Le curé de l’Eglise Notre Dame de Fatima à Mamoudzou veut voir dans le confinement un message d’espérance. Et pour lui, cette période trouble ne suffit pas à l’éloigner des autres ni de ses habitudes, bien au contraire.
On l’a vu, pour Pâques, sur les antennes de Mayotte la 1ère. La chaîne était venue lui rendre visite en ce jour sacré. Ce matin-là, il avait tout préparé, comme à l’ordinaire. “J’ai décoré l’Église pour la messe, et j’ai célébré ce jour comme si j’avais mes paroissiens en face de moi”, raconte Père Bienvenu Kasongo, le curé de l’Église Notre Dame de Fatima à Mamoudzou. “C’est une fête essentielle, car c’est la Résurrection du Christ. Mais pendant ce confinement, nous en passons d’autres, à distance les uns des autres : le Carême, la Pentecôte, et même le Ramadan”, poursuit le prêtre, qui veut toutefois voir dans cette période troublante un message d’espoir. “C’est un moyen de lutter contre la propagation du Covid -19 et pour moi, c’est le sens même de l’amour du prochain et du sacrifice”.
Pour autant, le serviteur de Dieu le reconnaît sans faux-semblant : “Oui, cela me manque de ne pas voir les paroissiens.” Alors, pas question de perdre le lien. Père Bienvenu passe toujours beaucoup de temps à l’écoute des fidèles catholiques, par téléphone ou par WhatsApp. Voire même un peu plus que d’habitude. “C’est une période où je me suis rapproché de mes paroissiens, en me rendant encore plus disponible. C’est la mission du pasteur au troupeau”, souligne l’homme de foi, qui aime citer cette phrase du curé d’Ars, Jean-Marie Vianney : “Le curé est la sentinelle de la foi de ses paroissiens.” Résultat, son planning est bien chargé. Même avec le confinement, le prêtre de Mamoudzou ne loupe jamais un rendez-vous avec la messe, qu’il officie tous les jours à 18h et le dimanche à 9h30. Pour maintenir le contact, il envoie à ses ouailles les feuilles de messe. “Ainsi, nous sommes en osmose avec eux dans la prière.”
Une vie pastorale ordinaire
Pour le reste, sa vie se déroule “comme à l’ordinaire”. “C’est essentiel de ne pas interrompre ses activités”, insiste-t-il. Ses journées, toujours réglées comme du papier à musique, commencent dès l’aube, vers 5h30, pour la Liturgie des heures, la prière du matin. S’ensuit un rapide casse-croûte, avant de filer vers son bureau pour s’attaquer aux dossiers administratifs. Derrière ce terme, il désigne tout un tas de paperasses diverses, de la convention signée avec les cadis pour exonérer églises et mosquées de facture pendant les deux mois de confinement, à l’ouverture des courriers ou l’envoi d’actes de baptême. Mais aussi les préparatifs pour la suite, car, comme tout le monde, l’Eglise a pris du retard dans son planning de l’année. “On reçoit des appels pour préparer des mariages, et c’est vrai que nous n’avons pas pu faire nombre de sacrements depuis le début”, développe-t-il.
Ding dong ! Ce sont les douze coups de midi qui sonnent, et avec eux la Prière de l’Angélus. Passé ce moment de communion, Père Bienvenu profite d’un repas, et parfois d’une petite sieste avant de reprendre ses activités. Une fois tout son travail de la journée effectué, il n’oublie pas de faire son sport : vers 16h30, on peut le voir déambuler dans la cour de la paroisse, avant la messe de 18h. À part ces quelques pas, le prêtre n’a pas beaucoup eu l’occasion de sortir. Sauf une ou deux fois, quand il a été appelé pour apporter l’onction des malades à un patient de l’hôpital, ou pour officier la messe des funérailles en Petite Terre, avec moins de 20 personnes et dans le respect des gestes barrières.
Un nouveau look de la vie
Le reste de son temps, il l’occupe essentiellement par de la lecture. Et quand on vient à parler littérature, le prêtre est inépuisable. Entre Enquête sur les apparitions de la Vierge Marie, de Yves Chiron, Le mariage, aventure de sainteté, de Henri Caffarel, Les 5 clés du comportement : construire soi-même son optimisme, de Michel Lejoyeux ou encore Par-delà le bien et le mal, de Friedrich Nietzsche, ou L’art de se connaître soi-même, de Arthur Schopenhauer, Père Bienvenu dévore les livres de sa bibliothèque, religieux comme profanes. Et c’est sans doute dans cette diversité culturelle qu’il puise la source de ses réflexions sur la vie et le sens des récents événements liés à la pandémie. Son esprit résolument optimiste le pousse à refuser dans le confinement, “une fatalité, une résignation, un laxisme, un jeu, ou la fin du monde”, dicte-t-il. “Au contraire, il faut le vivre comme un nouveau look de la vie, le vivre avec optimisme, foi et espérance.”
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