{xtypo_dropcap}B{/xtypo_dropcap}ranle-bas de combat à la mairie de Mamoudzou. Ce samedi matin, pas de grasse matinée pour les employés. C'est ici, dans le hall d'entrée, qu'a été installé le PC de l'opération de grand nettoyage initiée par la Dass. Réceptionner les demandes de matériel, approvisionner les groupes, gérer la répartition ainsi que la circulation des camions et des bennes, ce n'est pas le travail qui manque. D'autant plus qu'il y a moins de véhicules que prévu.
Entre deux coups de fil, Issad Mohamed tente tant bien que mal de gérer les différentes équipes. A la mairie, il s'occupe du service environnement de la ville, mais aujourd'hui c'est lui qui est chargé de la coordination de l'opération. Pour Issad, cette journée est une réussite. "Nous avions prévu une participation de 4.000 personnes et là les gens se sont vraiment mobilisés, nous en sommes déjà à 5.000."
De Tsoundzou à Koungou, la municipalité a distribué près 15.000 sacs poubelle et 3.000 gants. Grâce au partenariat avec une quinzaine d'entreprises et des services de l'Etat, une trentaine de camions, tractopelles et bennes ont été mobilisés pour le ramassage des ordures, et des encombrants.
{xtypo_quote}Quand on vit dans la saleté, on devient sale{/xtypo_quote}
Pour cette opération, les associations sont en première ligne. C'est à travers elles que la municipalité a pu mobiliser la population. "Nous avons fait appel aux associations de la ville. A Mamoudzou, 12 associations sportives et culturelles ont répondu présent. C'est un peu légitime car elles fonctionnent toutes avec les subventions accordées par la municipalité", explique Nadirou Moustoifa. Il est chargé de gérer les associations de la ville qui participent au grand nettoyage.
Depuis le début de la matinée, il parcourt la ville pour vérifier que tout fonctionne. Dans Kawéni, les structures associatives ont pu mobiliser de nombreuses personnes. Comme ces jeunes files de l'association Watoinia. Conscientes du problème d'insalubrité dans la ville, elles se sont levées de bonne heure pour venir contribuer à l'effort collectif. "Nous en avons marre de la saleté, s'énerve Toioussia, quand on vit dans la saleté, on devient sale. Ici à chaque fois qu'il pleut, l'eau rentre dans nos maisons à cause des caniveaux bouchés. Mais on a beau dire aux gens de faire attention, ils n'en font qu'à leur tête."
Profitant des moyens exceptionnels qui lui ont été alloués, la mairie a réservé plusieurs tractopelles pour déboucher les caniveaux. Un réseau de plusieurs kilomètres bouché par des dizaines de tonnes de terre. Mais à Mamoudzou plus qu'ailleurs, "se débarrasser de l'insalubrité et des déchets revient à remplir un puits sans fond", comme l'a déploré Nadirou Moustoifa, si la population n'arrête pas de jeter ses déchets n'importe où.
{xtypo_quote}A M'gombani, la mangrove était jonchée de couches usagées{/xtypo_quote}
"A M'gombani, la mangrove était jonchée de couches usagées. Nous avons nettoyé mais nous sommes sûrs que dans trois mois l'endroit sera dans le même état. Tout simplement parce que les mamas croient que brûler les excréments de leurs enfants est néfaste pour eux. Du coup elles font tout pour que les couches ne finissent pas brûlées à la décharge."
Difficile de lutter contre les croyances, tout comme les mauvaises habitudes. L'exemple des bennes à ordures vertes réservées aux encombrants est tout aussi parlant. Selon la mairie, une grande partie de la population s'en sert mal ou pas du tout. Beaucoup refusent de se fatiguer à transporter les objets lourds jusque là…
L'opération s'est terminée en fin de matinée par une conférence. Devant le préfet ainsi que les principaux partenaires de cette action, la Dass a dressé un bilan de toute la campagne. En tout, 95.000 sacs, 20.000 t-shirts et près de 8.000 paires de gants ont été distribués. Des chiffres conséquents qui illustrent bien l'engagement de la population au cours de ces derniers mois. Lors de son discours, le préfet a annoncé la construction d'un centre d'enfouissement répondant aux normes nationales dans la commune de Bandraboua. Un projet estimé à 9 millions d'euros.
Halda Toihiridini
Les déchets en chiffres
- 100.000 tonnes de déchets par an à Mayotte
- 2.000 carcasses de voitures actuellement recensées dans la nature
- 900.000 € par an, c'est le coût du ramassage des déchets dans la commune de Mamoudzou.
- 400 corbeilles et 2.000 bacs supplémentaires vont bientôt être installés dans la ville.
A Mamoudzou, la commune a confié le ramassage des déchets à une entreprise privée, la Star.
Cela lui revient moins cher. 27 euros par habitant et par an, contre 30 à 35 euros pour les autres communes qui gèrent elles-mêmes le ramassage.
La collecte se fait 5 jours par semaine du lundi au samedi, jeudi excepté.
Le ramassage commence vers 2 heures du matin. Il est réalisé par 5 véhicules. Chacun suit un circuit bien précis, mais des ruelles trop étroites et des maisons construites sans place de parking, avec des voitures encombrant la rue, empêcheront de plus en plus les camions de passer.
Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.