Zaraoui Nafion est le gérant de l’auto-école Subra. Il prépare l’établissement à reprendre du service dans le respect des règles d’hygiène et de sécurité. Pour cela, il doit se transformer en homme multi-tâches entre la désinfection des lieux, l’agencement de la salle de code et la réorganisation de l’heure de conduite. Tout est à refaire mais il est prêt à relever le défi.
Depuis le 16 mars, les voitures de l’auto-école Subra n’ont pas quitté leurs places de parking, les auto-écoles n’étant pas autorisées à donner des cours de conduite ou de code. La date de la reprise était donc très attendue. Zaraoui Nafion s’occupe de l’auto-école Subra à Mamoudzou. Depuis les annonces du premier ministre la semaine dernière, il passe ses journées à préparer l’auto-école afin de respecter les normes de sécurité. “En réalité, j’ai eu trois mois pour préparer la reprise. Je suis très impatient”, affirme-t-il en arrivant à son bureau le matin. Le programme est de taille pour Zaraoui qui est le seul à devoir tout gérer. Le premier changement qui s’impose est l’agencement de la salle de code. Sans perdre de temps, le gérant calcule le nombre de chaises qu’il devra enlever. “Pour respecter la distance d’un mètre je ne peux disposer que 6 chaises dans cette salle alors que normalement j’en ai 18.” Le constat est sans appel, la salle perd 2/3 de ses capacités et cela aura forcément des conséquences sur l’organisation globale de l’auto-école. “Avant les élèves pouvaient assister aux cours de code de manière illimité. Un élève pouvait rester là toute la journée. Maintenant je vais devoir faire un planning pour que tout le monde puisse assister aux cours. Un élève ne pourra plus rester toute la journée”, explique Zaraoui Nafion. Une fois la question des chaises réglée, ce dernier relève un autre problème. Le système des boîtiers qu’utilisent les élèves ne peut pas rester tel quel. “Pour cela je réfléchis encore à la solution idéale. Soit je vais devoir les désinfecter à chaque fin de cours, soit je vais imprimer les tests et faire à l’ancienne.” Cependant, la première option requiert du temps et la deuxième de l’argent. Le gérant réfléchit donc à la solution la plus avantageuse tout en mettant de l’ordre dans les papiers administratifs. Il doit jongler entre plusieurs tâches et ce n’est pas de tout repos. “Je dois absolument envoyer les comptes à la comptable pour être à jour, même si nous n’avons eu aucune entrée d’argent pendant presque trois mois”, indique Zaraoui Nafion, avec une pointe de regret. En effet, il n’y a eu aucune nouvelle inscription, ni aucune heure de conduite. De plus, le gérant redoute que les élèves ne soient pas au rendez-vous. “Avec la crise économique liée à la crise sanitaire, je ne suis pas sûr que les élèves viennent en masse pour payer des heures de conduite. Ce n’est clairement pas une priorité en ce moment et je les comprends.” Cela ne l’empêche cependant pas de repenser l’heure de conduite d’après confinement.
Les élèves mis à contribution
Après avoir collé les affiches indiquant les nouvelles règles à adopter sur tous les murs de l’auto-école, Zaraoui Nafion tient à nous montrer les changements opérés dans l’habitacle de la voiture. Accompagné de sacs poubelle et de lingettes désinfectantes il se dirige jusqu’à la voiture de l’auto-école. Il nous montre les gestes que devront désormais adopter les élèves. “L’heure de conduite sera quelque peu modifiée. L’élève sera mis à contribution. Avant de s’installer il devra couvrir son siège de deux sacs poubelle. Ensuite il nettoiera le volant avant de faire les réglages habituels”, explique-t-il. Le tout sous l’oeil avisé du moniteur qui vérifiera si tout est fait dans les règles. À la fin de l’heure, une désinfection sera également de rigueur. L’élève devra retirer les sacs poubelle, désinfecter avec des lingettes tout ce qu’il aura touché et mettre le tout dans un autre petit sac poubelle et le moniteur se chargera de le jeter. “Le moniteur devra réadapter son temps. Au lieu de prendre 5 minutes au début pour expliquer et 5 minutes à la fin pour faire le débrief, il ne devra en prendre que 3 à chaque fois car je ne veux pas que le temps de conduite soit diminué. L’élève ne sera pas perdant.” À la fin de la journée, la voiture sera entièrement désinfectée. Après avoir fait sa démonstration, Zaraoui Nafion retourne à son bureau sans perdre de temps. Il reste encore beaucoup à faire. “Je dois faire les plannings et pour cela je dois appeler tous les élèves pour connaitre leurs disponibilités. J’en profiterai également pour leur faire part des nouvelles mesures.” Parmi lesquelles le port du masque obligatoire au sein de l’établissement mais également dans la voiture. Le moniteur portera une visière. Les élèves devront emmener leurs masques mais l’auto-école a fait une petite réserve pour ceux qui l’oublieront. Pour le moment, la reprise se fait en douceur mais le gérant de l’auto-école Subra sait que cela ne va pas durer. “Je sais que je vais devoir travailler plus. Je vais arriver une demi-heure en avance pour vérifier que tout est en règle et nettoyer les endroits que j’aurais oubliés. Les premiers jours je vais également devoir beaucoup expliquer aux élèves les nouvelles règles tout en jonglant avec les procédures administratives.” Néanmoins, il se réjouit de reprendre du service car selon lui, “il était temps !”
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