{xtypo_dropcap}M{/xtypo_dropcap}ayotte Hebdo : On a longtemps entendu dire que le terre-plein n'était pas aménagé car non constructible, où alors avec un coût de viabilisation très élevé. Où en sont aujourd'hui les études sur la constructibilité du terrain ?
Christian Lafarie : Il y a certaines règles d'urbanisme à respecter, mais le terre-plein est constructible. Pour le rendre complètement constructible, il y a un certain nombre d'aménagements à faire, notamment en matière d'assainissement.
Cris Kordjee : La principale problématique est le risque d'inondation, soit par une crue de la Majimbini, soit par un raz-de-marée qui passerait au-dessus de la rocade. Toutes les études qui ont été conduites jusqu'ici ont consisté à qualifier ces risques et à les assortir de mesures nécessaires à la viabilisation de la zone, avec une différence entre la partie nord et la partie sud. La mise en sécurité des aménagements va effectivement coûter très cher. Le coût ne peut être pris en charge par la commune seule, il sera réparti entre les différents porteurs de projets.
Inchatti Mondroha : L'évaluation faite récemment prévoit un coût de 22 M€ uniquement pour ces aménagements, pour les réseaux, l'assainissement, etc. Ce qui représente environ 400€ le m² aménagé.
MH : Comment se répartissent les rôles pour le financement et par la suite pour l'aménagement ? Chacun a-t-il ses projets propres ?
Inchatti Mondroha : Les premières études ont été faites dès 1996 par le cabinet Réa. Elles ont été reprises et retravaillées par la DE, qui a ensuite demandé à un architecte urbaniste, Benoît Jullien, de proposer un plan d'aménagement. Au départ, la direction de l'opération venait de l'Etat, qui a pris en charge une étude en 2003. En 2004, la maîtrise d'ouvrage est passée à la commune de Mamoudzou, la DE a fonction d'assistant, l'Etat a financé une étude à hauteur de 80%, la commune à 20%. La troisième étude, en 2007, a été prise en charge à 90% par le conseil général qui a repris le dossier en raison du nombre d'équipements en jeu, les 10% restants ont été fournis par la commune.
Cris Kordjee : Le but de cet aménagement est d'obtenir un ensemble cohérent, qui réponde à des besoins et établisse l'équilibre entre l'ancien et le nouveau M'tsapéré. Le principe n'est donc pas chacun son marché, je n'imagine pas qu'on raisonne en terme de : "ça, c'est le marché de untel". Le lycée, les logements, le centre culturel… tout cela répond à un besoin territorial. La disponibilité foncière se fait rare, il faut donc mettre à profit ce terrain pour des aménagements qui répondent aux besoins du plus grand nombre. Il y aura une mixité, logement locatif/logement social, équipements privés/équipements publics. Chacun interviendra selon ses moyens. Ce que la commune retient, c'est le bénéfice d'un projet vraiment cohérent qui doit permettre aussi à M'tsapéré de rayonner dans la commune.
MH : Vous prévoyez donc de créer une structure mixte public/privé ?
Inchati Mondroha : Ce serait l'outil le plus approprié et ce sera sûrement la décision que nous prendrons.
Mohamed Saïd Djanfar : La dernière étude qui évalue à 22 M€ les travaux d'aménagement propose de phaser ces travaux, pour avoir les moyens de les réaliser. En parallèle, nous réfléchissons encore à la meilleure structure à créer pour que chacun puisse apporter un peu au projet. La décision n'est pas encore totalement arrêtée mais va dans ce sens. Des privés se sont déjà montrés intéressés et seront associés à la réflexion.
Christian Lafarie : La dernière réunion du 13 octobre a justement conclu de choisir un assistant à la maîtrise d'ouvrage, qui réfléchira au projet dans l'ensemble, regardera la faisabilité technique et administrative, afin de caler dans le temps les projets des maîtres d'ouvrage publics, et de décider de quelle manière sera géré l'investissement et l'aménagement.
