{xtypo_dropcap}D{/xtypo_dropcap}epuis maintenant plusieurs mois, les crèches associatives remuent ciel et terre pour alerter les financeurs sur l'urgence de leur situation et assurer la survie des établissements. Alors que la crèche de M'tsahara est fermée depuis plus de trois mois pour cause de non paiement des salaires et que celles de Combani et Tsingoni ne pensent pas pouvoir survivre au-delà de l'été, directrices, employées, parents et enfants ont manifesté lundi matin au conseil général, pour exiger des réponses et une aide d'urgence.

"D'après les bruits qui nous parviennent le conseil général ne nous donnera pas d'argent cette année, seulement nous n'avons reçu aucune réponse officielle de leur part, et ils ont esquivé une réunion prévue avec les maires pour trouver une solution", explique Hélène Delarue, directrice de la crèche de Combani. Rapidement, le coup de force porte ses fruits, les trois directrices et le président de l'association de Combani sont reçus.

En l'absence du président du CG en mission à Paris, la délégation est accueillie par son directeur de cabinet et le DGA Aly Mohamed. "Il n'y a qu'un embryon de crèches à Mayotte, si on y met fin maintenant ce sera très dur à reconstruire", prévient le président des parents de Combani. "Si les communes souhaitent prendre le relais, les associations seraient toutes disposées à disparaitre pour leur transmettre les structures, mais en attendant notre seul moyen de survie sans subvention est d'augmenter les cotisations des familles, ce qui fermera l'accès à la crèche à de nombreuses familles modestes."

 

"Je ne pouvais pas savoir, j'ai pris mes fonctions il y a une semaine"

 

Convaincus, assurent-ils, que "les crèches sont indispensables", les deux représentants du président Douchina n'ont pas grand-chose de concret à proposer pour les aider. Le directeur de cabinet regrette ce coup de force "sans dialogue préalable, qui fait penser que le CG a été saisi et a refusé son aide". A quoi les directrices lui rétorquent qu'elles écrivent et téléphonent depuis des mois pour avoir des informations, leur situation n'est pas nouvelle. "Je ne pouvais pas savoir, j'ai pris mes fonctions il y a une semaine."

Aly Mohamed rappelle alors la position du CG, "qui n'a peut-être pas été bien expliquée" : depuis 2007 et la loi DSIOM, le conseil général reverse de l'argent aux communes pour qu'elles prennent en charge certaines compétences, dont le secteur de la petite enfance. Il enjoint donc les directrices à prendre contact avec le préfet, qui a pouvoir d'exiger des communes qu'elles affectent la somme nécessaire aux crèches.

Pourquoi alors, la direction de la santé et du développement social (DSDS), service du conseil général, a-t-elle appelé les crèches fin 2008 pour les inviter à remplir un dossier de demande de subvention pour 2009 ? Et pourquoi, alors que ces dossiers ont été dûment remplis et retournés en janvier dernier, aucune réponse n'a été formulée par le conseil général pour informer les crèches qu'elles ne toucheraient rien de leur part, ce qui leur aurait permis de prendre des dispositions auprès des communes bien plus tôt ? A cette question embarrassante, Aly Mohamed répond en se déchargeant sur M. El Amine, directeur de la DSDS, qui n'aurait pas suivi les règles. "Nous réagirons, les personnes responsables seront inquiétées."

Autrement dit, les responsables du CG n'ont jamais eu connaissance de ces dossiers, alors que la directrice de la crèche de M'tsahara a été informée récemment qu'ils étaient passés une première fois en commission et devaient être représentés le 1er juin…

Les manifestants sont donc repartis les mains vides et avec peu d'espoir de trouver les 20.000€ qui manquent à chaque crèche pour terminer l'année, les directrices vont en appeler rapidement au préfet.

 

Hélène Ferkatadji