{xtypo_dropcap}R{/xtypo_dropcap}ien de tel que des vacances à la maison pour se ressourcer ! Fahdedine Madi Ali (Fahdedine Abdou avant le jugement de la Crec) finit son séjour de 7 semaines chez ses parents à Chiconi. “C’est la première fois que je prends autant de repos. Je me dégage du poids de la pression et de la compétition”, affirme le jeune (21 ans) lanceur de javelot du Nice Côte-d’Azur Athlétisme. Il y a été un peu forcé par des douleurs récurrentes aux muscles lombaires (dos) et une déchirure aux adducteurs à 3 mois du championnat de France. Mais cela ne l’a pas empêché de garder son titre de champion de France espoir avec un jet de 67,92 m, alors qu’il n’avait repris l’entraînement que quelques jours auparavant.
“C’est quand même positif dans la mesure où je ne pensais même pas y participer”, concède Fahdedine. Il a en revanche été contraint de faire l’impasse sur le championnat de France élite d’Angers. Mais pour lui, ce n’est que reculer pour mieux sauter. Pensionnaire du Creps de Boulouris, Fahdedine s’entraîne dur deux fois par jour pour une durée totale pouvant atteindre 25 heures par semaine. Il doit reprendre cette semaine par de légers footings (20 min) après la rupture du jeûne. Le retour pour Nice est prévu le 6 septembre, afin de poursuivre sa formation de préparateur physique et de coach sportif.
"À Mayotte, on a tendance à se contenter de peu"
“Je prépare un brevet d’état dans ce domaine et parallèlement j’en prépare un en athlétisme. Je pense déjà à ma reconversion et à l’ouverture d’une salle de sport à Mayotte”, explique le jeune homme qui a pour coéquipière Tanzila Jean-Jacques. Pour la saison prochaine, Fahdedine Madi Ali compte participer aux championnats de France hivernaux et intégrer l’équipe de France senior.
“Pour cela, il faut que je sois dans les trois meilleurs. C’était ma dernière année en tant qu’espoir. Mais le plus dur est de garder son niveau. Il faut être ambitieux et croire en soi. À Mayotte, on a tendance à se contenter de peu. Les compétitions internationales telles que les Jeux des îles européennes, ceux de l’océan Indien ou les matches avec l’équipe de France, ça motive et ça donne envie d’aller plus loin”, avance-t-il.
Plus loin, comme la Finlande par exemple, pays où le javelot est la discipline reine en athlétisme. “J’ai pu y faire un stage de 10 jours. Je me suis entraîné avec les meilleurs lanceurs du monde. Là-bas, un enfant de 5 ans t’apprend à lancer un javelot. Cela a été très enrichissant. D’ailleurs, c’est le problème des athlètes à Mayotte. Ils restent ici dans leur bulle, ils n’ont pas les moyens de faire des stages ailleurs pour découvrir ce qu’il s’y passe. Les lanceurs finlandais ou norvégiens se rendent pendant plusieurs mois en Afrique du Sud par exemple”, déclare l’ancien pensionnaire du Zazatsara.
Objectif Londres 2012
Contrairement à son ami Zoubert Hadhirami qui n’a pu se déplacer à Bondoufle pour le championnat de France faute de moyens financiers, Fahdedine n’a pas de souci de ce côté-là. Son club s’occupe de toute la partie transport, hébergement et inscription pour les compétitions, sans oublier la mise à disposition d’un entraîneur et de ses installations. En retour, il doit participer aux championnats de France inter-clubs, qui permettent de situer la valeur des clubs au niveau national.
Pour lui, le soutien autour d’un athlète est très important. “Certes il y a nos résultats sur la piste, mais il faut un entourage qui nous soutienne, surtout dans les moments difficiles. C’est aussi bien la famille, les amis, le club que les partenaires. Je prends l’exemple de la Jamaïque. Usain Boltla Jamaïque. Je ressens la même chose quand je lance, c’est moi, mais aussi la France et Mayotte que je représente, un peu comme Miss Mayotte. Mais parfois j’ai l’impression que pour les sportifs on oublie cette dimension, sauf quand les Jeux des îles de l’océan Indien approchent. D’ailleurs, j’ai l’impression qu’ici on accorde beaucoup plus d’importance à cette épreuve qu’à un championnat de France, alors que le niveau est comparable à un championnat régional en France”, dévoile-t-il. dispose d’un encadrement solide, sa fédération, son pays, sa famille sont tous derrière lui. Quand il court, il devient un ambassadeur pour
Son ambition est de participer aux Jeux olympiques de Londres en 2012. Le chemin est encore long, mais Fahdedine sait ce qu’il lui reste à faire pour devenir le premier athlète mahorais intégrant une délégation olympique française.
Faïd Souhaïli
Un matériel onéreux
Si les années précédentes Fahdedine Madi Ali a pu compter sur une aide du conseil général pour payer son inscription au Creps de Boulouris, ainsi que son matériel, pour la saison 2009/2010, rien n’est sûr en raison des difficultés financières rencontrées par la CDM. Le minimum nécessaire pour un athlète se constitue de pointes (120 à 160 €), d’un javelot (800 à 1000 €), d’une ceinture maintenant le dos (125 €) et divers maillots et shorts.
“Pour le javelot, c’est mieux si on en a plusieurs, ça évite d’aller le chercher à chaque lancer”, estime l’athlète. Blessé il y a quelques mois, Fahdedine a dû avoir recours à des séances d’ostéopathie pour se soigner. “À raison de 50 € la séance et sachant qu’il en a fallu une douzaine, cela fait beaucoup, d’autant plus que ce n’est pas remboursé par la Sécurité sociale”, avance Fahdedine. Il appelle donc tous ceux qui le souhaitent à l’aider lui, mais aussi d’autres jeunes athlètes mahorais qui se qualifient régulièrement pour les compétitions nationales et internationales.
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