{xtypo_dropcap}S{/xtypo_dropcap}i le comique est souvent présent dans le théâtre mahorais, ces derniers temps peu d’humoristes se sont produits sur scène. Alors quand une star du genre débarque à Mayotte, forcément c’est le succès assuré. Avant que Patson monte sur les planches, ce sont les rappeurs de M’tsapéré (notamment Hadj MC) qui ont chauffé les 300 spectateurs. Le rappeur comorien Cheikh MC était aussi de la partie avec DJ Ahmed, lui également venu de Moroni. Dynamique, Cheikh MC a néanmoins pu s’apercevoir qu’il n’est pas facile de convaincre un public qui ne s’attendait pas à cet intermède hip-hop.
Et quand le DJ a lancé un coupé-décalé, l’artiste tout vêtu de blanc fait son entrée sur le plateau en clamant l’une des expressions cultes de la chanson “C’est la joie” réalisée en duo avec Mokobé : “On n’a pas de pile, mais on fonctionne !”. Ensuite, Patson a enchaîné les sketches, mais c’est surtout son concours de coupé-décalé qui a enflammé l’assistance. Sont montés sur scène trois hommes et trois femmes qui, comme à la Star’Ac, ont été éliminés au fur et à mesure par le public.
A ce jeu-là, c’est une jeune fille un peu trop collante (“La dernière fois qu’une femme m’a chauffé comme ça, elle est repartie avec 4 gosses”, lui a-t-il dit en rigolant, ce qui a provoqué son retour dans la foule) et un jeune homme au physique d’armoire à glace (“Viens lui dire, toi, qu’il n’est pas vainqueur ! Tu as vu comment il est ?”, a soufflé le comédien) qui ont gagné.
Le spectacle s’est terminé avec la diffusion de “C’est la joie” et sa série de “patsonismes” tel que “l’appareil photo fait pas magie : quand tu es vilain, tu sors vilain”, ou encore “Eh Mokobé, toutes les filles dans cette boîte s’appellent Laisse-moi tranquille”.
Un développement équilibré pour tous
Si l’humoriste a choisi de finir sur une note positive, il n’a pas oublié les raisons de sa venue à Mayotte, mais aussi à Mohéli et en Grande Comore. Dans le cadre du festival Solidar’été, il s’est produit sur les trois îles, mais a aussi participé à des distributions de matériel scolaire, sportif ou informatique.
“Il ne faut pas oublier de tendre la main aux autres. Jamel Debbouze m’a tendu la main, je ne l’oublie pas et ceux qui peuvent en faire autant doivent le faire”, a-t-il lancé au public avec gravité. En venant dans l’archipel, il s’est félicité de voir que, dans des lieux retirés, les jeunes avaient accès à ses sketches grâce à internet.
“Je suis venu pour l’aspect social, apprendre d’une autre culture. L’accueil a été très chaleureux, des gens qui n’ont rien nous ont offert l’hospitalité”, souligne-t-il. Bien que son spectacle de vendredi ait été surtout basé sur la danse et la musique, Patson se dit comédien avant tout. “Je veux rester à ma place, même si je n’hésite pas à mélanger humour et danse. Ce soir, le but était aussi de faire la fête.”
Pour Stéphane Aboutoihi, organisateur du festival Solidar’été, cette première édition a été une réussite. “Le but est de faire passer un message entre deux mondes : celui qui a et celui qui n’a pas. Nous avons sollicité des donateurs en France, des clubs de foot, des écoles et tous ceux qui ont bien voulu faire preuve de charité et nous nous sommes rendus sur trois îles. Si Mayotte a des moyens et que les Comores n’en ont pas, cela crée des déséquilibres : violence, immigration clandestine… Tout le monde a intérêt à contribuer à un développement équilibré. Si nous avons choisi Patson, c’est parce que c’est quelqu’un qui apporte du bonheur au monde et c’est un Africain. Mayotte, c’est aussi l’Afrique culturellement.”
Faïd Souhaïli
Mad, du hip-hop à la promotion de l’art en général
Si le Patson show a pu avoir lieu, c’est aussi grâce à la participation de l’association Mad (Mouvement artistique et de développement). Mad a assuré la partie organisationnelle de la scène au plateau de M’balamanga. “Stéphane a fait appel à nous pour organiser l’accueil de Patson. D’un autre côté, cela nous a permis d’adhérer à son projet pour Solidar’été, car le festival c’est plus qu’un spectacle. Cette année, Patson ne pouvait pas rester sur Mayotte et donc assurer la partie humanitaire du projet, mais on espère que cela se réalisera l’an prochain”, avance le président de Mad, Loutfi.
L’association, créée en région parisienne par deux Mahorais, s’occupait de la promotion du hip-hop. Arrivés à Mayotte, les fondateurs ont voulu continuer, mais ont décidé d’élargir leur horizon à toutes les formes artistiques.
Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.