{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}a grande consultation initiée par Jean-Louis Borloo pour définir la politique maritime de la France est arrivée à la deuxième étape : la consultation. Les quatre ateliers nationaux ont rendu un certain nombre de propositions, qui doivent maintenant être affinées par les contributions volontaires sur le site internet du Grenelle de la mer (www.legrenelle-mer.gouv.fr) et lors des réunions régionales associant les professionnels, les associations, les élus locaux et le public intéressé.
Dirigées par un membre d'un atelier national, ces réunions régionales sont au nombre de 18 : 11 en Métropole et 7 en Outremer. A Mayotte, c'est Isabelle Autissier, vice-présidente du groupe 1 sur le littoral, qui s'est chargée vendredi dernier d'animer cette réunion régionale en présentant les propositions des quatre ateliers et en recueillant les réactions et propositions du public réuni Case rocher. La navigatrice s'est dite "enthousiasmée par ce travail collectif", qui a permis de dégager énormément de propositions.
Fin juin ou début juillet aura lieu la table ronde finale autour du ministre de l'Ecologie et du développement durable qui devrait permettre de définir les voies d'une politique maritime en s'appuyant sur les propositions nationales et régionales. Isabelle Autissier a tenu à préciser que "l'Outremer a une place prépondérante dans ce Grenelle. Il est l'essentiel de la mer française et présente une grande diversité selon les territoires". Membre lui aussi de l'atelier national n°1, Michel Charpentier, président de l'association des Naturalistes, remarque que "beaucoup de propositions retenues prennent en compte les préoccupations ultramarines".
Faire face à ses responsabilités
La présentation des différentes propositions des quatre groupes de travail (disponibles sur le site internet du Grenelle) est l'occasion d'un débat entre les personnes présentes. Au sujet de l'importance de faire découvrir la mer aux jeunes générations, le vice-recteur a rappelé qu'un plan natation a débuté en 2006 – il consiste en des cours de natation pour tous les élèves de CM2 et de 6e -, mais est en péril en raison du coût trop élevé du transport. M. Cirioni a donc appelé à une participation de la Collectivité dans la prise en charge du transport afin de poursuivre et d'étendre ce plan indispensable. Il a également précisé qu'un travail était en cours avec les affaires maritimes pour la formation de jeunes mahorais en plongée sous-marine.
Parmi le public constitué de professionnels de la mer, de responsables administratifs et d'élus, quelques jeunes sont présents. La majorité d'entre eux étudie les sciences de la vie à l'IFM et a bénéficié d'une formation au niveau 1 de plongée et à la méthode Reef check de comptage des coraux, initiée par le bureau d'études Lagonia, avec l'aide de partenaires privés. Plusieurs d'entre eux insistent sur l'importance de la sensibilisation des Mahorais, appelant également à l'installation de poubelles sur les plages, des installations qui "inciteraient à un bon comportement".
Dans un autre registre, le vice-président de la Capam et président d'Aquamay Dominique Marot a vivement appelé à la création d'un pôle de recherches à Mayotte, afin de cesser de n'être qu'associés aux travaux de la Réunion et d'avoir nos recherches propres. M. Marot a également appelé chacun à faire face à ses responsabilités concernant la pollution du lagon, donnant pour exemple la bière Hipo : "la Collectivité n'aurait jamais du autoriser qu'elle soit commercialisée dans des bouteilles en plastique", mais en verre recyclable, comme cela avait été imposé à Coca-cola lors de son installation.
Offrir un débouché aux jeunes
"Avant de créer de nouvelles institutions et instances chargées de réfléchir à une nouvelle politique, et de dépenser de l'argent supplémentaire, il conviendrait de commencer par changer certaines pratiques et voir ce qui fonctionne déjà pour s'en inspirer", estime pour sa part Jacques Grelot de la direction des affaires européennes.
Prenant l'exemple d'associations comme Oulanga na nyamba dont le bateau de la tortue fonctionne sans subvention, il encourage au travail d'équipe pour étendre les petites actions qui donnent des résultats et également à faire le point sur les connaissances existantes, à compiler les données, avant de lancer de nouveaux pôles de recherches.
Concernant la recherche, Jacques Toto estime à l'inverse de M. Marot qu'il faut travailler avec la Réunion. "Il faut dépasser les conflits stériles entre les deux îles. A la Réunion des choses se font, des fonds conséquents sont débloqués pour la recherche, il faut en profiter en s'intégrant dans ces programmes qui fonctionnent."
Peu convaincu, Dominique Marot revient à la charge sur la recherche, estimant essentielle l'installation de l'Ifremer sur l'île, pour des recherches sur des ressources propres comme le crabe de mangrove ou l'holothurie. Une installation "en très bonne voie", selon le secrétaire général de la préfecture Christophe Peyrel.
"Ces recherches permettraient également de donner un débouché aux jeunes d'ici qui s'intéressent au milieu marin. Pour l'heure ils n'ont aucune perspective d'emploi dans ce domaine." Un constat confirmé par un des jeunes étudiants présent : "je suis étudiant en science de la vie, j'ai découvert la plongée avec le Reef check et je voudrais travailler à Mayotte dans le domaine de la mer, mais je ne sais absolument pas ce que je pourrais faire".
Hélène Ferkatadji
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