26/09/2008 – « Nous demandons la fin de l’anarchie des prix »

C'est sur cette revendication virulente que débute le dossier d'une vingtaine de pages réalisé par Rifay Said Hamidouni et Fahardine Mohamed de l'Association des consommateurs de Mayotte. Un dossier qui tend à démontrer que Mayotte vit une situation particulière concernant le pouvoir d'achat et qui a servi de base au lancement du mouvement social de ce jeudi qui a rassemblé entre 200 et 300 manifestants. "Actuellement, Mayotte enregistre la baisse la plus importante de pouvoir d’achat des consommateurs des départements français. Pour faire face à cette situation de grande précarité, des mesures urgentes telles qu’une indexation des salaires sur les prix et la révision des taux de marge deviennent un impératif immédiat", poursuivent les dirigeants de l'Ascoma dans leur dossier.
Plus de contrôles dans les magasins, stimuler et relancer la concurrence, réprimer les ententes, limiter les marges des importateurs jugées trop excessives, augmenter la production locale, développer la coopération économique dans la région… l'association propose plusieurs pistes de solutions à cette crise.

"Ils ne pensent pas réellement au problème de fond et à l'avenir de Mayotte"

"Ils disent qu'ils font tout ce qu'ils peuvent, ils s'appuient sur la liberté des prix, mais en fait ils ne font rien !", tempête le président de l'association à la sortie de l'entretien avec le secrétaire général de la préfecture, accordé suite à la manifestation. "La loi dit qu'en période de crise, ou de pénurie, l'Etat peut intervenir, ici ça n'est jamais fait. Je m'attendais à ce discours mais je suis quand même déçu. Ils disent qu'ils vont tenter de nous faire rencontrer Yves Jégo mais je n'en crois rien."
La rencontre avec le président du conseil général a été plus satisfaisante pour les manifestants. Celui-ci s'est engagé à faire tout ce qui est en son pouvoir pour enrayer la crise. "Mais cela ne doit pas se faire au détriment de la collectivité", avertit le président de l'Ascoma, "c'est-à-dire en supprimant les droits de douane, comme le suggère la préfecture." Malgré le renfort en nombre incontestable apporté par les syndicats – CGT, FO, CGC, CFDT – les dirigeants de l'Ascoma se déclarent "déçus".
"Chacun veut prêcher pour sa paroisse et récupérer des avantages pour se poser en leader de son groupe. Ils ne pensent pas réellement au problème de fond et à l'avenir de Mayotte. Le dossier sur les prix, nous l'avons rédigé à deux, avec l'aide de quelques associations, pourtant nous étions 15 à entrer à la préfecture pour l'entretien… Je suis déçu devant la récupération politique de ce mouvement."
L'association et ses partenaires, les femmes leader de la vie publique et Oudaïlia haki za Maore, doivent décider rapidement des suites du mouvement. Une chose est certaine, ils ne comptent pas en rester là et envisagent de porter leurs revendications jusqu'à Paris.

Hélène Ferkatadji

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