{xtypo_dropcap}L'{/xtypo_dropcap}enquête, qui avait lieu depuis le mois d'août, a permis de présenter devant le juge d'instruction 8 personnes, dont une femme, pour leur mise en examen : 5 sont aujourd'hui incarcérées et 3 placées sous contrôle judiciaire. "Nous avons pu nous attaquer à la structure même du réseau : le chef du réseau et toute sa logistique", a souligné M. Gautier. Le chef du réseau était un Comorien en situation irrégulière qui bénéficiait d'une couverture depuis plusieurs années qui lui permettait d'agir "au su et au vu de tout le monde".
Ce trafic s'appuyait sur un clan familial particulièrement bien organisé. Les personnes mises en examen sont celles qui conduisaient les embarcations et qui stockaient la drogue et l'argent. 19 revendeurs et gros consommateurs font également partie des personnes arrêtées. Toutes les communautés de l'île sont touchées : Mahorais, Métropolitains, Comoriens en situation irrégulière ou non.
"Neutraliser le réseau en un seul coup de filet"
C'est la première grande opération du Gir de Mayotte, dont la création est encore toute récente, qui a permis le travail en complémentarité de toutes les forces de l'ordre avec l'objectif de "lutter contre toutes les formes d'économie souterraine". Le cannabis, mais aussi la cocaïne, avec la saisie le 24 août dernier de 4,4 kg de cocaïne dans une embarcation, venaient de Tanzanie, étaient acheminés par cargo vers la Grande Comore puis arrivait à Mayotte via Anjouan par kwassa-kwassa. La cocaïne venait d'Amérique du Sud et passait par l'Afrique de l'Ouest pour arriver en Tanzanie. Les produits stupéfiants étaient transbordés avant l'entrée du lagon sur une barque de pêche qui rentrait ensuite en même temps que les retours de pêche.
Le trafic était très lucratif puisque la demi-tonne d'herbe de cannabis était achetée 5.000 euros en Tanzanie pour être revendue 650 à 700 euros le kilo ici. Parallèlement à ce trafic, les membres du réseau participaient également à un réseau d'aide à l'entrée d'étrangers en situation irrégulière. Parmi les personnes interpellées, quatre clandestins ont fait l'objet d'un arrêté de retour à la frontière
Des contacts ont actuellement lieu avec l'ambassade de France en Tanzanie pour mettre en place des commissions rogatoires internationales. "Notre objectif était de neutraliser le réseau en un seul coup de filet, surtout ici avec les clandestins qui peuvent repartir aux Comores", a expliqué M. Gautier. Les trafiquants ont réinvesti une grande partie de leurs bénéfices aux Comores, en se constituant là-bas un patrimoine conséquent.
Plus d'une centaine de kilos de cannabis auraient ainsi été écoulés à Mayotte depuis quelques années. L'enquête est toujours en cours et le procureur Gilles Rognoni a précisé que le chef d'accusation d'importation de produits stupéfiants en bande organisée est pour l'instant une affaire criminelle, mais qu'elle pourrait aussi relever du tribunal correctionnel.
Julien Perrot
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