{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}e jeune homme qui se dirige vers la barre a à peine 19 ans. Dans un bon français, il répond aux questions de la juge. Un point positif dans une salle où les trois quarts des Mahorais qui défilent déclarent ne pas comprendre le français. Le jeune prévenu comparait aujourd’hui pour une affaire de violence. Les faits se sont déroulés le 19 décembre 2009.

Accompagné de deux acolytes et, comme souvent chez ces générations, sous l’emprise de l’alcool, le jeune homme s’est retrouvé face à un riverain énervé. Ce dernier est sorti de chez lui après avoir entendu un grand bruit : l’un des jeunes de la bande venait de donner un coup de pied à son portail pour exciter le chien.

Une altercation s’ensuit. Enervé, le prévenu jette violemment une bouteille de soda par terre. "Ce qui vous a énervé, c’est qu’il a dit que son chien avait plus de respect que vous", commente la juge Tomasini. "Lorsqu’il est sorti, il est venu directement s’acharner sur moi." Le prévenu tente vainement de se trouver des justifications. Mais les auditions des différents protagonistes révèlent la gratuité des actes commis, et surtout la "bêtise" d’une bande de jeunes désœuvrés selon la juge.

 

"Quand j’ai fait cette action, je ne pensais pas que ça allait être si grave"

 

Comble de malchance, la violence du choc projette un tesson de bouteille vers le pied de la victime. Il aura un tendon et une artère sectionnés. Au moment où le policier arrive, la victime baigne dans son sang. Heureusement pour lui, sa femme est infirmière. Ce sera elle qui appuiera sur la blessure de telle sorte à ce qu’il ne perde pas trop de sang.

La juge Tomasini appelle la victime à la barre. M. est moniteur plongeur, deux mois après les faits il arbore toujours un pansement à la cheville. Il explique que le quartier est régulièrement troublé par des bandes de jeunes. Et que le prévenu continue lui aussi à trainer dans les environs. Ce dernier intervient : "quand j’ai fait cette action, je ne pensais pas que ca allait être si grave".

Dans son intervention, l’avocate de la victime insiste sur la violence du geste, qui même s’il n’était pas intentionnel a provoqué de graves conséquences. "Mon client est moniteur de plongée, mais sa blessure l’empêche de porter des palmes. Cela fait plus de 2 mois qu’il est en incapacité de travailler." Sans revenu depuis tout ce temps selon elle, aujourd’hui encore la victime n’est pas sûre de reprendre son travail. Elle estime le préjudice à 3.000 euros.

Après s’être isolée pour délibérer, la juge a reconnu la culpabilité du jeune homme. Il a été condamné à six mois de prison avec sursis et écope d’une mise à l’épreuve de trois ans.

Une avance de 3.000 euros sera versée à la victime le temps de faire une expertise pour établir le montant exact de son préjudice.

 


 

Pédopornographie : le prévenu condamné à payer

Au cours de la matinée, la juge Marie-Thérèse Rix-Geay a rendu le délibéré d’une affaire de pédopornographie. A partir d’un site de pédophilie en Métropole, les enquêteurs sont remontés jusqu’à retrouver les traces du prévenu : un professeur à Mayotte. Plusieurs photos de mineurs ont été retrouvées sur son ordinateur. Il a été reconnu coupable et condamné à payer une amende de 3.000 euros.

 


 

Le mari jaloux et l'amant de sa femme…

L’affaire suivante est une banale histoire d’adultère qui a mal tourné. Après avoir découvert l’infidélité de sa femme, un mari jaloux est parti en expédition punitive contre l’amant indélicat. Muni d’une boule de pétanque et d’un câble électrique, il lui inflige plusieurs blessures aux bras et au dos. Ce dernier s’en sortira avec une ITT de 18 jours.

"Tout le village disait qu’il couchait avec ma femme, mais lui il niait", clame le mari. "Vous n’avez pas à exercer des violences sur quelqu’un, même s’il a une relation avec votre femme", lui lance la juge avant d’appeler l’amant à la barre. Pour ce dernier, l’agression était préméditée : "il a attendu que je m’asseye pour passer derrière moi et m’attaquer. Quand je me suis enfui, il m’a poursuivi avec une boule de pétanque."

L’avocat de la victime estime cette agression inacceptable. Selon elle, au lieu de se faire justice lui-même, le prévenu aurait dû passer par les voies légales et saisir le juge des affaires familiales pour demander le divorce. "Mais mon client aime encore sa femme", intervient Me Thani qui défend le mari jaloux.

Ce dernier aurait tout essayé pour découvrir la vérité, il serait même parti voir la femme de son rival. Pour l’avocat, les actes du prévenu son condamnables, mais moralement compréhensibles. Les 18 jours d’ITT ne seraient que la conséquence d’un manque de soins. Quand au choc psychologique, il n’y a qu’une explication : la culpabilité de la victime. Sans vergogne il finit par cette pique digne du best of du tribunal : "ce sont les risques du métier !".

Le prévenu sera reconnu coupable, mais seulement pour une ITT inférieure à 8 jours. Il écope de deux mois de prison avec sursis. Le dénouement de l’histoire se fera contre toute attente à la sortie du tribunal où on apprendra finalement que le mari jaloux n’était en fait que le petit ami de la femme.

 

Halda Toihiridini