Avec les "Accords de la case Rocher" entre l'Union africaine, l'Union des Comores et la France, c'est le deuxième signe d'une reconnaissance informelle du statut choisi par les Mahorais. Notons qu'en plus, le secrétaire d'Etat est venu de Mayotte pour rejoindre Moroni, puis est reparti vers Mayotte. Yves Jégo, entre ces deux visites expresses de 4 heures chacune jeudi puis vendredi, a du négliger la presse locale en ne lui offrant que quelques minutes d'un séjour express dans l'archipel. Ceci étant les informations qu'il avait à annoncer sont suffisamment importantes pour passer sur cette petite frustration.
"Mayotte est comme cette sœur qui a épousé quelqu'un que personne ne voulait dans sa famille"
"C'est une nouvelle entente. Nous tenons chacun les mêmes propos depuis 35 ans. Nous n'avons pas la volonté de les oublier mais de les surpasser. Mayotte est comme cette sœur qui a épousé quelqu'un que personne ne voulait dans sa famille. Des conflits naissent mais il va pourtant falloir s'entendre. A ce titre, nous avons évoqué la coopération économique avec la création d'une zone de libres échanges des marchandises, l'accord sur la libre circulation des personnes mais pas son libre stationnement. Nous voulons sortir d'une logique d'affrontement qui aboutit à des drames humains", analyse le tout nouveau secrétaire d'Etat à l'Outremer.
Dans une dernière réponse qui ne manquait pas de panache, Yves Jégo a expliqué que pour lui, quand l'Union des Comores voyait dans la migration de sa population vers Mayotte un exode rural et qu'en revanche les Français considéraient cette migration comme une immigration illégale, il fallait y voir "deux vérités comme un verre qui serait pour une partie à moitié vide et pour l'autre à moitié pleine. C'est la même chose".
Encore une fois, un secrétaire d'Etat est passé en coup de vent chez nous, mais cette fois-ci sa visite n'a pas été inutile et seulement symbolique. C'est une avancée courageuse que tente le gouvernement français. Cela ne veut pas dire que la France renonce à sa politique de coercition et à sa lutte sur le terrain contre l'immigration clandestine, mais elle développe une alternative aux reconduites à la frontière.
Des relations bilatérales au beau fixe entre Moroni et Paris
Alain Joyandet et Ahmed Ben Saïd Jaffar, respectivement secrétaire d’Etat français à la Coopération et à la Francophonie et ministre des Relations extérieures des Comores, ont signé jeudi peu après 21 heures, deux conventions de financement dites "post-conflit et d’urgence".
La première convention, d’un montant de 410.820.000 FC (835.000 €) et la seconde de 147.600.000 FC (300.000 €), doivent permettre la relance rapide de la coopération. Très précisément, ce financement servira au paiement des arriérés de salaires des agents de l’Etat et autres fonctionnaires civils à Anjouan et au renforcement de l’administration publique dans l’île par l’achat de mobilier de bureau et de matériel informatique.
Dans le communiqué conjoint signé par les deux parties, il a été annoncé "la prochaine réouverture de l’antenne consulaire française sur l’île d’Anjouan", les signataires se félicitant "du climat amical ayant présidé à cette rencontre qui ouvre de nouvelles perspectives pour des relations séculaires entre les deux pays", les Comores et la France.
Au sujet des questions brûlantes de l’heure – Mayotte et Mohamed Bacar – le communiqué souligne un examen "de plusieurs sujets d’intérêt commun, notamment la question de Mayotte, la circulation des personnes et des biens entre les îles de l’archipel, le traitement réservé aux Comoriens des autres îles à Mayotte, ainsi que la demande d’extradition de Mohamed Bacar et ses affidés", prenant bien soin d’omettre de parler de "l’île comorienne de Mayotte".
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