27/08/2010 – Sport : Raid Amazones L’arbre vert

 

{xtypo_dropcap}A{/xtypo_dropcap}lice Lejeune, 25 ans sort de son entraînement de natation aux abords de Musical plage… Les 2 kilomètres de ce matin ne semblent pas avoir émoussé cette jeune femme qui sort pourtant d’une nuit de garde – elle est sage-femme à la maternité de Mramadoudou – et elle se prête volontiers au jeu des questions-réponses.

Capitaine de l’équipe, Alice affiche fièrement les objectifs : “Nous n’avons jamais participé à aucun raid, c’est effectivement une grande première pour nous toutes, mais nous visons une place sur le podium”. Comme le règlement le stipule, 3 jeunes femmes forment l’équipe des Takamaka, où Aurore Loreiller-Martinez (25 ans, elle aussi sage-femme à Mramadoudou) et Fanny Kocan (30 ans, infirmière au CHM) complètent ce groupe.

Travaillant toutes au CHM, les Takamaka espèrent bien surprendre leurs concurrentes malgré leur inexpérience

“Le délire est parti de rien, assises autour d’une table et feuilletant Mayotte Hebdo, nous sommes tombées sur l’annonce de ce raid. L’idée a germé et nous voilà à l’entrainement.” Les plannings des trois jeunes femmes n’étant pas identiques, il n’est pas rare de ne voir qu’une ou deux de ces dernières s’entraîner en même temps.

“Nous avons un planning d’entraînement et nous essayons de nous y tenir. Nous nous sommes entourées de deux professeurs d’EPS travaillant sur l’île, ainsi que d’une kinésithérapeute et je peux vous dire qu’ils ne nous ménagent pas." Telles de vraies professionnelles, l’entraînement alterne course à pied, natation et canoë, et Alice assure que les sessions de pratique de ces sports iront crescendo jusqu’au début de la compétition.

“Nous avons chacune notre spécialité, Fanny est la fondeuse du groupe, Aurore nage, et moi j’ai quelques perfs nationales en cross, nous nous épaulons et essayons dans le temps qui nous reste de travailler nos points faibles.”

 

“38 km de VTT, c’est la discipline que nous redoutons”

 

Restent certains obstacles… En effet, Alice rapporte justement la difficulté de pouvoir s’entraîner dans certaines disciplines comme le VTT, où le manque de matériel fait cruellement défaut. D’ailleurs pour ces trois filles, c’est bien l’épreuve des 38 kilomètres de VTT qui est la plus redoutée. Néanmoins les dernières sorties avec Stéphane, professionnel de l’île bien connu des amateurs de randos cyclistes, leur auront permis de se tester dans les chemins de notre belle île.

"Nous craignons également l’accumulation de fatigue… Un raid d’une semaine laisse des traces dans l’organisme et nous ne savons pas vraiment appréhender l’enchaînement de toutes ces disciplines, nous verrons bien”, se targue Alice d’un grand sourire.

Comme la majeure partie des équipes, les Takamaka sont également à la poursuite des sponsors. Bien mieux loties que certaines des équipes concurrentes, Alice affiche un contrat de sponsoring rempli avec 3 sponsors principaux : une entreprise de métropole Sovéa (spécialisée dans l’assainissement après incendie), la BFC de Mayotte, ainsi que très récemment CanalSatellite. “Nous ne critiquons pas le montant de l’inscription fixé à 7000 € pour les équipes îliennes – les équipes qui y parviendront démontreront leur détermination – mais il est clair qu’il n’a pas été facile d’allier démarchage, travail et entraînement.”

Le rêve prend donc forme, et les trois jeunes femmes sont vraiment ravies de pouvoir rencontrer d’autres participantes venues du monde entier, avec l’envie de se dépasser et de vivre dans tous les cas une semaine extraordinaire, la sensation d’avoir donné le meilleur d’elles-mêmes, dans une ambiance qui se voudra chaleureuse puisque les différentes équipes bivouaqueront ensemble durant une semaine.

 

Une équipe expérimentée qui a tout gagné à Mayotte

 

Pour la seconde équipe (sans nom pour l’instant), la bonne humeur est de mise malgré la pluie qui tombe sur le parc de la pointe Mahabou en ce lundi après-midi. Le vent se lève, mais rien ne peut empêcher Fabienne Corroller, Corinne Redon et Damienne Hebras de faire leur séance de jogging. "Après tout, ce n'est que de l'eau", fait remarquer avec un grand sourire Fabienne Coroller.

