{xtypo_dropcap}J{/xtypo_dropcap}e ne vais pas revenir sur l’aspect historique concernant le peuplement de Mitséni. Ni même sur le fait que cette personne mélange tout, entre le projet de lotissement Mitséni, les policiers municipaux, la politique de redistribution foncière dans la commune de Bandraboua, la vie professionnelle de ma femme, la vie privée de mon père. Il y a les tribunaux pour juger de ce genre de diffamation.

En tant que maire qui essaie tous les jours d’être responsable, et cela depuis plus de huit ans, je vais demeurer sur une ligne qui se veut constructive, dans cette affaire comme dans toutes les actions que je conduis au service de ma commune et de ceux qui y vivent.

De quoi s’agit-il ? D’un lotissement social qui sera réalisé dans le prolongement du village de Bouyouni pour en assurer son extension et répondre ainsi à la croissance de la population de la commune. Il ne s’agit en aucun cas d’une appropriation abusive aux dépens de la population d’Hamjago !

 

Voici un tableau récapitulatif de la croissance de la population de Bouyouni depuis 1997

Année            Nombre d’habitants             Taux de croissance

                        à Bouyouni   

1997               727                                        –

2002               978                                        35%

2007               1275                                      31%

 

 

Le développement du village de Bouyouni

Le village de Bouyouni a connu, donc, une forte croissance de sa population ces dernières années. Pour répondre à cette croissance, les constructions anarchiques et précaires, voire sauvages comme diraient d’autres, sont plus nombreuses que les constructions en dur : 180 contre 153. Ceci s’explique simplement par le fait qu’une maison en tôles coûte moins cher qu’une maison en parpaings. Ceci avec toutes les conséquences qui s’ensuivent : tout le monde sait que les constructions en tôles, hormis leur esthétique qui laisse à désirer (ce qui est une histoire de goût certes, mais surtout de moyens à mon avis), sont très insalubres.

Les familles de 7 personnes en moyenne s’entassent dans un banga en tôles de moins de 50 m², sans eau potable, ni électricité, ou alors en ayant recours au branchement "sauvage" chez le voisin, avec tous les risques d’accidents que cela comporte. Encore récemment, le 23 juin 2009 plus précisément, mes agents sont intervenus à Bouyouni d’ailleurs, où une case en tôles avait pris feu. L’occupante, ayant été brulée au visage, et son enfant ont été transportés d’urgence au dispensaire de Bandraboua.

Certains argueront que les bangas en tôles seraient l’œuvre des immigrés clandestins. Or c’est faux, maintenant ce sont moult familles françaises qui s’installent, faute de moyens, dans ces habitats sociaux de substitution.

Ce type de construction est également la cause d’insalubrité, du développement des maladies contagieuses. Cet "urbanisme" incontrôlé est, aussi, une source de dépenses le jour où il faut réhabiliter ces quartiers.

Mieux vaut – le calcul est évident – proposer dès le départ une urbanisation par zone géographique définie, avec viabilisation préalable de cette zone. Cette méthode s’avère globalement moins coûteuse que de laisser faire une urbanisation anarchique, discontinue et disparate sur un vaste ensemble. Dans ce cas, la commune doit engager des frais exorbitants pour des équipements publics qui ne serviraient finalement qu’à un nombre réduit de gens par équipement, l’optimisation étant impossible dans ces conditions. Le corollaire de tout cela est une utilisation abusive des deniers publics.

 

Un projet qui fait l’unanimité

M. Demou Manssour m’accuse de manipuler la population, dont, clairement, il n’écoute pas les réclamations. Les médias s’en sont fait l’écho : "ils ne peuvent plus continuer à devoir cohabiter à plusieurs : parents, enfants et gendres sous le même toit", et j’ajouterai à cela, surtout si le toit en question est un habitat précaire ! Ce n’est pas moi qui le dis, c’est la population de Bouyouni elle-même qui le déclare. En tant que maire, je suis là pour l’écouter et répondre à cette demande légitime.

Comme d’habitude à Mayotte, on peut essayer de jouer l’opposition entre commune et conseil général, comme semble vouloir le faire M. Demou Manssour, mais une fois de plus, je m’inscris dans une démarche constructive.

A l’occasion de différentes réunions que j’ai menées sur la construction de ce lotissement, j’ai constaté que, parmi la population qui le demande, il y a des partisans de mon courant politique, mais aussi beaucoup de gens de l’opposition. Cette dernière appuie ce projet, chose rare à Mayotte. Ce projet dépasse donc les clivages politiques, car il est primordial pour Bouyouni ! Il s’agit d’un bien qui sert l’intérêt général de la population.

 

La négociation : une étape nécessaire

Le projet de lotissement à Mitséni a donc pour objectif de servir à la population à faibles revenus et de lui offrir ainsi de meilleures conditions de vie. L’extension urbaine est prévue sur une zone longeant la RN, avec une surface réservée aux activités économiques. Il est prévu la construction de logements et d’un établissement scolaire. Cette réflexion sur le développement urbain de Mayotte est en conformité avec le Padd et sa déclinaison communale au travers du PLU.

Il est à noter également que le projet d’urbanisme se situe sur une zone de quelques hectares et intègre une seule parcelle privée dotée d’un titre de propriété (Référence 4165/10). Sur le reste, ce ne sont que des personnes qui se sont appropriées le terrain.

Contrairement à ce qu’affirme l’association des gens de Hamjago, de nombreuses tentatives de négociation ont été menées à l’égard du propriétaire de cette parcelle privée, y compris par moi-même. La seule réponse du propriétaire a été une réponse armée et donc très agressive. Les efforts des élus sont restés vains.

Or, la mairie de Bandraboua est tout à fait ouverte à toute proposition de la part du seul propriétaire concerné par l’affaire. Mais encore faudrait-il que ce dernier veuille engager la négociation réellement, au lieu de nous accueillir par les armes et des menaces, coupant ainsi court à toute discussion.

 

Un sujet qui anticipe sur les prochaines "Assises du foncier"

Enfin, et peut-être pour sortir du seul cadre du lotissement Mitséni, il est à noter que cette affaire a aussi le mérite de révéler le réel malaise qui existe à Mayotte concernant la propriété foncière. Les "Assises du foncier" doivent se tenir dans les jours à venir, et il est évident que les décideurs doivent décider non pas au coup par coup, en fonction des arrangements officieux à l’amiable ou en fonction des affinités d’ordre politique ou sentimentales, mais en fonction d’une valeur que je crois plus noble : l’équité. C’est aussi pour cela que nous devons à la population de Bouyouni un lotissement, c’est aussi une opération de redistribution de la richesse qu’est la propriété foncière.

Face à cette valeur qu’est l’équité, il semble logique que toute considération sentimentale ou historique qui consiste à dire "nous sommes les premiers à avoir été à tel ou tel endroit, alors il faut nous le laisser", soit difficilement audible.

 

M. Fahardine Ahamada,

Maire de la commune de Bandraboua