{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}e guitariste Christophe Louboutin et le violoniste Philippe Wucher se sont connus il y a trois ans lors d'un séjour en Algérie, où ils ont travaillé ensemble au Conservatoire de Constantine. Depuis, ils partagent leur expérience musicale en duo, dans une optique artistique mais aussi pédagogique, pour transmettre leur savoir-faire aux élèves et aux professeurs qu'ils côtoient. C'est la deuxième fois qu'ils viennent ensemble à Mayotte. Christophe s'était déjà rendu deux fois ici : il est venu tout seul pour l'école de musique il y a deux ans, et même il y a 20 ans pour des concerts et des stages avec le Cmac (Centre mahorais d'action culturelle), l'ancêtre du service culturel.
C'est grâce à l'entremise de Jérémy Peret, un élève devenu professeur à l'école de musique et qui prépare actuellement le concours du Conservatoire national supérieur de Paris, et de Philippe Roux, un guitariste qui est déjà venu ici, que les deux concertistes ont pu être sollicités. "Comme nous sommes dans un milieu insulaire, on essaie de tisser des réseaux pour ne pas sentir isolés", explique Cécile Pélourdeau, la directrice de Musique à Mayotte. "Au début, Christophe voulait venir ici plus longtemps, mais sans subvention nous n'avons pas les moyens d'engager des DE (Diplômés d'Etat) et encore moins des CA (Certificat d'aptitude)", regrette-t-elle.
Objectifs artistiques et pédagogiques
Quoi qu'il en soit, Christophe et Philippe sont là pour une dizaine de jours, non seulement pour deux concerts où ils interpréteront les œuvres classiques de Corelli, Chausson, Schubert ou Vivaldi, de la musique tzigane et même des créations originales, mais aussi avec un objectif pédagogique. A l'école de musique, située sur les hauteurs de Cavani, ils initient ou accompagnent les élèves dans leurs pratiques collectives. Christophe leur a par exemple appris le "sound painting", un langage gestuel de 2.000 signes qui permet "une composition instantanée, collective, à base d'improvisation, et qui s'adresse à tous les niveaux et tous les musiciens".
Les deux concertistes, qui sont également conseillers pédagogiques au Centre de formation des professeurs d'écoles de musique à Grenoble, participent à la formation continue des professeurs, en intervenant dans leurs cours pour leur offrir de nouveaux répertoires et de nouvelles méthodes pédagogiques. "C'est la continuité du travail de métissage que nous avons commencé à aborder en Algérie", explique Philippe, "il ne faut pas seulement importer la culture occidentale mais aller à la rencontre des autres pour que chaque culture se nourrisse".
Les deux professeurs ont été très impressionnés par la motivation des élèves de la Cham de Doujani et encouragent la poursuite de cette nouvelle structure mise en place cette année par le service culturel, même si Cécile Pélourdeau tient à souligner qu'elle attend toujours la subvention du conseil général pour boucler l'année 2009.
"La pratique de la musique est structurante pour le développement de l'enfant et facilite les apprentissages scolaires", rappelle Christophe, "en Métropole, les Cham sont situées dans les milieux défavorisés car elles facilitent l'intégration et l'inter-culturalité : c'est aussi un projet politique". Philippe est du même avis : "Pour ces enfants, la musique fait partie intégrante de la vie sociale, c'est quelque chose qui a disparu en Métropole et qu'on doit retrouver".
Nul doute que le métissage des cultures occidentale et mahoraise, leitmotiv de l'école de musique depuis sa création il y a 10 ans, sera une fois encore à l'honneur ce samedi pour ces deux concerts exceptionnels.
Julien Perrot
Renseignements au 0639 20 45 69.
Adultes : 10 €, enfants (-12 ans) : 5 €.
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