27/06/2008 – A propos de Mayotte – « L’Etat sera neutre dans la campagne électorale »

Pour notre île, le secrétaire d’Etat a rappelé que "le territoire a développé une demande de départementalisation" qui se ponctuera par le référendum d’avril 2009. "Nous avons nommé un ‘Monsieur Mayotte’ qui porte aujourd’hui la feuille de route de cette départementalisation parce que j’ai souhaité que nous ayons un discours clair vis-à-vis des Mahorais et que la départementalisation soit connue d’eux dans ses aspects positifs, mais aussi dans ses obligations nouvelles. C’est une révolution dans la vie politique de Mayotte que d’aller vers la départementalisation, que de créer un état civil, que de créer un droit du sol, que de mettre fin à un certain nombre de pratiques coutumières pour pouvoir prospérer dans le cadre de la départementalisation".
Il a aussi ajouté que "l’Etat sera neutre dans la campagne électorale, mais dira de façon claire les avantages et les obligations nouvelles qui vont peser sur le territoire pour que les Mahorais puissent choisir en toute connaissance de cause et que le calendrier d’application de cette départementalisation soit à la fois progressif et adapté et qu'il réponde aux besoins locaux. Mayotte est aussi frappée, a-t-il soutenu, par un phénomène migratoire lourd".
Yves Jégo n’a pas manqué d’évoquer sa récente visite aux Comores qu’il qualifie lui-même d’"assez originale", avec Alain Joyandet, le secrétaire d’Etat à la Coopération. Une mission ayant permis d’installer le Groupe de travail de haut niveau qui s’est réuni début juin à Paris et qui "travaille sur un accord formel entre la France et l’Union des Comores pour que ces questions de coopération, ces questions de migration soient traitées d’une façon un peu différente".
 
 

"On devrait avoir à l’échelle 2012-2015 une piste d’aviation et un aéroport qui permettent ces liaisons directes"

Interrogé par nos soins sur la venue d’Air France dans la région avec un plan de desserte des îles de la zone sauf Mayotte, le secrétaire d’Etat à l’Outremer a souligné que "nous sommes dans une économie libre" et que "la compagnie Air France est soumise aux règles de la concurrence mondiale. (…) Mais il y a pour Mayotte un préalable, sur lequel j’ai apporté lors de mon dernier déplacement des réponses en signant le Contrat de projets de Mayotte, qui est l’extension de la piste qui aujourd’hui ne permet pas dans les conditions actuelles les liaisons Europe-Mayotte.

Ces travaux devraient débuter d’ici 2010 et donc on devrait avoir à l’échelle 2012-2015 une piste d’aviation et un aéroport qui permettent ces liaisons directes. Si dans le même temps les Mahorais se sont emparés de l’atout touristique pour en faire un atout fort – et je crois que c’est un des axes de son développement – on peut parier qu’il y aura des dessertes réelles directes, mais il y a un combat que nous menons là, qui est celui à la fois du prix des billets d’avion et le prix des billets d’avion est lié aux dessertes et au nombre de dessertes. Nous sommes persuadés que le seul moyen de faire baisser durablement les prix c’est de favoriser la concurrence.

Nous avons déjà pris un certain nombre de dispositions de suppression d’obligation de service public, de mobilisation de compagnies pour qu’on puisse faire de ce projet une réalité pour les habitants. Et ceci est un combat européen. Mayotte sera desservie quand la piste sera capable d’accueillir des avions qui viennent directement de la Métropole; ça c’est une réalité physique qu’on ne peut pas surmonter", a précisé Yves Jogo.

 

"Collectivité ou département ?", telle sera la question

Enfin, concernant la loi programme qui visiblement ne contiendra pas grand-chose pour Mayotte, le secrétaire d’Etat a une nouvelle fois rappelé qu’une loi spécifique à Mayotte sera adoptée, mais "attendons que les Mahorais se soient déjà prononcés. Si Mayotte devient un département, bien évidement la loi sera fondée sur les attributs d’un département. Si Mayotte choisit de rester Collectivité d’Outremer, il n’y pas d’autre choix. Qu’il n’y ait pas de confusion car le choix qui sera offert aux Mahorais est clair : ou on reste une Collectivité d’Outremer dans le cadre de la République française ou on devient un département français. Et évidemment selon le choix, la ‘Loi Mayotte’ viendra décliner un certain nombre de mesures qui seront différentes et ce sera certainement après le référendum et pas avant".

Et si certains ont toujours des doutes concernant des sujets clefs liés notamment au développement de l’île, ce jour de présentation du bilan des 100 jours d’Yves Jégo aura au moins permis de lever un autre doute, car nous avons ainsi la certitude que pour la première fois de leur histoire, les Mahorais seront appelés à se prononcer sur le statut de département d’Outremer. Nous aurons le choix entre ce nouveau statut et l’actuel. Certains s’y voient déjà mais encore faut-il que les Mahorais l’approuvent.

R.T Charaffoudine Mohamed

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