18/06/2010 – Gouvernement comorien en exil

 

 

{xtypo_dropcap}A{/xtypo_dropcap}ccueillis avec émotion par la diaspora comorienne de Mayotte ainsi que des chanteuses locales, les représentants du gouvernement en exil ont à peine eu le temps de déposer leurs valises qu’ils ont le même jour répondu aux questions de la presse. C’est en laissant emplois, maris, femmes et enfants que les membres du gouvernement ont répondu présent pour un voyage aussi important. Présent pour quatre jours seulement, ils ont tenu à rencontrer la presse locale, les ressortissants comoriens et les Mohéliens.

La conférence s’est déroulée dans le calme et dans le respect, outre les journalistes, quelques Comoriens ont prêté attention aux déclarations de la délégation. Avant de commencer son discours, Madame Amina Binti accompagnée de son vice-président, de quatre ministres ainsi que deux conseillers, ont demandé une minute de silence pour tous leurs frères décédés lors de traversées en kwassas et victimes du crash du vol Yemenia en juin 2009.

Les larmes lui montent aux yeux quand elle évoque la situation actuelle aux Comores, plus particulièrement à Mohéli. Le gouvernement en exil dénonce les sévices physiques et moraux infligés aux Mohéliens, les licenciements abusifs et la non volonté de consensus de la part de l’ex-président Abdallah Sambi, qui pour eux ne fait que pousser au séparatisme. Ils expliquent leur venue à Mayotte par l’histoire commune qu’a l’île avec l’Union comorienne. Par ailleurs, "Mayotte est l’endroit idéal pour parler à la fois à la population française et à la population comorienne". Ces huit Français d’origine comorienne sont déterminés à faire partager au monde entier ce qu’il se passe sur ce petit archipel, où beaucoup de personnes sont obligées de garder le silence de peur de représailles. Comme le prouve l'agression qui a été perpétrée contre maître Larifou, qu’ils saluent.

 

"C’est un véritable cri de désespoir que poussent les Comoriens aujourd’hui"

 

"Nous ne voulons en aucun cas gouverner l’Union des Comores, notre objectif est de faire bouger les choses au plus vite", clame la présidente. Contrairement aux rumeurs qu’essuie ce gouvernement, ni coup d’état, ni volonté de gouverner ne sont passés par leurs esprits. Par des actions pacifiques, comme des conférences de presse, des réunions de mobilisation, des manifestations à travers le monde, ce gouvernement en exil prend les devants pour que les négociations avancent et aillent dans le sens du respect des Accords de Fomboni (Mohéli) 2001. La "dissolution" de ce gouvernement en exil se fera dès qu’un calendrier électoral sera fixé de manière consensuelle avec tous les acteurs politiques de l’Union.

"C’est un véritable cri de désespoir que poussent les Comoriens aujourd’hui", insiste la délégation. Après Paris, Marseille, Nice, Mayotte, c’est vers la Réunion que la délégation compte poursuivre ses efforts. Soutenue par les partis de l’opposition comorienne qui les encouragent à ne rien lâcher tant que l’ordre politique n’est pas revenu, et par leur rôle de diaspora active, c’est en toute légitimité qu’ils se revendiquent gouvernement en exil.

Face à la question des drapeaux français hissés à Mohéli, Madame Amina Binti déclare qu’ils justifient une situation de ras le bol où tout les coups sont permis pour faire réagir et non pas une réelle volonté des Mohéliens de retourner en arrière, loin de là. Elle rappelle que les accords qui ont permis une stabilité dans l’Union, après les émeutes séparatistes à Anjouan, ont été signés sur l’île de Djombé Fatima (Mohéli).
Un fatiha (prière musulmane) a clôturé la conférence de presse avec l’espoir que la proposition de l’Union Africaine attendue le 15 permette aux îles de la lune de retrouver leur calme.

 

Samira Abdoul

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