21/08/2009 – Protection de l’environnement

 

 

{xtypo_dropcap}B{/xtypo_dropcap}aleines, dauphins, tortues… Les merveilles que recèlent notre lagon ne manquent pas. Pour que les générations futures puissent profiter de ce patrimoine naturel exceptionnel, la brigade nature part plusieurs fois par semaine à bord du M'kombé ("Colosse" en shimaoré) pour effectuer des contrôles sur les professionnels des sorties en mer, les plaisanciers et les pêcheurs.

En ce samedi 15 août, nous embarquons à bord de cet imposant bateau pour une journée de prévention et de répression, en compagnie des agents Prince, Volcan, Sidi, de leur chef Jean Mehl et de Roger Cazeilles, l'un des quatre gendarmes de l'île à posséder la spécialité "Free" (Formateur relais enquêteur environnement).

Quelques minutes seulement après le départ, notre navette se dirige vers la pointe Mahabou où un pêcheur à bord d'une petite pirogue est appréhendé. Son embarcation et son filet ne sont pas immatriculés et il pêche dans le platier où sont présents des coraux. "Il est interdit de pêcher sur les récifs, les herbiers et les chenaux", précise Jean Mehl. En outre, le filet ne doit pas dépasser les 300 mètres de long et celui-ci semble bien au-delà de la limite. Autre infraction : le pêcheur ne doit pas être à plus de 100 mètres de son filet et l'individu interpelé avoue qu'il l'a placé la veille à cet endroit.

Pendant que le gendarme procède à la rédaction des trois PV, les agents de la brigade relâchent les poissons et replient le filet pour le saisir. Ils assurent également l'interprétariat en shimaoré. Le pêcheur devra se rendre à la gendarmerie de M'tsamboro lundi matin pour être auditionné. C'est le procureur qui décidera si le filet saisi pourra lui être restitué. Pour avoir pêché dans une zone non-autorisée, il risque une contravention pour non-respect de l'arrêté préfectoral.

 

Une double mission policière et scientifique

 

Après ce premier épisode répressif, cap sur le Nord-Ouest de la barrière de corail pour aller à la rencontre des baleines et surveiller l'approche des bateaux. La charte d'approche des mammifères marins, devenue une réglementation à Mayotte depuis deux ans, établit en effet des règles très strictes en la matière (voir encadré). A la vitesse de 15 nœuds, le vent dans les cheveux, nous montons l'échelle pour aller rejoindre Prince à la vigie, qui scrute l'horizon avec des jumelles très puissantes qui lui permettent de voir précisément à plus de 250 mètres. Nous sommes tous ébahis devant le spectacle, au loin, d'un saut prodigieux de baleine.

Impossible de rater l'un des bateaux de Sea Blue Safari, dont les occupants viennent de se mettre à l'eau pour s'approcher. "On coupe les moteurs et on observe", décide Jean Mehl. La brigade reste à l'écart pour s'assurer que les règles sont bien respectées.

Pas d'infraction, mais les agents en profitent pour sortir l'hydrophone de sa valise : cet appareil permet d'enregistrer les sons des baleines ou des dauphins, qui servent ensuite à la cellule technique de la brigade, dirigée par Claire Pusineri. Car en plus de sa mission de police de l'eau qu'elle partage avec la Daf, la brigade doit également collecter des données sur les mammifères marins à des fins scientifiques.

 

Le braconnage de tortues en recrudescence

 

"Les infractions sont rares", explique Jean Mehl, "même si on a dressé un PV en janvier à l'encontre d'un plaisancier qui slalomait délibérément entre les dauphins et les perturbait". Alors que nous continuons notre route le long de la barrière de corail hors du lagon, nous apercevons le dos d'une tortue en train de s'accoupler. "Notre principal problème, c'est le braconnage de tortues qui est en nette recrudescence ces derniers temps", nous confie Roger Cazeilles.

Au mois de mai dernier, un braconnier a été condamné à 6 mois de prison ferme et le revendeur de la viande à 2 mois. "Le kilo était vendu à 4 €. Dans une tortue, il y a 50 kg de viande. Ce trafic leur permettait d'en vivre", constate-t-il amèrement. Il n'y a que sur les plages de Moya et de Sazilé où des écogardes sont présents la nuit.

La brigade fait parfois des bivouacs, pour contrôler l'ensemble du lagon et ses plages. Mais pour que ce braconnage cesse, il faut changer les mentalités pour que les gens arrêtent d'en acheter… La brigade nature et les gendarmes "Free" vont justement souvent dans les établissements scolaires pour sensibiliser les jeunes Mahorais à la connaissance des espèces protégées, pour que le lagon continue à abriter ces merveilles que le monde entier nous envie de plus en plus.

 

Julien Perrot

 


 

La réglementation d'approche des mammifères marins à Mayotte

 

Distance d'approche :

Stopper le moteur du bateau dans un rayon de 100 mètres autour de la baleine, 30 mètres autour du dauphin

Approche interdite en jet-ski

Survol aérien interdit à moins de 150 mètres d'altitude

 

Comportement des embarcations :

Approche par le trois quart arrière, en retrait de la trajectoire des animaux

Vitesse maximale de 5 nœuds

En cas d'approche délibérée des animaux : tout changement de trajectoire et accélération interdits, moteur débrayé et coupé

Ne pas séparer les individus

Ne pas les poursuivre

 

Nombre d'embarcations :

2 embarcations maximum dans la zone d'observation rapprochée (à moins de 300 mètres de la baleine) sur un même côté d'un individu ou d'un groupe

 

Temps d'observation :

Observation limitée à 30 minutes

 

Mise à l'eau avec les baleines :

8 nageurs maximum regroupés et évoluant dans le même sens

Ne pas toucher les animaux ni se rapprocher trop près

Observation limitée à 15 minutes

 

Dérangement et réactions :

Abandonner toute démarche si les baleines présentent des signes de nervosité, d'agressivité ou changent brutalement de comportement

 

Toutes les espèces des mammifères marins sont protégées au plan national par arrêté ministériel du 27 juillet 1995. Sont interdits la destruction, la perturbation, la détention, la capture, la naturalisation, le transport, le colportage, l'utilisation, la mise en vente, la vente et l'achat de tout ou partie de mammifères marins vivants ou morts. Les sanctions encourues vont de 450 € à 9.000 € d'amende et jusqu'à 6 mois d'emprisonnement (en cas de délit ou récidive) et confiscation du bateau.

Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.

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