Il faut dire que l'eau ne fera pas défaut lors du Raid Amazones. Natation, plongée, kayak seront au programme. Alors autant s'y habituer, même en courant. La course à pieds justement est le point fort de cette équipe. Nos trois raideuses sont des sportives confirmées. A Mayotte, elles se sont constituées un joli palmarès sur les épreuves de courses à pieds, triathlons ou autres raids. Par conséquent, pour elles l'important n'est pas forcément de participer.

"On va faire du mieux que l'on peut tout en se faisant plaisir. Si possible, nous aimerions monter sur le podium. Ce serait bien qu'une équipe mahoraise gagne, non ?", lance malicieusement Corinne Redon. En revanche, elles craignent un peu l'épreuve surprise, mais également le VTT. Elles comptent arpenter les GR et chemins de campagne pour souffrir le moins possible à vélo, sachant que selon leurs informations, le dénivelé du parcours ne sera pas énorme.

D’ailleurs, tout comme les autres équipes mahoraises, elles ont l’avantage de pouvoir reconnaître le parcours et s’y entraîner dessus et elles n’auront pas à s’acclimater à la chaleur. Corinne est la seule à avoir vu des images d'une précédente édition du raid à la Réunion. Les autres en avaient entendu parler, mais leur décision de participer à l'édition mahoraise a été prise après le triathlon de Sakouli et les 11 km de Bouéni, épreuves où elles sont habituellement concurrentes.

 

Le directeur du CDTM lance un appel aux entreprises pour le sponsoring d'équipes mahoraises

 

"Le fait que le raid se passe à Mayotte facilite les choses. D'habitude je participe à tout ce qui se fait ici et le Raid Amazones n'échappe pas à la règle. S'il s'était tenu ailleurs, je pense que je n'y aurais pas participé", indique Corinne Redon. Les 7.000 € à verser à ZBO (dirigée par l’animateur de télévision Alexandre Debanne) avant le 10 septembre constituent le seul frein à leur participation au raid.

Pour l'instant, le trio de choc a reçu l’accord de Somagaz pour un parrainage qui devrait couvrir la moitié de la somme demandée. Fabienne, Damienne et Corinne doivent donc, entre les séances d'entraînement en kayak, à vélo et en course à pied, courir après d'éventuels sponsors. Leur envie de passer une semaine sportive d'exception est très forte et devrait se concrétiser dans les prochains jours puisque des pourparlers sont en cours pour boucler leur budget.

Christophe Gravier, directeur du comité départemental du tourisme appelle d’ailleurs les entreprises à s'impliquer pour favoriser la participation d'équipes locales. En espérant que celui-ci soit entendu, le trio de choc affûte ses chaussures de course pour obtenir un résultat probant.

 

Simon Labrouche et Faïd Souhaïli


L palmarès de Fabienn, Damienne et CorinneCorinne Redon 38 ans, professeur de fitness

2003 : Participation à la Diagonale des fous (grand raid de 160 km à la Réunion). 2004 : Participation à la Course de l’ylang (146 km à boucler en moins de 60 heures à Mayotte). 2006 : Vainqueur de la Course de l’ylang et des 11 km de Bouéni. 2007 : Participation au Mahoraid (épreuve par multi-sports par équipe), vainqueur des 11 km de Bouéni. 2008 : Vainqueur du Défi Combani (course à pieds + VTT), des 11 km de Bouéni et du triathlon de Mayotte. 2009 : Vainqueur du Cross caporal, des 10 km de Majicavo et du marathon des Comores.

 

Damienne Hebras, 32 ans, maître-nageur, ancienne nageuse de haut-niveau

2007 : vainqueur du triathlon de Mayotte et du Défi Combani. 2009 : 2e du Cross caporal. Vainqueur de plusieurs traversées à la nage Bambo-îlot de Bandrélé.

 

Fabienne Coroller 34 ans, adjointe au service Alimentation et filières agroalimentaires (DSV)

1993 : Vice-championne de France de semi-marathon junior. 2009 : 2e (1ère senior) du triathlon de Mayotte. 2010 : Vainqueur du triathlon de Mayotte, 3e au 11 km de Bouéni.

Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.

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