{xtypo_dropcap}L'{/xtypo_dropcap}année 2008 aura été marquée par le ralentissement de l’activité économique dans l’ensemble des régions du monde. L’incidence négative de la crise financière sur l’économie réelle a entraîné une baisse de la demande interne (consommation et investissement) et a été amplifiée en fin d’année par une contraction sensible du commerce international, générant alors un net recul de la production ainsi que des suppressions importantes d’emplois.

Dans ce contexte pourtant peu favorable, l’activité économique à Mayotte a poursuivi sa croissance en 2008, tant au niveau de la consommation des ménages que de l’investissement des entreprises. Toutefois, plusieurs indicateurs ont marqué un net ralentissement au dernier trimestre et les entrepreneurs locaux manifestent déjà des inquiétudes quant à l’activité de l’année en cours.

Au plan financier, les données bancaires ne révèlent pour l’instant aucun signe de recul de la distribution des crédits par le système bancaire local, qui continue donc d’accompagner le développement économique de la Collectivité.

 

Forte accélération de l’inflation et creusement du déficit commercial

 

D’après l’Insee, entre décembre 2007 et décembre 2008, l’indice général des prix à la consommation a augmenté de 5,1% à Mayotte. Le poste « produits alimentaires et boissons » affiche la progression la plus importante (+11%), avec notamment des hausses de 24% et 16% des prix des « produits frais » et « viandes et volailles ».

Selon la direction régionale des douanes, Mayotte a importé plus de 376 millions d’euros de marchandises (hors hydrocarbures) sur l’ensemble de l’année 2008, soit une hausse de 12% par rapport à l’année précédente. A contrario, les exportations, qui avoisinent les 5 millions d’euros, ont enregistré une baisse de 16% sur la même période. Le taux de couverture des importations par les exportations se dégrade donc un peu plus, s’établissant au niveau très faible de 1,4%.

Après avoir procédé à un travail de refonte de sa base, l’ANPE-Pôle Emploi recensait 5.505 demandeurs d’emploi au 1er janvier 2009. Cependant, la notion de demandeur d’emploi à Mayotte doit être appréhendée avec précaution, compte tenu de l’absence ou de la faiblesse de certaines indemnités.

 

Consommation des ménages dynamique, mais ralentissement en fin d’année

 

La consommation des ménages s’est, une fois de plus, révélée dynamique au cours de l’année 2008, portée par une hausse significative du Smig (+12,3% en juillet 2008, après +17,0% en juillet 2007) et par un recours accru au crédit à la consommation (+20% sur un an). Ainsi, les importations de produits alimentaires et de biens d’équipement ménager augmentent respectivement de 14% et 9% en valeur et les ventes cumulées de véhicules de tourisme progressent de 2,4% (1.320 unités vendues en 2008 contre 1.289 un an auparavant).

Toutefois, un net ralentissement est apparu au dernier trimestre 2008, les importations de biens de consommation diminuant non seulement par rapport au 3ème trimestre 2008, mais également par rapport au même trimestre de 2007. Les ventes de véhicules de tourisme accusent également un recul significatif : -6% par rapport au 3e trimestre 2008 et -14% par rapport au 4e trimestre 2007.

 

Ralentissement de l’activité et de l’investissement des entreprises au second semestre

 

Apres un premier semestre 2008 jugé dynamique quant au courant d’affaires, les entrepreneurs interrogés dans le cadre de l’enquête de conjoncture de l’Iedom font état d’une baisse de l’activité sur les deux derniers trimestres de l’année 2008, accompagnée par une réduction des effectifs employés. La dégradation sensible des situations de trésorerie, observée par l’ensemble des entrepreneurs, trouverait son origine avant tout dans l’allongement continu des délais de paiement des clients (publics notamment), phénomène désormais récurrent et préoccupant dans la collectivité. Autre source d’inquiétude, les carnets de commandes se désemplissent et tardent à se renouveler, notamment dans les travaux publics.

Pour ce qui concerne l’investissement, les importations de biens d’équipement professionnel sont en hausse de 12% par rapport à 2007, en lien avec l’augmentation des encours de crédits d’équipement consentis aux entreprises par les banques (+24% sur un an à fin 2008). Ce mouvement s’infléchit cependant en fin d’année : les importations de biens d’équipement professionnel chutent au 4ème trimestre 2008 (-24% par rapport au 3e trimestre et -10% par rapport au 4ème trimestre 2007) et les crédits d’équipement se tassent (+3% seulement sur le trimestre).

Dans le secteur de la construction, les chefs d’entreprises s’inquiètent de l’absence ou du lancement tardif de gros projets de chantiers publics, notamment dans les travaux d’infrastructures, alors que les besoins à Mayotte sont encore nombreux : assainissement, réfection des voiries… Des craintes pèsent également sur la commande privée, même si elle impacte relativement moins l’activité globale du secteur. L’incertitude – liée au projet de loi pour le développement économique des Outremer – sur les futurs programmes de défiscalisation et, surtout, l’attentisme induit par la crise internationale freinent en effet les promoteurs immobiliers.

Après un début d’année jugé dynamique, les professionnels de la distribution ont constaté un ralentissement des ventes au cours des derniers mois de l’année, notamment dans le secteur automobile (-15% de véhicules neufs vendus entre le 4ème trimestre 2007 et le 4ème trimestre 2008).

Dans ce panorama sectoriel plutôt morose, seuls l’industrie agro-alimentaire et le tourisme affichent des résultats globalement satisfaisants. Ainsi, pour ce dernier secteur, la fréquentation de l’aéroport de Dzaoudzi (hors transit) en 2008 (soit 247.620 passagers) s’est accrue ce 7,5% par rapport à 2007.

 

Collecte des dépôts en baisse, mais distribution de crédits dynamique

 

Au 31 décembre 2008, l’encours global des actifs financiers recensés à Mayotte atteint 328 millions d’euros, en hausse de 7% en glissement annuel. Cette augmentation (due en partie à l’intégration de nouvelles données au sein de l’épargne à long terme) est surtout le fait des actifs détenus par les ménages (+19%). Il convient cependant de relever la stagnation, voire la diminution, des dépôts à vue détenus par l’ensemble des agents économiques, signe de vives tensions sur les trésoreries (notamment chez les entreprises).

L’encours global des crédits consentis par les établissements de crédit installés localement a fortement augmenté en 2008 (+20% en glissement annuel) et s’établit à 465 millions d’euros. Le portefeuille des banques locales reste sain, avec un taux de créances douteuses brutes à 4%. Leurs principaux emprunteurs, les entreprises, ont accru leurs encours de 31% en un an et ceux des ménages, deuxièmes débiteurs, de 21%.

 

Iedom, rapport annuel 2008, édition 2009