{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}e vote des "minorités" pourrait peser lors de ce scrutin, dans une île si jeune où les futurs électeurs sont encore sur les bancs des écoles et collèges. Habitants de Mayotte originaires de Métropole, de Madagascar, des Comores, Indiens… Ils sont très peu nombreux aux meetings, très peu impliqués dans la vie politique locale, pratiquement pas sollicités par les partis. On ne leur demande quasiment jamais leur avis, on les entend peu en tant que citoyens. Mais ils votent… Et lors de cette consultation, leurs voix pourront se faire entendre.

Ces citoyens résidant sur l'île pourront s'associer à la très large majorité affichée des Mahorais pour continuer à consolider les liens avec la France, dans un sentiment d'égalité, de fraternité bienvenues. Une majorité constituée de tous les partis politiques enregistrés ici, de tous les syndicats de salariés, d'employeurs, de tous les syndicats agricoles, de Mahorais de la Réunion ou de Métropole, d'associations d'étudiants… Ils pourront s'associer à l'ensemble des partis politiques nationaux qui soutiennent cette départementalisation, comme cela a été clairement répété à l'Assemblée nationale lors du débat sur Mayotte il y a quelques semaines, du PS à l'UMP, en passant par les Libéraux, les Radicaux, les Démocrates… Seuls les communistes ont fait résonner leur voix dissonante dans ce concert à l'unisson. Les communistes qui réclament et se battent pour que Mayotte retourne avec ses "frères" comoriens. Un beau projet politique, respectueux de la liberté des peuples, et un avenir meilleur en perspective…

A part cette dissonance et les borborygmes des blogs comoriens, beaucoup sont pour cette départementalisation de l'île où nous vivons. Et il y a des milliers de raisons pour ça, de bonnes raisons à mon avis. A l'image de millions de Basques, de Bretons, de Corses ou d'Aveyronnais, qui partagent un destin commun, des valeurs communes, tout en conservant leurs cultures, leurs langues, leurs pratiques religieuses et leurs spécialités culinaires. Le combat des Mahorais pour la liberté, pour ces valeurs, date de plus de 150 ans. Certes ce ne sont pas "des Français de souche", comme aiment à le dire les esprits racistes, mais ils constituent les branches de ce bel arbre qui continuent de grandir, de fleurir. A l'image de pratiquement tous les Français qui ont au moins un arrière-grand-parent issu d'un autre territoire que le sol hexagonal, "du président à l'éboueur". Ainsi va la France…

Il n'est pas là question d'argent, de religion, de niveau de développement. Il est question de citoyens français – dont les parents, les grands-parents, les arrière-grands-parents et avant étaient Français – qui n'ont pas les mêmes droits que tous les autres, s'ils vivent sur cette île. S'ils vont à la Réunion ou en Métropole, ils redeviennent "normaux"… Ce n'est pas logique, ce n'est pas l'esprit de la République.

C'est donc pour cela que se dégage un unanimisme en faveur de cette évolution statutaire, un unanimisme qui semble étrangement déranger quelques démocrates pour qui il faudrait obligatoirement une opposition… on ne pourrait pas être tous d'accord… même si cette opposition serait pour le coup assez anti-républicaine…

Quoi qu'il en soit, réussir cette départementalisation sera clairement un immense challenge, un défi magnifique qui nécessitera des efforts considérables, des engagements de chacun, une solidarité à toute épreuve. Et ce nouveau combat pourra commencer dès le dimanche 29 mars au soir, au cœur d'une grande fête où la République fraternelle retrouvera tous ses enfants, et pour qui chacun devra participer à bâtir… le 101ème département.

 

Laurent Canavate