{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}ahadji Abdou, natif de Barakani, fêtera ses 27 ans ce samedi 20 juin. Après l'obtention de son baccalauréat, option économique et sociale au lycée de Sada, Lahadji Abdou quitte son île pour aller poursuivre ses études universitaires en Métropole. Il y restera pendant six ans. Il affirme que c'est "par ambition professionnelle, personnelle et par goût de l'action" qu'il a arrêté son choix sur le management et l'entreprenariat, avec l'envie de devenir cadre dirigeant ou chef d’entreprise.
En 2002, l'enfant de Barakani intègre l'IUT de gestion administrative et commerciale de Chambéry pendant deux ans. Il valide par la suite, à Lyon, deux licences professionnelles, en management des organisations et en administration économique et sociale. Lahadji Abdou conclut ses études en septembre 2008, par un master professionnel de gestion et management des PME-PMI.
Lahadji Abdou ne se formait pas qu'à l'école. Il se cultivait aussi dans les entreprises privées et publiques, en France comme à l'étranger. Dans son cursus universitaire, il multipliait les collaborations. En 2005, il s'était rendu à Mayotte, et a été, pendant quatre mois, chargé de mission à la Chambre professionnelle. Il a réalisé une étude sur la situation des hôtels et restaurants dans l'île.
En 2007, il était accueilli par la société Nationwide, au Royaume-Uni, pendant quatre mois, au service conseil en management. "J’ai effectué mon stage de fin d’études à la communauté d’agglomération de Roanne, où j’étais chargé de mission pour valoriser les compétences industrielles d’une école d’ingénieur et améliorer le placement des élèves-ingénieurs auprès des entreprises roannaises", raconte-t-il.
Une fois finies ses études en septembre dernier, Lahadji Abdou a commencé à chercher un travail en Métropole. Après quatre mois et quatre entretiens infructueux, avoue-t-il, il est devenu son propre patron en tant que courtier en assurances, mandaté par OVB France, une société allemande spécialisée dans les services financiers.
Bien qu'il ait été embauché en février de cette année chez Décathlon comme responsable de rayon, Lahadji Abdou s'est porté candidat au poste de directeur de Tifaki Hazi au mois de mars. Retenu pour diriger cette association "intermédiaire" pour l'emploi, il a pris ses fonctions le 1er avril 2009 et est très heureux de servir son pays.
Rafik
Tifaki Hazi, une structure à relancer
Sur le fonctionnement, l'association Tifaki Hazi a besoin de relance. Et le nouveau directeur le sait bien. En effet, l'association intermédiaire enregistre, depuis 2007, une baisse de son activité dont l'indicateur de mesure est le nombre d’heures de prestations facturées. Selon Lahadji Abdou, ce ralentissement structurel serait dû à un conflit social entre les salariés et son prédécesseur. Ce dernier a même fini par démissionner.
Tifaki Hazi a réalisé en 2008 un chiffre d’affaires de 498.000 € de prestations vendues. Soit une baisse de 24% par rapport à 2007. Tout au long de l’année, Tifaki Hazi assure sur Mayotte les mises à disposition de personnes dans les domaines de l’entretien et du nettoyage, des emplois familiaux (ménage, jardinage), de la manutention auprès des particuliers, entreprises et collectivités.
L’association a géré la vente de 40.378 heures de travail auprès de 120 utilisateurs particuliers ou entreprises; ce qui correspond à l’embauche de 20 équivalents temps plein.
Les mises à disposition étaient de 62% pour les particuliers, 25% dans les entreprises, 9% dans les associations et 4% au sein des collectivités.
98 salariés ont été accompagnés en 2008. "57 sont encore en parcours au sein de l’association et 41 sont sortis de notre effectif". La capacité d’insertion de l’association est de 51% pour 2008, soit 21 sorties dynamiques.
3 questions à Lahadji Abdou
"Un lieu de passage vers l’emploi durable"
Pouvez-vous nous présenter Tifaki Hazi ?
Lahadji Abdou : L’association intermédiaire Tifaki Hazi est spécialisée dans l’insertion d’un public en difficulté socioprofessionnelle. Sa finalité est de construire des parcours d’insertion vers l’emploi durable à travers des actions de formations et de placement d’employés. Le demandeur d’emploi doit être inscrit au préalable au Pôle emploi avant d’intégrer notre circuit. Après validation de son profil par un chargé d’accueil, il est reçu par un conseiller en insertion qui définit son projet d’insertion. Un référent, un employé de Tifaki Hazi, lui est attribué et est en contact avec lui pendant son parcours.
