{xtypo_dropcap}A{/xtypo_dropcap} peine plus jeune que Johnny Halliday, Papa Wemba peut être considéré comme l’équivalent congolais de l’artiste français. Tout comme Johnny, Shungu Wembadio Pene Kikumba a commencé sa carrière très jeune. Dans un premier temps, il accompagne sa mère, pleureuse professionnelle, dans les cérémonies funéraires et veillées mortuaires de Kinshasa (à l’époque Léopoldville).
Puis, à la mort de son père qui était opposé à toute carrière musicale pour son fils, Papa Wemba officie à l’église. En 1969, en compagnie d’autres grands musiciens congolais, Papa Wemba crée le mythique groupe Zaïko Langa Langa. Ce groupe va moderniser la rumba de l’époque en accélérant le rythme grâce aux instruments électriques et au remplacement des instruments à vent par une batterie.
C’est le succès immédiat pour Papa Wemba. Mais, une cassure va s’opérer entre les différents leaders du groupe. En 1977, Papa Wemba et quinze autres musiciens créent Viva la Musica, groupe qui existe encore aujourd’hui. A l’instar du Nigerian Fela Kuti qui avait crée chez lui la Kalakuta Republic, Papa Wemba crée le village de Molokaï dans le quartier de Matonge à Kinshasa, dont il se proclame chef coutumier. Ce sera une ville dans la ville avec ses propres codes, mais contrairement à Fela au Nigeria, Papa Wemba ne fera pas d’activisme politique contre le régime du maréchal Mobutu. Papa Wemba collabore en 1979 avec le grand Tabu Ley. Les années 80 sont celles des longues tournées européennes auprès de la diaspora congolaise et africaine.
Papa Wemba, figure incontournable de la Sape
Pendant cette période Papa Wemba n’abandonnera pas la rumba, mais s’aventurera avec réussite dans le soukouss et la world music en collaborant en 1995 sur l’album Emotion avec Peter Gabriel (un demi million d’albums vendus). D’autres titres zouk, salsa suivront par la suite, démontrant que Papa Wemba ne veut pas se laisser enfermer dans un style musical unique.
En 2003, Papa Wemba passera trois mois et demi en prison après que la justice française l’ait condamné pour avoir fait entrer irrégulièrement des compatriotes congolais sur le territoire français en les faisant passer pour ses musiciens. Cette épreuve fera faire une pause de deux ans et demi sans scène à Papa Wemba, qui reprendra la route des concerts en 2007.
Si Papa Wemba a réussi à séduire toute l’Afrique et même au-delà, c’est bien sûr grâce à un talent hors norme, mais aussi parce qu’il a su imposer un style. Figure incontournable de la Sape (Société des ambianceurs et des personnes élégantes), Papa Wemba est un défilé de mode à lui tout seul lors de ses concerts. L’exubérance et la volonté de toujours bien s’habiller va inspirer les artistes d’autres mouvements musicaux africains.
Dans les codes de la Sape, il est par exemple interdit d’arborer une cravate Titi et Gros minet ou encore de porter un gilet avec un costume croisé. La Sape, c’est tout un art, et si vous voulez comprendre ce qu’il en est, rendez-vous au stade de Passamaïnty ce vendredisoir. Papa Wemba n’a pas traversé les époques pour rien. En plus d’avoir devant vous une légende vivante de la musique africaine, vous pourrez assister à un spectacle somptueux comme seul Papa Wemba sait les faire.
Faïd Souhaïli
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