21/05/2010 – Sitinat Bamana, parcours d’une femme d’exception

 

 

{xtypo_dropcap}S{/xtypo_dropcap}itinat Bamana, âgée d'une quarantaine d'années, est la première femme mahoraise à tenter un concours comme celui-ci, et la première à y être admise. Cependant, la première inspectrice de l’île est Fatima Abaine exerçant à Mamoudzou Sud, titularisée sur liste d’aptitudes.

Ancienne conseillère pédagogique à Mamoudzou Sud, sa nomination en tant qu’inspectrice "faisant fonction" a constitué pour Sitinat une réelle motivation pour tenter le concours national. "Le statut de faisant fonction est instable. Sans avoir une réelle formation, il faut gérer les situations selon notre ressenti. J’avais vraiment envie d’être formée."

Le concours national d’inspecteur académique se prépare sur plusieurs années, toute la carrière du candidat est analysée. Trois étapes sont fondamentales à l’admission. En début d’année scolaire, le candidat doit présenter un dossier justifiant du nombre d’années d’exercice, détaillant la formation professionnelle, acompagné d’un curriculum vitae et d’une lettre de motivation. Ce dossier est ensuite étudié par la commission, celle-ci décide de l’admissibilité et rend son verdict en mars.

Suit alors la dernière étape, une semaine d’oraux à Paris (Henri IV), où se sont rendus cette année plus de 220 candidats en vue d’obtenir un des 85 postes. Face à un jury de trois inspecteurs généraux, les candidats ont du répondre à des questions sur les textes, sur la pratique ou sur leur projet professionnel.

 

"Mon but était de montrer que je suis prête à servir la fonction publique"

 

Son père Younoussa Bamana, lui-même conseiller pédagogique, a été à l’origine de cette candidature, depuis 2006. C’est donc en toute légitimité que le samedi 8 mai, elle s’est rendue sur le domaine paternel d’Ourovéni avec famille et amis pour fêter ce succès.

Enseignante depuis 1984, cette battante n’a jamais cessé de se former. En parallèle de sa profession, elle enchaîne cours de nuit pour obtenir en 1985 le Dufa (diplôme d’universitaire de formateur d’adultes) équivalent au Deug. Assoiffée de savoir, elle acquiert ensuite une licence en science de l’éducation, un certificat d’aptitudes aux fonctions de formateur, puis réussit le concours des professeurs des écoles en 2008.

Siti a aussi participé à de nombreux projets, comme la rédaction du premier manuel d'Histoire pour l'école primaire de Mayotte intitulé "Raconte-moi…l'Histoire" où "ses avis de conseillère pédagogique furent précieux", raconte une collègue.

"A chaque fois, l’envie de remettre en question mes compétences m’a poussé à passer de nouveaux concours. J’étais prête à retenter le concours si jamais je n’avais pas été admise. Je regrette qu’à Mayotte, beaucoup se contentent de ce qu’ils savent déjà faire." Sitinat est à Poitiers pour 2 mois à L'Ecole supérieure de l'Education nationale et sera affectée à la prochaine rentrée scolaire à son futur poste d'inspectrice, "l’aventure ne fait que commencer".

 

Samira Abdoul

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