Tifaki Hazi met à la disposition des particuliers, entreprises, collectivités et association, des employés correspondant à leurs besoins dans les emplois familiaux (ménage, jardinage, bricolage) manutention, nettoyage des locaux, repassage, etc. Une convention de mise à disposition et un contrat de travail est signé entre les trois parties : Tifaki Hazi, l'utilisateur et le salarié.
Tifaki Hazi reste l’employeur de la personne placée. A ce titre, l’association se charge d’établir son contrat de travail et de facturer les heures réalisées. Elle assure également toutes les obligations légales de l’employeur : fiche de paie, salaires et déclarations fiscales et sociales. Ainsi, Tifaki Hazi apporte de nombreux avantages à ses clients : pas de souci de recrutement et de remplacement du personnel absent, rapidité des mises à disposition et peu de formalités administratives. Tifaki Hazi est une solution contre l'emploi de personnes en situation irrégulière.
Depuis votre prise de fonction, quelles sont vos priorités ?
L.A. : Mes priorités s’articulent autour de trois axes. Le premier est le redéveloppement de l’activité de Tifaki Hazi. Il s’agit de positionner l'association comme un partenaire incontournable de l’insertion et de l’emploi.
Parmi les actions envisagées, il y a le développement commercial pour augmenter le nombre d’utilisateurs de Tifaki Hazi par la communication et l’information dans les zones à forte affluence. Nous mènerons des actions de promotion dans les centres commerciaux, dans la barge, dans les établissements scolaires et par des mailings, des prospections sur le terrain.
Nous comptons ouvrir une antenne au Sud de l'île pour décentraliser Tifaki Hazi. L’activité de Tifaki Hazi est concentrée dans la zone de Mamoudzou avec 80% de placement. Le projet en cours d’étude vise à nous redéployer dans les zones urbaines à potentiel de développement et se rapprocher des demandeurs d’emplois. Nous allons développer le partenariat à travers la collaboration sur des projets communs avec des établissements de formation professionnelle qui sont porteurs d’un projet de création d’une couveuse d’entreprises.
Pour la seconde priorité, nous allons optimiser notre organisation pour plus d’efficacité. Nous devons redéfinir notre métier dans l’insertion et l’accompagnement socioprofessionnel par un schéma d’insertion. L'objectif est de réduire les parcours d’insertion vers l’emploi durable de trois ans à 24 mois. On peut retrouver par exemple des salariés qui sont au sein de l'association depuis 4 ou 5 ans. Notre association doit être un lieu de passage qui mène vers l’emploi durable. Ce que l’on appelle les sorties dynamiques. Cela suppose le perfectionnement de notre accompagnement socioprofessionnel. Nous devons aussi améliorer la qualité du service client quant au délai de traitement des offres et des réclamations. Un client insatisfait communique dix fois plus qu'un client satisfait.
Par ailleurs, il nous est important de développer notre polyvalence par une redéfinition des postes pour améliorer notre efficacité. Depuis mon arrivée, j’ai redéfini et fait valider les fiches de poste du personnel encadrant. Tifaki Hazi dispose de deux types de personnel. Nous avons un personnel encadrant qui sont des permanents à temps plein au nombre de 4 et 50 salariés en insertion placés tous les mois.
Enfin, pour la dernière priorité, nous allons essayer de réduire les frais de fonctionnement et tendre vers l’équilibre. Cela se traduira par une rationalisation des charges d’exploitation; par exemple par une sélection optimale des fournisseurs et un contrôle des coûts de fonctionnement.
Quels sont vos partenaires ?
L.A. : Nous avons deux types de partenaires. Il faut distinguer les partenaires institutionnels et financiers et les partenaires opérationnels.
Pour la première catégorie, il y a la DTEFP qui est un organisme de tutelle puisque c'est elle qui dirige la politique de l’Etat en matière d’emploi sur le territoire. La DTEFP reste un incontournable partenaire financier. Il y a ensuite la préfecture qui nous finance également à travers dans le cadre de la politique de la ville. La Collectivité départementale de Mayotte, à travers la DFPI, fait partie des financeurs. Les communes, bien qu’elles ne nous financent pas aujourd'hui, sont à entretenir. La proximité qu'elles ont avec la population, mais aussi au vu des évolutions futures, fera que nous serons financés en partie par elles à l’avenir.
Parmi les partenaires opérationnels, nous avons le Pôle emploi. Il fait partie avec la DTFEP, du service public pour l’emploi (SPE), qui définit les politiques de l’emploi et de l’insertion sur le territoire. L'Association pour la condition féminine et d'aide aux victimes (ACFAV), Solidarité Mayotte, le Crij, la Boutique de gestion, l'Adie, la Mission locale, Tama et plein d'autres, sont des structures avec lesquelles nous sommes amenés à travailler.
Propos recueillis par Rafik
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