{xtypo_dropcap}"Z{/xtypo_dropcap}aki" est très convoité. 3ème de la poule des As à un point seulement de la JSB St-Benoît et deux du tout frais champion de la Réunion 2009, le HBC Château-Morange, Zarouki Ali Minihadji vient d'achever sa première saison dans l'élite réunionnaise avec la Créssonnière. Club où il entraîne également les jeunes.

Son contrat d'un an arrive à expiration et plusieurs clubs veulent s'attacher ses services. "J'ai eu la chance d'être gaucher et dans ce milieu c'est important car il n'en existe pas beaucoup", se réjouit le Tsingonien. Titulaire à son poste, sa moyenne de buts tourne à six-sept par match, sachant qu'à Mayotte celle-ci s'élevait à neuf-dix buts par saison. "C'est une moyenne correcte dans ce championnat très relevé".

Le hand reste son activité principale, il vit de ça tel un professionnel… qu'il a été le temps de deux saisons. C'était en 2005, à vingt-sept ans, lorsqu'il signait son premier contrat pro à Massy, en région parisienne. "Je venais de passer six ans en semi-pro, puis l'occasion tant espérée est arrivée. Jouer en pro, j'en avais toujours rêvé, tous les Mahorais rêvent de ça, mais j'ai dû faire un sacrifice". Car gérer à la fois les études et le sport devient trop difficile pour l'Alsacien.

A l'époque au sein d'un sport-études (2003-2005), il obtient son Dut technique commercialisation avant de trancher en faveur de sa passion. "J'ai fait ce choix de quitter les études et je ne le regrette pas", appuie-t-il encore. Durant deux ans donc, Zaki s'accroche et croise les grands noms du handball français. Dans ce monde difficile, il ne baisse pas les bras, trouvant sa source de motivation en sa mère.

 

"Tout ce que je fais, c'est d'abord pour ma mère"

 

"On vient d'une famille très modeste. Ma mère a effectué tous les efforts nécessaires pour nous envoyer en Métropole, afin que l'on puisse suivre des études. Tout ce que je fais c'est d'abord pour elle, pour qu'elle puisse être fière de moi", confie le joueur de La Créssonnière.

Le handball et lui, c'est une longue histoire. Pas vraiment destiné à la petite balle à ses débuts, l'enfant de Tsingoni touche à plusieurs activités physiques, jusqu'à son départ pour l'Alsace où il passe huit ans.

À vingt ans encore, il fait partie des sélections mahoraises de hand bien sûr, mais également de foot et de volley, décrochant parallèlement le titre de champion de Mayotte de lancer de poids et se classant 3ème du lancer de javelot, derrière notamment un certain Soultoini Ali. Un petit bijou.

Depuis tout jeune donc, Zaki est sur tous les tableaux, mais "plus tu grandis, plus tu te cales dans une discipline", et celle-ci fut le handball. "J'ai choisi cette pratique surtout du fait qu'en ce temps, à Tsingoni, c'était celle qui avait le plus de succès", en sourit-il. En 1997, il décroche son premier titre de champion de Mayotte avec l'ASCT, le premier du club. Suit le second l'année suivante. Formé dans son club de cœur, l'ogre tsingonien, immense par son aspect physique, avoue avoir appris l'essentiel en Métropole.

"À Mayotte, il suffisait de tirer fort pour être bon. C'est à Colmar et à Sélestat que j'ai vraiment appris les bases du handball, les techniques, les combinaisons…" Des bases qu'il transmet aux rouges tsingoniens en 2006, alors qu'il envisage un retour définitif. Un retour finalement temporaire.

 

Une pensée pour le handisport

 

Car, employé à la ligue mahoraise de handball, Zaki estime son salaire injuste par rapport à ses qualifications, ses diplômes. Déjà convoité en 2007 par La Créssonnière, il s'engage pourtant une nouvelle année dans son club formateur, estimant son travail non achevé : "Nous étions à cette période-là en plein sur un projet de formation de base. Je ne pouvais quitter le club".

Arrive 2008 : son projet achevé et sa situation professionnelle n'ayant pas évolué, il accepte l'offre de l'équipe réunionnaise, tout en prévoyant un retour proche. En effet, Zaki souhaite mettre toutes ses capacités professionnelles au profit du sport local, et de sa pratique en particulier.

Détenteur d'un brevet d'État spécifique handball et d'un diplôme fédéral niveau 3 (entraîneur régional), il compte valider son niveau 4 – ou niveau expert, avec lequel il pourrait entraîner en National 1, voire en D2 – et espère passer les BE spécifiques volley et handisport. "Les handicapés sont négligés. Pourtant, ils sont des sportifs comme nous. Je pourrais même dire qu'ils font deux fois plus d'efforts que nous, seulement le système veut que ces personnes n'aient pas vraiment de reconnaissance", se désole-t-il.

À propos du niveau de handball à Mayotte, Zaki estime que "les infrastructures ici ne permettent pas d'avancer correctement, ça joue beaucoup. Mais surtout, tant qu'on ne comprendra pas que ce n'est pas les excellences, mais bien les jeunes qu'il faut encadrer, on n’avancera pas ! Ce n'est pas seulement le hand, mais le sport en général. Donc, si j'ai un conseil à donner, ce serait plus dirigé vers les cadres que vers les jeunes", ceci avant de conclure : "mais ils commencent doucement à comprendre, c'est une bonne chose".

 

I.M

 


 

Son parcours

  • 88-98 : ASC Tsingoni (excellence masculine)
  • 98-00 : Colmar (Nat 2, semi-pro)
  • 00-01 : Sélestat (Nat 1, semi-pro)
  • 01-02 : Altkirch (Nat 1, semi-pro)
  • 02-04 : Mulhouse (Nat 1, semi-pro)
  • 04-06 : Massy (D2, pro)
  • 06-08 : ASC Tsingoni (excellence masculine)
  • 08-09 : La Créssonnière (Pro des As)