La commission aménagement du CG, chargée de suivre une partie importante de ces dossiers avec l'Etat, ne se semble pas très active… Résultat : deux ans après le début du Contrat, à part l'eau qui a coulé sous les ponts, peu a avancé. L'Etat ne va pas se mobiliser outre mesure pour sortir l'argent des caisses en cette période de crise internationale et de dette publique grandissante.
Et comme en face nos chers dirigeants ne semblent pas pressés de répondre aux besoins criants de la population, aux pères de famille qui se retrouvent chez eux faute d'emploi, aux jeunes diplômés qui reviennent pleins d'espoirs, aux gamins qui vivent avec leurs parents dans des conditions insalubres, indignes… Et bien le Contrat de projet traine, dort, tranquillement, et avec lui ces centaines de millions d'euros qui pourraient faire tourner l'économie locale et la consolider.
Nos dirigeants, bien loin de la réalité des entreprises, ne semblent pas comprendre que c'est par là que se créera la richesse dont ils ont besoin pour se payer des voyages à Colmar. C'est par les taxes qu'ils prélèvent pour remplir les caisses du CG, qu'ils auront les moyens de financer leur part du Contrat. C'est par les impôts sur les sociétés et les particuliers qu'ils pourront refaire les routes embouteillées. Les moyens sont là. Il manque en face les projets.
Mais ce n'est peut-être pas avec des centaines de gardiens et de femmes de ménage qu'on pourra bâtir l'avenir. A peine assure-t-on un minimum de revenu à quelques centaines de personnes. Mais c'est l'avenir de toute l'île qui est en train de s'enliser. Au lieu de prétendre qu'il s'agit d'emplois sociaux, peut-être serait-il plus intelligent de se battre avec la CSSM, avec l'Etat, pour que les retraites augmentent, que les minima sociaux soient applicables dans l'île. Mais là aussi ça demande des dossiers bien ficelés, un peu d'argumentation, un peu de travail et de courage.
Ces dossiers qui trainent, qui s'accumulent, ne sont pas oubliés. Ils ressurgissent et handicapent l'avenir. Il faut les régler, plutôt que de penser à sa réélection en créant de nouveaux partis politiques, en distribuant de maigres deniers publics en bons de commande ou en payant des billets d'avion à des électeurs potentiels.
L'île souffre. Mayotte s'enlise. On pensait toucher le fond, mais on découvre encore des abysses. La volonté du président du CG, après son élection, d'être pragmatique, de faire le ménage dans les salariés fictifs, efficace avec des tableaux de bord pour chaque service, chaque projet, semble bien loin. 550 millions d'euros dorment loin d'ici. Il y a déjà eu deux ans de perdu. C'est bien dommage.
Laurent Canavate
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