{xtypo_dropcap}A{/xtypo_dropcap}ujourd’hui, le budget de fonctionnement du STM oscille entre 9 et 10 millions d’euros, alors que la vente de tickets, piétons et véhicules compris, ne rapporte que 3 millions d’euros. En partant de cette base, le conseil général a pris une décision difficile, le 1er novembre dernier, afin de doubler les tarifs, avec une première hausse de 0,75 € à 1 € jusqu'au 1er janvier prochain. Une hausse à 1,50 € le ticket est destinée à réduire à environ trois millions d’euros le déficit du service. Une décision unilatérale qui a provoqué une réaction immédiate parmi la population de Petite Terre.
Pour Ansoir Abdou, le porte-parole du collectif spécialement créé pour ce combat, c’est le choix de la facilité. L’administration aurait privilégié une hausse des prix plutôt que de réfléchir sur un véritable plan économique. Tout comme de nombreux usagers, il ne comprend pas comment un service public destiné à être gratuit en arrive à pratiquer des tarifs aussi élevés.
Pourtant, cette hausse était accompagnée d’autres changements tarifaires visant à augmenter les revenus du STM : location des engins du chantier naval et hausse des tarifs pour la mise à disposition des moyens humains du chantier. Une ébauche de solution qui semble loin d’être suffisante au vu des attentes de la population.
Des pertes difficiles à quantifier…
Réorganiser le service, trouver d’autres sources de financement, l’ampleur du déficit implique en effet une véritable réflexion sur le fonctionnement du service. Des mesures d’autant plus importantes que le service pâti d’un manque de contrôle sur plusieurs points. L’absence d’appareil dédié à cette opération rend impossible le comptage des passagers qui passent sans tickets, ni le respect des limites de places. Les portiques actuels n’ont jamais fonctionné.
Quant aux tickets usagés, rien ne permet de s’assurer de leur destruction après utilisation. Une faille importante qui occasionne des pertes difficile à quantifier. "Qui me dit que le ticket n’est pas revendu et ainsi réutilisé deux à trois fois. Mais la fraude est humaine et on n’y échappe pas, ici tout comme ailleurs", estime Denys Cormy, le directeur du service. Le seul moyen de vérification reste le contrôle des sommes récoltées en fonction du nombre de tickets vendus.
La masse salariale constitue un autre problème d’envergure. Souvent montrée du doigt comme étant excessive. Les salaires des 300 employés représentent 60 à 70% du budget annuel et il y a encore peu, 90 salariés étaient considérés comme "non affectés" ! Un problème que l’on retrouve dans d’autres services du conseil général. Mais M. Cormy tient à défendre ses rangs.
"Par rapport aux autres compagnies de navigation avec lesquelles j’ai pu discuter, le pourcentage de la masse salariale est du même ordre. Il faut aussi dire qu’on a un budget très satisfaisant, notamment pour la maintenance des barges. Bien sûr le parc vieillissant coûte plus cher, mais le conseil général fait des efforts pour nous permettre de les renouveler." Un budget de plus de 6 millions serait ainsi prévu pour l’achat de deux nouvelles embarcations : 2 millions pour une barge et 3,5 millions pour un amphidrome. La première devrait être livrée pour 2011.
Ces nouvelles commandes devraient permettre d’éviter les soucis liés aux pannes imprévues. En effet, aux heures de pointe trois barges sont nécessaires pour un fonctionnement normal de la déserte Mamoudzou-Dzaoudzi. Lorsqu’une barge est en panne, l’afflux et la pression des passagers pousse les agents à accepter bien plus de passagers que ne le permettent les règles de sécurité. Ainsi le nombre de passagers dépasse parfois largement les 330 personnes, chiffre qui correspond au nombre de gilets de sauvetage disponibles en cas d’évacuation… Des problèmes que les responsables du STM espèrent rapidement régler dans les années à venir.
1001 projets à financer
L’objectif est d’avoir un transport en commun plus confortable et avec plus de place, comme l’explique M. Cormy. "Nous voulons mettre des toilettes et améliorer l’accès pour les handicapés et les bus touristiques pour répondre à l’afflux de passagers occasionné par la construction de la piste longue." En ce qui concerne la sécurité, la priorité du STM, des mesures sont prévues pour le début de l’année prochaine.
Des portiques pour le comptage des passagers devraient être en place dès mars-avril prochain. Une mesure qui ne devrait pas être très populaire, mais le directeur a tout prévu. "On va former nos agents pour qu’ils ferment les barrières quand le nombre maximum de personnes est atteint. Evidement ce n’est pas facile parce les gens qui se ruent sur les barges en période de pointe ne se rendent pas compte qu’ils mettent leur vie en danger et qu’ils nous mettent en infraction." Le nouveau système devrait coûter dans les 20.000 euros pour chaque quai équipé. Une rénovation des gares est aussi prévue afin de permettre aux passagers refoulés d’avoir des abris où patienter.
En plus des questions de sécurité, les portiques représentent un système de comptage beaucoup plus rigoureux. C’est surtout une nouvelle manière de gérer les ventes de tickets. D’ailleurs, le directeur n’exclut pas l’idée d’installer un distributeur de tickets. Des mesures qui vont juste permettre de juguler les pertes occasionnées par les fraudes, lesquelles représentent moins de 15% des recettes, selon le directeur. Mais il estime néanmoins nécessaire de trouver d’autres moyens de financement.
"On aura beau passer plus de passagers et de véhicules, on restera toujours dépendant du conseil général. L’une des solutions possibles serait de multiplier les financements. Par exemple, aujourd’hui l’Etat offre des aides dans le cadre de la continuité territoriale. Pourquoi ne pourrait-on pas envisager la même chose pour les usagers du STM. On pourrait aussi solliciter les communes. La barge permet en quelques sortes de les desservir." Mais l’idée la plus aboutie reste la location d’espaces publicitaires sur la barge. Des écrans plasma aux panneaux d’affichages, plusieurs entreprises ont déjà posé leurs candidatures. De nombreux projets qui trainent toujours dans les tiroirs, en attendant que l’administration s’en empare de manière sérieuse.
Halda Toihiridini
La barge en chiffres
En 2009, le budget total attribué au STM s’élève à 10,6 M€, alors que la vente de billets au tarif actuel (voiture 15 € et piéton 0,75 €) ne rapporte que 3 M€ par an.
Une hausse à 1,50 € permettrait de faire rentrer 6 millions par an, soit deux tiers du budget annuel.
Les salaires des 300 salariés représentent près de 70% du budget.
Affréter une barge coûte 4.400 € par jour au STM.
Le STM dispose de 4 barges, les Salama Ndjema 1 à 4, commandées entre 1985 et 1998 pour 2 millions d’euros environ, elles sont chacune limitées à 340 personnes.
2 amphidromes, le Maoré Mawa et le Safari Ndjema, ont été achetés en 2004 pour environ 3 M€ chacun. Ils sont limités à une centaine de personnes.
Le STM dispose enfin d'un ponton motorisé, d'un remorqueur ainsi que de 2 vedettes de servitude.
En 2008, les "estimations" font état de 2,9 millions de passagers.
Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.