19/09/2008 – Création de l’Observatoire mahorais de l’énergie

"L'homme ne peut qu'en proportion de ce qu'il sait". C'est par cet adage qu'Augusto Soares Dos Reis, le directeur d'EDM, a présenté les avantages de la création de l'OME, "un outil de savoir au service des décideurs publics et privés". Cette nouvelle structure a en effet pour vocation d'éclairer les acteurs de l'énergie sur l'approvisionnement (la diversité des sources d'énergies et la dépendance énergétique insulaire) et la consommation d'énergie grâce à un indicateur permettant de mettre en évidence le taux d'équipement des ménages et le développement économique de l'île.
Il est vrai qu'avec une croissance annuelle de 15% de la consommation en électricité, Mayotte est le territoire le plus dynamique de France (voir encadré sur le bilan énergétique 2007), signe évident du rattrapage en cours. Grâce à l'OME, l'impact socio-économique et environnemental de cette croissance vertigineuse pourra être évalué à l'aune de la politique énergétique voulue par l'Etat et le conseil général.
"Nos besoins en énergie, en forte croissance, sont uniquement couverts par le pétrole", a souligné M. Douchina, "le conseil général souhaite diversifier les sources naturelles d'approvisionnement et préconise le recours à grande échelle de l'énergie solaire, car il est impératif que Mayotte limite ses importations en hydrocarbures". Le président du conseil général a également souligné que "la mise en place du Plan climat énergie, qui conditionne le développement durable de Mayotte, se combinera à l'OME pour apprécier les politiques énergétiques et les améliorer".
 
 

"Le plus fort taux d'énergie solaire de France, à l'horizon de trois ans"

Les études de l'OME permettront en outre d'établir des synergies entre les différents acteurs sur les deux enjeux essentiels mis en avant par le directeur d'EDM : "favoriser la maîtrise de la demande en électricité et développer le mix énergétique". A ce propos, M. Soares Dos Reis a réaffirmé sa volonté de faire de Mayotte le territoire ayant "le plus fort taux d'énergie solaire de France, à l'horizon de trois ans". Il a toutefois rappelé que ce taux ne pourra pas dépasser 30% de la puissance appelée à un instant "t", car il pourrait y avoir un risque de délestage, voire de black-out, si un nuage passe…

Christophe Peyrel, secrétaire général à la préfecture, a lui aussi souligné "le besoin d'avoir ici une vision partagée sur l'économie d'énergie", mettant en exergue le fait que les solutions dans ce domaine sont très difficiles à trouver car une multitude de partenaires y intervient et la mise en œuvre des politiques "doivent réussir à concilier des intérêts privés et publics parfois contradictoires".

Au niveau de l'Etat, les études de l'OME permettront de "fédérer l'ensemble des services dans les domaines de leurs compétences, le but étant de faire converger l'ensemble de nos connaissances et de nos motivations". M. Peyrel a également rappelé que l'axe 5 du Contrat de projet consacrera 156 millions d'euros aux économies d'énergie, à l'assainissement et aux déchets pour la mise en place d'un développement durable de l'île.

Abdou Dahalani, le président du Conseil économique et social, est également intervenu pour préconiser des conseils de gestes économes chez les usagers particuliers, mais également chez les maîtres d'œuvre pour intégrer les économies d'énergie dans la conception des bâtiments. Il est vrai que la question énergétique, surtout depuis que la problématique du développement durable est devenue une priorité mondiale, doit avant tout réussir à s'intégrer dans l'évolution des mentalités et des habitudes des consommateurs. Nul doute que les études futures de l'OME contribueront à ce travail de longue haleine.

Julien Perrot

Le bilan énergétique de Mayotte en 2007

La première étude réalisée par l'OME est le bilan énergétique 2007 de Mayotte. Cette étude a été réalisée par l'Arer (Agence régionale de l'énergie de la Réunion) grâce au concours de tous les partenaires (Conseil général, Ademe, EDM, etc.). Une version papier tirée à 650 exemplaires sera disponible à partir du mois prochain auprès des partenaires de l'OME et des centres documentaires mahorais. Une version électronique sera également disponible sur les sites internet des membres de l'OME et des observatoires nationaux de l'énergie.

En 2007, la consommation primaire totale est de 88,2 ktep (kilo tonne-équivalent-pétrole), dont 92% provient des importations, qui sont en totalité d'origine fossile (essence, gazole, carburéacteur, etc.). Les importations en 2007 ont crû de 1,8% par rapport à 2006 et de près de 40% depuis 2002. Les 8% restant de la consommation primaire provient des ressources locales (98% de bois et 2% des huiles usagées et l'énergie solaire). Le taux de dépendance énergétique s'élève donc à 92,2% et la part renouvelable (à Mayotte, il s'agit du bois, du charbon de bois et de l'énergie solaire) de la consommation primaire totale s'élève à 7,8%.

En ce qui concerne la production d'électricité, la puissance totale à Mayotte en 2007 est de 49 MW, assurée à 99% par des systèmes de production utilisant le gazole (centrale des Badamiers et groupes de secours de Kawéni). En 2007, la production électrique livrée sur le réseau est de 196 GWh (17 ktep), soit une efficacité de 41% pour la transformation des produits fossiles en électricité. Entre 2006 et 2007, la croissance de la production d'électricité est de 14,7%. A titre indicatif, cette évolution est de 3,9% à la Réunion et elle est négative (-0,8%) en Métropole. Enfin, la consommation électrique en 2007 est de 172,4 GWh, soit une augmentation de 35% entre 2002 et 2007, et surtout 15% entre 2006 et 2007.

En ce qui concerne la consommation des carburants dans les transports, l'OME note une augmentation très importante, passant de 26.080 tep en 2002 à 34.560 tep en 2007. Une augmentation notamment due à l'augmentation du transport routier, passé de 20.996 tep en 2002 à 28.027 tep en 2007.


257.767 tonnes de CO2 rejetées

Au total pour 2007, le secteur énergétique a généré un total de 257.767 tonnes de CO2 rejetées dans l'atmosphère, soit 1.382 kg de CO2 par Mahorais par an. A titre indicatif, à la Réunion, ce chiffre est de 4.740 kg par habitant par an et de 6.190 en Métropole. Parmi ces 1.382 kg de CO2, 701 proviennent de la production d'électricité, 471 du transport terrestre, 66 de l'aérien, 44 du maritime, et 101 proviennent des secteurs résidentiels, tertiaires, industriels et agricoles. Une voiture moyenne essence qui parcourt 10.000 km par an émet 2,2 tonnes de CO2 : ainsi, l'ensemble du secteur énergétique mahorais rejette annuellement autant de CO2 que 117.167 voitures.

Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.

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