{xtypo_dropcap}R{/xtypo_dropcap}appelons en tout premier lieu que l’acquisition du savoir nager, qui correspond à une maîtrise du milieu aquatique, est une priorité nationale et est inscrite dans le socle commun. Cela signifie que, si cette compétence n’est pas atteinte en fin de troisième, l’élève ne peut obtenir son DNB (Diplôme national du brevet)
A Mayotte, l’apprentissage de la natation en milieu scolaire concerne dans le premier degré les élèves des classes de CM2 et dans le second degré les classes de sixième. Lorsque cette acquisition est effective au CM2, cela permet aux professeurs d’EPS de dispenser, dès la sixième, un cycle d’apprentissage au niveau 1 des compétences attendues en natation de vitesse, en natation longue mais aussi en voile, en kayak et en nage avec palmes-masque-tuba selon les moyens et les projets des équipes EPS. Notons qu’en Métropole, l’apprentissage du savoir nager débute dès la maternelle et se poursuit jusqu’au CM2, et en piscine…
C’est en 2004, si nous voulons faire un bref rappel historique, que le président du conseil général de l’époque demande au vice-rectorat de mettre en œuvre un plan natation afin que les jeunes Mahorais scolarisés découvrent leur lagon, mais aussi pour émanciper et épanouir les jeunes filles mahoraises, souvent cantonnées dans les tâches ménagères de leur foyer familial, les imprégnant de ce fait d’une culture républicaine.
Ainsi, dès la première année, 5.000 élèves apprennent à nager. L’année suivante, le plan natation évolue vers un plan de développement des activités nautiques, entraînant l’investissement du mouvement sportif sous forme de partenariat, tel que la jeunesse et sport, les comités de kayak et de voile, le conseil général…
En 2009, 17.000 élèves du premier et du second degré suivent un cycle d’apprentissage de la natation et ont la possibilité de ce fait, à partir de la classe de cinquième et parfois de sixième, de pratiquer des activités nautiques telles que la voile, le kayak, la nage avec palmes.
Demandez autour de vous à ceux qui étaient à Mayotte avant 2004 s’ils voyaient autant de jeunes garçons et surtout de jeunes filles s’amuser et se baigner sur les plages de l’île en maillot de bain, sans craindre les moindres superstitions liées à leurs croyances ni les regards portées sur eux par les autres ! L’évolution semble remarquable sur le plan des pratiques en dehors du temps scolaire.
Certes, les conditions dans lesquelles ces cycles d’apprentissage ont lieu sont des plus difficiles et nous rejoignons sur ce point les maîtres-nageurs qui animent et qui encadrent les séances de natation et qui se sont exprimés. Certes, il arrive que les bus n’acheminent pas les classes sur les sites de natation à cause de dysfonctionnements de certaines compagnies de transports ou lors des jours de grève générale, mais ce phénomène reste rare.
Certes, certains enseignants du primaire, peu motivés à l’idée de se rendre sur une plage, peuvent oublier volontairement de se rendre sur ces mêmes sites, et nous le regrettons, mais ce n’est le cas ni des instituteurs soucieux de permettre à leurs élève de CM2 de pratiquer une activité physique, ni de la totalité des classes de sixièmes des collèges qui restent assidues et ponctuelles avec leur professeur d’EPS. Certes, pour finir, les marées basses, à raison de 3 à 4 par cycle, limitent le nombre de séances à 7, voire 6 sur une unité d’apprentissage qui en compte 10.
Nous aussi, professeurs d’EPS, nous nous plaignons des conditions de travail dès lors que nous quittons l’enceinte de notre établissement pour exercer nos pratiques sur les installations municipales : pas de points d’ombre, pas de points d’eau, pas de WC, insalubrité, tessons de bouteilles sur les plateaux, équipements défectueux, problèmes pour faire évacuer certaines installations par les jeunes non scolarisés… Cependant, à défaut de mieux mais sans laisser de côté nos revendications pour de meilleures conditions de travail, nous tentons de rendre nos élèves plus compétents, de séance en séance, de cycle en cycle, a fortiori dans le cadre de l’apprentissage de la natation.
Il est vrai que lorsqu’on mène des cycles d’apprentissage de la natation à la piscine Koropa, les problèmes évoqués par les maîtres-nageurs ne se posent pas, les conditions sont optimales aussi bien pour les élèves que pour les professeurs d’EPS et les MNS rendant l’acte d’enseignement plus efficace. Or, en attendant que des mesures politiques soient prises pour mettre en œuvre un plan de construction de piscines dans les différentes zones géographiques de l’île, continuons et efforçons-nous de faire connaître à des générations entières de jeunes Mahorais les plaisirs liés à l’acquisition du savoir nager.
A l’heure où les conseillers généraux de Mayotte doivent voter le financement des salaires des dix maîtres-nageurs impliqués dans le plan de développement des activités nautiques pour l’année scolaire 2010/2011, espérons que cet article leur rappellera les enjeux capitaux de l’apprentissage de la natation pour l’éducation et le développement harmonieux de plus de 17.000 élèves par an, pour que ce plan perdure.
Le Snep Mayotte
* titre de la rédaction
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