Le Mouvement départementaliste mahorais (MDM) et l'UMP ont réussi (avec le soutien du PS local) à ouvrir une nouvelle page dans l'histoire politique de Mayotte en élisant hier matin, jeudi 20 mars 2008, Ahamed Attoumani Douchina, conseiller général UMP de Kani kély, nouveau président du conseil général, succédant à Saïd Omar Oili.
De longs mois de tractations ont été nécessaires pour ficeler cette entente entre les deux principaux partis politiques qui se sont longtemps combattus tout en ayant le même idéal : obtenir de Paris la transformation de Mayotte en département français d'Outremer.
Un objectif qui commençait à perdre sa consistance dans l'esprit des jeunes générations, sous les coups que lui ont portés Saïd Omar Oili, Bacar Ali Boto et d'autres, parfois dans des déclarations publiques contradictoires et purement politiciennes. Conscients des risques d'opposition au sein des ailes dures de leurs formations respectives, les dirigeants de l'UMP et du MDM (canal historique) ont démarré leurs négociations dans le grand secret depuis le mois de juin dernier pour l'imposer peu à peu à leurs troupes, aidés en cela par un contexte politique globalement inquiétant pour l'ensemble des habitants de Mayotte, consécutif à la mise en place progressive du droit commun.
C'est dès le début des discussions que fut acté le principe de confier la présidence du conseil général à un élu UMP pour faciliter le contact avec le gouvernement de François Fillon et s'assurer ainsi que rien ne vienne entraver le déclenchement du processus de départementalisation.
La semaine qui s'achève fut riche en rebondissements et suspicions de toutes sortes, faisant craindre un moment un éclatement de cette alliance difficilement obtenue. En effet, différents scénarios d'union parmi les élus rescapés de la purge électorale de dimanche dernier se sont imposés dans les discussions de la population, faisant craindre le pire aux observateurs et acteurs de la vie économique et sociale de Mayotte.
Le premier enjeu de ces multiples tractations a été d'assurer une majorité forte et stable. Il s'agissait aussi pour certains d'empêcher Saïd Omar Oili (et son parti le Néma) de conserver le pouvoir et installer durablement son hégémonie dans le pays. S'il est le seul élu sortant à avoir retrouvé son siège dès le premier tour du scrutin le 9 mars dernier, l'ancien président du conseil général n'a réussi à faire élire qu'une seule personne sous les couleurs de son nouveau parti, Mme Sarah Mouhoussoune à Dembéni, où elle a battu Maoulida Soula, le dauphin désigné de Mansour Kamardine, l'ancien député et conseiller général de Sada, logiquement pressenti pour succéder à S2O.
L'alliance historique scellée sur le Coran
Finalement, chacun des deux camps a réussi à obtenir un consensus dans ses rangs pour faire aboutir, mercredi soir à Tsingoni chez Zoubert Adinani, président du MDM, l'alliance historique. Deux précautions valant mieux qu'une, ce pacte fut scellé mercredi en début de soirée, chacun des conseillers généraux engagés dans la formation de cette future majorité ayant prêté serment sur le Coran. Devant son échec à former une majorité, Saïd Omar Oili ne s'est pas porté candidat à sa succession au cours de l'élection de jeudi. C'est donc sans surprise pour le public qu'Ahamed Attoumani Douchina a été élu président du conseil général par 14 voix contre 5, sous une montagne d'applaudissements.
S'adressant pour la première fois aux Mahorais, dans sa qualité de président de l'assemblée départementale, Ahamed Attoumani a déclaré avoir conscience des grandes attentes de la population et promis d'essayer de ne pas la décevoir.
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