{xtypo_dropcap}D{/xtypo_dropcap}urant une semaine, les mélomanes mahorais ont pu découvrir des artistes de renom, en provenance des Etats-Unis, de Jamaïque, d'Allemagne, de France, du Nigéria, des Comores, de la Réunion et de Mayotte.
Le Fim a atteint son principal objectif. Placé sous le signe de l'intermusicalité, le tremplin musical mahorais était ouvert à tous les goûts : le reggae, l'afrobeat, la chanson française, la soul, le rock, le blues, le rap, en plus du m'godro, du chigoma et de la chanson locale.
Sur le plan organisationnel, le 11ème Festival InterMizik de Mayotte est le fruit de deux collaborations très importantes entre la direction de l’ingénierie culturelle (Dilce) et la direction de la logistique et des moyens de la Collectivité d’une part et le Sakifo d’une autre part. Cette dernière coopération a engendré "une proposition très osée et qui dépasse les frontières".
A niveau technique, il faut considérer une nette amélioration de la régie son et lumière, offrant un meilleur rendu à tous les concerts, excepté celui de Latéral au début du festival. Le fervent adepte du m’godro endiablé n’avait pas fait sa balance. L’arrivée à Mayotte de plus en plus d’artistes de renommée internationale oblige les techniciens de la Dilce à montrer un "professionnalisme très sérieux". Au final, "tous les artistes étaient très contents".
La sécurité était au rendez-vous et il n'y a pas eu un seul incident. La gendarmerie de M'zouazia, les policiers municipaux de Chirongui et de Mamoudzou et la Croix rouge ont contribué à la réussite de l'évènement. "Les pompiers refusent toujours de s'impliquer", déplore juste le directeur de la Dilce.
Un Fim réussi sans Ayo
Seulement deux des artistes programmés cette année ne se sont pas produits. La Dilce regrette l'absence de Ayo qui était très attendue dans l'île. Pour des raisons qui ne dépendent pas des organisateurs (un musicien malade rapatrié en Europe), la vedette internationale n'a pas pu se rendre à Mayotte. Le directeur de la Dilce avoue que la non participation du groupe local Horizon est due à une mésentente sur le cachet.
Le carnaval d'ouverture a accueilli l'ensemble des villages de la commune de Chirongui et la première scène musicale du Fim a rassemblé entre 1.500 et 2.000 personnes, assurée par Latéral, Salim Ali Amir et les promoteurs des chants traditionnels mahorais : Kinga Folk, Grofolk, Nourou ya Maoré et Mawa Elwatania. Les concerts du Fim ont ainsi été suivis, à Chirongui comme à Passamainty.
Pour la scène du samedi 8 août livrée par les Mahorais M'toro Chamou, Mwalim Klan et la Nigériane N'néka, la Dilce a comptabilisé près de 500 entrées payantes. Le concert de la chanteuse de blues américaine, Grace, avec Eco, Ardane et Kozman Ti Dalon, le mardi 11 août, a eu 200 entrées.
Plus de 1000 tickets ont été vendus à Passamainty au concert d'Olivia Ruiz et 250 à celui du 14 août qui était réservé aux jeunes talents émergents Djesh et Bo Houss autour des remarquables sud-africains de Tumi and the volume. La scène des "prêtres rastas" The Congos, Black Uhuru et Iqualah avec les ferveurs locales du mouvement, Babadi, Bob Dahilou et Wubani Spirit, le samedi 15 août à Chirongui, a rassemblé près de 2.000 personnes.
"Si nous voulons avoir un festival digne de ce nom, il faut que Mayotte mette les moyens"
Alain-Kamal Martial évoque certaines "lourdeurs immenses" qu'a connues le 11ème Fim. La plus criante n'est autre que l'insuffisance de moyens financiers. "Le conseil général manque de moyens financiers", reconnaît AKM pour expliquer la réduction du budget du Fim qui était de 100.000 euros. "Nous n'avions que 3.000 euros pour communiquer. Il n'y a pas eu par exemple de publicité télé". La Dilce a tout de même réussi à tenir son pari.
En parlant de télévision, le directeur de la Dilce "condamne fortement le manque d'accompagnement et le laxisme de RFO pour la culture locale. Si Sakifo fonctionne bien c'est parce qu'il est suivi médiatiquement. RFO a toujours eu besoin de notre soutien pour son opération 9 semaines et 1 jour. Elle veut bien accompagner les entreprises locales dans leurs manifestations. Mais pour le Fim, la direction de RFO a refusé tout conventionnement. La culture a besoin des médias".
"A Mayotte, on est soumis à des exigences administratives qui retardent et ralentissement nos actions. Cinq étapes sont à franchir pour pouvoir mettre en place un projet et le faire aboutir, alors que les autres en ont une." AKM cite pour exemple le fait que "jusqu'au 15 juillet 2009, on ne savait pas si le Fim allait avoir lieu ou pas". "Si nous voulons avoir un festival digne de ce nom, il faut que Mayotte mette les moyens", estime-t-il.
Une scène à Paris pour le Fim 2010
S'appuyant sur le fait que l'organisation du Fim 2009 a été commencée en décembre dernier et pour une meilleure organisation du prochain, le directeur le proposera au vote du budget primitif afin d'avoir un cahier des charges défini dès 2009. Il aimerait que la programmation du 12ème Fim soit disponible sur le net dès le mois de mai 2010.
Le Fim 2009 a pu avoir lieu grâce à une "belle collaboration" avec "des hauts et des bas" : les Mahorais ont eu la chance d'apprécier des concerts de qualité, même si une des têtes d'affiche Ayo n'est pas venue. Et même si il faut attendre le bilan et le diagnostic qui seront faits entre AKM et Jérôme Galabert, pour savoir si la collaboration de Sakifo avec le Fim sera reconduite l'année prochaine, la direction de l'ingénierie culturelle espère élargir son partenariat jusqu'en France, où il envisage d'organiser une scène à Pairs dans le cadre du prochain Fim, avec des artistes mahorais de l'Hexagone et ceux de Mayotte. Pour AKM cette innovation contribuera à la reconnaissance de Mayotte à l'extérieur qui est l'un des objectifs du Fim.
Rafik
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