{xtypo_dropcap}À{/xtypo_dropcap} Mayotte, tout le monde ou presque se plaint de passer d’innombrables heures d’attente à l’hôpital, dans les dispensaires ou dans les cabinets des médecins libéraux. Pourtant, pour la conseillère économique et sociale de Saint-Pierre et Miquelon Jacqueline André et son expert attaché à la saisine, Jean-Philippe Hardy, il ne faut pas oublier d’où Mayotte est partie dans ce domaine.

“En un peu plus de 4 ans, le nombre de médecins a presque quadruplé (de 40 à plus de 140). Depuis, l’hôpital dispose désormais d’un service des urgences, de radiologie et de chirurgie que beaucoup dans l’Hexagone lui envieraient. Mayotte a une très bonne offre de soins, surtout si on la compare avec ses voisins. Mais comme partout en Outremer, il y a une difficulté à recruter du personnel médical”, indiquent-ils.

De plus, Mayotte est dans une période où tout va très vite. “La difficulté, c’est que Mayotte est en phase de transition, notamment démographique. On y trouve des maladies de civilisation ou de pays riches comme le diabète, associées aux maladies de pays pauvres comme le béribéri dont l’épidémie de 2005 a touché beaucoup d’enfants.” Toutefois, selon Jacqueline André, la volonté de tous les acteurs du secteur sanitaire d’améliorer la situation est indéniable.

 

“Une bonne dynamique à maintenir”

 

“Il y a une bonne dynamique à maintenir” a-t-elle affirmé. La pénurie de médecins qui touche la France est bien sûr ressentie à Mayotte et le turn-over du personnel médical déstabilise parfois les services. Si Jacqueline André et Jean-Philippe Hardy sont venus à Mayotte, après s’être rendus dans le Pacifique, c’est pour une mission bien précise. “Notre travail consiste à étudier le système de santé, voir ce qui marche, ce qui ne fonctionne pas, proposer des améliorations et trouver les points communs sur lesquels les collectivités ultramarines peuvent travailler”, a expliqué Jacqueline André.

Chaque plateau technique doit répondre aux besoins de la population, mais pour des secteurs bien spécialisés, il vaut mieux faire des évacuations sanitaires. “Il y a un équilibre à trouver entre ce qui peut se faire sur place et ce qui nécessite une évacuation. C’est différent d’une collectivité à l’autre. Par exemple, à Mayotte, la population est insuffisante pour former du personnel médical, mais en s’associant aux hôpitaux de la Réunion, avec un bassin d’un million d’habitants, il y a une possibilité de créer un CHU (Centre hospitalier universitaire) Réunion-Mayotte et former de futurs médecins durant leurs deux premières années sur place”, suggère Jacqueline André.

 

Le haut débit pour le développement de la télémédecine

 

La conseillère a ainsi accueilli comme une bonne nouvelle les déclarations du sénateur Ibrahim Ramadani annonçant que la Lodeom prévoyait des fonds pour la venue du haut débit à Mayotte. “Personne n’a souligné l’importance de cette annonce, mais cela signifie qu’il sera possible de faire de la télémédecine. Le Canada est une référence en la matière et l’utilise, car les distances sont longues et que certains lieux sont isolés des grands centres médicaux. Grâce à la télémédecine, on peut faire un diagnostic à distance, le suivi est meilleur, on évite l’évacuation sanitaire dans beaucoup de cas et cela permet de faire de la formation médicale à distance. En radiologie, ça facilite la double lecture et rompt l’isolement pour les professionnels.”

En ce qui concerne, l’offre de prévention et d’éducation à la santé, Jean-Philippe Hardy pense que certains acteurs dont le Cotes (Comité territorial d’éducation à la santé) font une action non négligeable, mais qu’il manque une stratégie globale visible pour être plus efficace. “Il faut insister sur les jeunes. En Métropole, des gestes simples comme le brossage des dents ou le lavage des mains sont enseignés dans toutes les écoles. La prévention a permis la disparition de beaucoup de maladies. Une bonne hygiène de vie, de bons réflexes évitent l’apparition de maladies. Les enfants sont le meilleur vecteur de communication en direction des parents”, souligne-t-il. Le rapport du CES sera remis en juin et le projet d’avis suivra dans la foulée.

 

Faïd Souhaïli