{xtypo_dropcap}L{/}es citoyens européens ont souvent une image bureaucratique, ultralibérale et souvent tronquée de l’Union européenne. En effet, selon les conférenciers qui sont intervenus la semaine dernière au sein de l’hémicycle Younoussa Bamana, le système européen est complexe et demande à ce que le citoyen soit informé en connaissance de cause pour appréhender la globalité du système.

Ainsi à Mayotte, où les besoins en matière sociale sont énormes, il est nécessaire que les citoyens et en premier les élus, connaissent les programmes de l’UE en la matière. Mayotte aspire à devenir une Rup (Région ultrapériphérique de l’UE) et à bénéficier des fonds structurels européens dont le Fonds social européen (FSE). Celui-ci représente près de 10% du budget de l’UE, soit 10 milliards d’euros par an dans l’ensemble des 27 pays de l’UE, soit plus de 75 milliards d’euros sur la période 2007-2013 en France ou 516 millions d’euros à la Réunion !

Cela attise forcément des convoitises, mais pour y avoir droit il faut respecter des procédures strictes. “L’Europe sociale existe au niveau local, même de manière indirecte. Près de 80% du budget de certains programmes sociaux peuvent venir du FSE, mais il y a un inconvénient : il faut d’abord réaliser des actions avant d’obtenir des financements”, indique Franck Arnaud, président de l’Association Horizon Europe basée à Marseille et docteur en droit, chargé de cours sur les questions européennes. Les programmes d’insertion sociale, de formation, de création d’emplois doivent partir d’un projet bien ficelé et le plus souvent impliquent de nombreux partenaires.

 

Ne pas attendre des projets tout fait élaborés à Bruxelles ou Paris

 

“J’encourage les structures associatives et les structures de formation à travailler en partenariat. Il faut travailler en amont et quand on est prêt on répond à l’appel à projets”, affirme Franck Arnaud. Celui-ci a évoqué notamment l’exemple du Service volontaire européen, non disponible à Mayotte pour l’instant, mais qui pourrait ouvrir des portes à de nombreux Mahorais.

Ce programme permet à de jeunes Européens âgés de 18 à 25 ans de partir exercer en tant que bénévole des activités au sein d’une structure associative dans un autre pays de l’Union. “Les programmes jeunesse aident les jeunes les plus en difficulté à travailler ou participer à des échanges qui les ouvrent à l’Europe et leur permettent de revenir chez eux avec un projet. Il y a des moyens et des possibilités juridiques”, insiste Franck Arnaud. Encore faut-il les connaître et c’est ce à quoi s’attache le conseil général à travers sa direction aux affaires européennes.

“N’attendons pas qu’on nous dise quoi faire. Le projet européen doit être porté par les Mahorais, c’est notre responsabilité à tous, pas seulement aux élus qui doivent néanmoins donner l’impulsion”, a déclaré Soula Saïd, directeur des affaires européennes du CG. Celui-ci a affirmé que le CG doit avoir une action pédagogique pour expliquer ce qu’est l’Union européenne et son action aux Mahorais. Le temps presse donc, car 2014 c’est déjà demain et si on veut pouvoir gérer les fonds structurels européens, il va falloir former les hommes et les femmes spécialement à cet effet.

 

Faïd Souhaïli

 


 

Les domaines d’intervention du FSE

Créé en 1957 par le Traité de Rome, le Fonds social européen est le principal levier financier de l’Union européenne pour la promotion de l’emploi. Il soutient la mise en œuvre de la Stratégie européenne pour l’emploi (SEE).

Avec le Feder (Fonds européen de développement régional) et le Fonds de cohésion, le Fonds social européen est l’un des trois Fonds structurels de l’Union européenne dont la mission consiste à réduire les écarts de développement et à renforcer la cohésion économique et sociale entre pays et régions de l’Union européenne.

Le FSE soutient les projets des organismes publics ou privés visant les priorités suivantes :

– adapter les travailleurs et les entreprises aux évolutions économiques;

– favoriser le retour et le maintien dans l’emploi;

– intégrer les personnes défavorisées et lutter contre les discriminations dans l’emploi;

– améliorer le système d’éducation et de formation;

– promouvoir les partenariats et renforcer la capacité des services publics, des partenaires sociaux et des ONG en matière d’accès au marché du travail.

Le FSE bénéficie ainsi aux groupes les plus exposés au chômage et à l’exclusion, comme les travailleurs âgés, afin de favoriser la reconnaissance de leur expérience professionnelle, les jeunes à la recherche d’un premier emploi, les salariés bénéficiant peu de la formation professionnelle ou les femmes par des mesures actives en faveur de l’égalité professionnelle…

Source : www.fse.gouv.fr

 


 

L’Europe et Mayotte, des liens anciens

Cela fait plus de trente ans maintenant que Mayotte bénéficie des fonds de l’Union européenne pour assurer son développement en finançant ses infrastructures. De 1976 à 1985, les 4e et 5e Fed (Fonds européen de développement) ont été consacrés en totalité à l'adduction d'eau, tandis que le 6ème Fed (1986-1990) poursuivait comme objectif principal l'électrification rurale et le renforcement de la centrale électrique.

La mise en œuvre du 7ème Fed (6,7 millions d’Euros pour la période 1991-1995) a principalement porté sur un projet d'adduction d'eau dans les secteurs Nord-Est et Nord-Ouest de l’île. Pour le 8ème Fed (10 millions d’euros pour la période 1996-2000), 85% de l'aide était concentrée sur l'assainissement de l'eau et le traitement des déchets. La consommation des Fed antérieurs jusqu’au 8ème Fed est maintenant achevée : l’écloserie-nurserie de poissons marins, dernier projet sous Fed, déjà livré, fonctionne parfaitement.

Le 9e Fed a pour sa part contribué à l’élaboration du Centre de stockage de déchets ultimes (CSDU) de Dzoumogné et le 10e, qui se terminera en 2013, prévoit 22,9 millions d’euros pour le transport et le tourisme, d’après une note de la direction des affaires européennes du conseil général.