. "D’après mes calculs, j’arriverai à m’en sortir si je vends mes produits moins chers. Après, mon principal combat sera de me faire reconnaître comme producteur bio, suite à cela le prix du produit bio trouvera sa place."
Le concours Talents de la création d'entreprise, qui en est à sa 4ème édition, a d’ores et déjà permis à de jeunes entrepreneurs de mener à bien leurs projets qui participent, chacun à leur niveau, au développement de Mayotte. Cette année, 62 candidats dans les catégories "dynamiques rurales", "services" et "commerce et artisanat" ont déposé un dossier. 25 ont été retenus sur les critères suivants : le parcours du candidat, la viabilité économique du projet et les démarches de création. Pour chaque catégorie retenue, la dotation sur Mayotte, grâce à plusieurs partenaires, offrira la somme de 5.000 euros pour le lauréat. En septembre, un jury national de Talents se réunira à Paris pour la sélection des lauréats nationaux 2010.
Mathilde Fischer
Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.