22 M€ pour le viabiliser et des études depuis 1996
MH : Il n'y a que deux bâtiments à être sortis de terre pour le moment, quels sont les blocages pour les autres projets ?
Mohamed Saïd Djanfar : Ce n'est pas vraiment une question de blocage. La dernière réunion que nous avons eu tous ensemble, le 13 octobre, a permis de prendre la décision d'éviter que chacun fasse son projet dans son coin. La DE et la halle des pêcheurs ont été faits de façon individuelle, mais par la suite tout sera fait en concertation, notamment les travaux lourds d'aménagement qui restent à réaliser pour conserver la cohésion de l'ensemble des infrastructures.
Cris Kordjee : L'idée n'est pas du tout de continuer au coup par coup. Il y a eu quelques nécessités, quelques opportunités, c'est un début, tant mieux, mais d'un commun accord maintenant nous allons maintenir une progression d'ensemble pour ne pas se déconnecter des précautions à prendre pour les futurs aménagements. Il n'y a pas de projets isolés, les prochains aménagements vont respecter scrupuleusement les consignes. C'est justement dans le cadre de cette assistance à maîtrise d'ouvrage qui sera recrutée qu'on va pouvoir formaliser un échelonnement qui soit judicieux et conforme aux contraintes. Il n'est pas exclu de voir pousser tel ou tel équipement l'un après l'autre, mais ce sera en fonction d'un accord et d'une réflexion engagée par tous, cohérente.
Inchati Mondroha : La raison pour laquelle les travaux n'ont pas encore démarré est l'aménagement des différents réseaux. Le but aujourd'hui est d'aménager et de viabiliser les terrains avant de construire, ou éventuellement pendant.
MH : Il y a aussi la question foncière, l'ensemble du terre-plein appartient à l'Etat ?
Christian Lafarie : C'est exact. Le terre-plein et une partie au-delà font partie de la Zone des pas géométriques, domaine public de l'Etat. L'idée est de céder les terrains, c'est encore une des choses qui vont être étudiées avec l'assistant à la maîtrise d'ouvrage. L'Etat a déjà annoncé que, sur le principe, il cèdera gratuitement les terrains pour les équipements publics, et les vendra pour les privés, selon un prix au m² qui reste à fixer.
MH : Quelles sont les prochaines étapes d'ici à la construction ?
Christian Lafarie : Nous allons très prochainement établir un cahier des charges pour l'appel à candidatures pour l'assistant à la maîtrise d'ouvrage, qui devrait paraître d'ici la fin de l'année. Ce cahier des charges estimera le délai de réalisation des études, à l'issue desquelles le but est de prendre les décisions pour lancer la phase opérationnelle. Sans être trop précis, j'imagine que mi-2010, nous pourrons avoir des éléments très concrets pour savoir où on va. Donc fin 2010, les premiers lancements des travaux, sous réserve que tout se passe bien, ce n'est pas un calendrier officiel.
Mohamed Saïd Djanfar : Sachant que la viabilisation des terrains peut être réalisée en même temps que les premiers travaux, certains bâtiments pourront alors sortir rapidement de terre. Nous savons par exemple que le vice-rectorat est prêt financièrement à faire le lycée hôtelier. Si on trouve une entente sur l'aménagement global et la viabilisation du terrain, ils peuvent se lancer. Ce sera donc le premier équipement susceptible de sortir de terre.
Inchati Mondroha : L'assistant à la maîtrise d'ouvrage va recenser qui veut faire quoi, pour combien, comment répartir les aménagements, qu'est-ce qui est possible, etc. Il fera sûrement plusieurs propositions qui permettront à la commune, avec ses principaux partenaires, de prendre une décision sur la meilleure solution.
Cris Kordjee : On peut imaginer que mi-2010, on ait tous les éléments qui permettent de faire les choix essentiels, ce qui est l'étape essentielle pour la suite.
Propos recueillis par Hélène Ferkatadji et Julien Perrot
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