18/01/2010 – Discours du Président de la République

 

 

{xtypo_dropcap}A{/xtypo_dropcap} vous voir si nombreux ici, à Mamoudzou, qui peut douter de la ferveur des Mahorais pour notre Patrie, de leur attachement charnel à la France, de leur amour pour la République, au lendemain de votre choix historique en faveur de la départementalisation ? C'est l'honneur de la France et la fierté de notre pays que de savoir, par-delà les océans, réunir des femmes et des hommes aux histoires et aux cultures différentes dans un projet commun qui nous rassemble tous. Mayotte en est la démonstration éclatante, elle qui ne cesse, référendum après référendum, d'affirmer son ancrage indéfectible dans la France.

Et pourtant, il aura fallu que vous attendiez cinquante et un an pour que les autorités de la République entendent votre revendication de devenir un département de France.

Depuis le "Congrès de Tsoundzou" de novembre 1958, marqué par la figure de Georges Nahouda, le chemin vers la départementalisation allait être bien long pour les Mahorais. De grandes personnalités mahoraises ont, depuis, attaché leur nom à ce combat. Je pense bien sûr à l'action des "chatouilleuses" Zeïna M'déré, Zaïna Méresse et toutes celles qui ont prolongé leur combat. Ces femmes de Mayotte proclamaient : "Nous voulons être Français pour être libres !". On ne peut imaginer plus bel attachement aux valeurs de la République. Je veux, aujourd'hui, leur rendre le juste hommage qui leur est dû.

Je pense aussi à l'engagement constant, puissant, essentiel du président Younoussa Bamana, premier préfet "élu" de Mayotte, premier député, premier président du conseil général, sur lequel il veillera pendant plus de 27 ans. Je ne peux pas évoquer le président Bamana sans saluer l'action déterminante du sénateur Marcel Henry et de son oncle Martial. Je n'oublie pas, plus récemment, le rôle fondamental de Mansour Kamardine.

Il faudrait en réalité citer le nom de chaque Mahoraise et de chaque Mahorais, vous qui ne cessez d'exprimer, référendum après référendum, votre attachement unanime à la France. Vous êtes Français depuis 1841, c'est-à-dire depuis plus longtemps que Nice ou que la Savoie. Je ne l'oublie pas, et c'est pour cela que j'ai tenu à faire la départementalisation.

La départementalisation, tout le monde vous la promettait en campagne électorale depuis plus de 30 ans, et s'empressait d'oublier de la faire sitôt élu. On allait alors rapidement piocher alternativement dans le droit international, dans le niveau de développement économique et social et l'île, voire même dans de prétendues rigidités religieuses pour justifier le maintien de Mayotte dans un statut particulier qui n'était pas celui que désiraient les Mahorais. Par deux fois, en 1975 et en 1984, on a même frôlé l'impensable.

Durant toute cette période, vous n'avez pas changé d'attitude : de la manière la plus ferme, vous exigiez de devenir un département, tout simplement pour être des Français comme les autres.

Eh bien depuis le 29 mars 2009, nous nous sommes engagés, ensemble, dans cette voie ! A plus de 95%, vous avez dit "oui" à la départementalisation de Mayotte. A plus de 95%, vous avez, une fois de plus, affirmé votre attachement à la France et votre souhait d'aller plus loin dans la République. A plus de 95%, vous avez réalisé le rêve de plusieurs générations de Mahoraises et de Mahorais, de plusieurs générations d'anciens dont certains sont présents ici, et que je veux saluer.

 

"Je ne laisserai à personne, à aucune puissance étrangère, le droit de décider de qui serait Français et de qui ne le serait pas. Je veux le dire de la manière la plus simple qui soit : Mayotte, c'est la France, et ça le restera."

 

Cette départementalisation, je vous l'avais promise dans la "Lettre aux Mahorais", que j'ai envoyée à chacun d'entre vous le 14 mars 2007. Cela n'a pas été facile, il a fallu convaincre bon nombre de parlementaires en Métropole. Mais j'ai tenu bon. Parce que la promesse que j'avais faite aux Français de Mayotte, j'avais le devoir moral de la tenir. Je considère que chaque territoire de l'Outremer doit pouvoir s'organiser selon les modalités que ses habitants auront choisies. C'est cela aussi, la nouvelle relation que je veux insuffler entre la Métropole et ses Outremers : plus de souplesse, plus de confiance réciproque, plus de responsabilités pour les acteurs locaux, avec une seule ligne rouge que je ne franchirai jamais : celle de l'indépendance. Je veux le dire de la façon la plus nette qui soit : tant que je serai en responsabilité, nos territoires d'Outremer demeureront français. Je ne laisserai à personne, à aucune puissance étrangère, le droit de décider de qui serait Français et de qui ne le serait pas. Je veux le dire de la manière la plus simple qui soit : Mayotte, c'est la France, et ça le restera.

Lors du prochain renouvellement du conseil général, en 2011, Mayotte deviendra donc, officiellement, le 101e département français. C'est ce que prévoit, comme vous le savez, la loi organique du 4 août 2009, conformément aux engagements que le gouvernement a pris devant les Mahorais dans le "Pacte pour la départementalisation de Mayotte". Ce pacte comporte des droits, mais aussi des devoirs nouveaux ; je pense notamment à la mise en place d'une nouvelle fiscalité, au respect scrupuleux de l'égalité homme/femme ou à l'existence d'une seule justice. L'ensemble des foyers mahorais a été destinataire de ce Pacte avant la consultation populaire, il sera respecté scrupuleusement par l'Etat. Il n'y aura pas de surprises dans sa mise en œuvre : ni accélération, ni retards. Je l'ai toujours dit, la départementalisation de Mayotte se fera de façon "progressive" et "adaptée", afin de ne pas créer des déséquilibres qui vous nuiraient. C'est un processus ambitieux et complexe qui sera exigeant pour chacun.

Certains changements concrets auront toutefois lieu avant 2011. Ainsi, dès cette année, les foyers mahorais bénéficieront des 10 chaînes de la Télévision numérique terrestre, au lieu de la seule RFO aujourd'hui. C'est aussi cette année que sera revalorisée l'allocation minimum vieillesse et l'allocation adulte handicapé. Je sais que les anciens ont, dans la culture mahoraise, une place à part. Je sais aussi qu'ils sont bien souvent dans une situation sociale précaire, qu'il serait injuste de ne pas prendre en considération. La départementalisation, c'est plus de solidarité nationale à l'endroit des Mahorais. C'est pourquoi aussi nous allons augmenter les plafonds pris en compte par la sécurité sociale pour calculer les pensions de retraite, afin qu'ils soient au niveau du Smic mahorais actuel. Le Smic mahorais a considérablement augmenté depuis 2004, et pendant ce temps-là les retraites restaient calculées sur la même base. Il faut corriger cela dès 2010, nous allons le faire.

 

"Je veux le dire aux Mahorais : tout ne viendra pas de l'Etat. Il faudra que chacun fasse des efforts, et que la Collectivité de Mayotte trouve en elle-même davantage de marges de manœuvre."

 

Mais la départementalisation, c'est aussi plus de responsabilités. Je ne peux pas ne pas revenir sur les incidents qu'a connus Mayotte le 2 décembre dernier. Je suis ici pour vous dire la vérité, ces événements ont fait beaucoup de mal à Mayotte. L'opinion publique métropolitaine n'a pas compris qu'alors que Mayotte accédait au statut de département de France, certains Mahorais s'en prennent ainsi aux symboles de la République de la manière la plus violente et, je veux le dire très clairement, la plus intolérable qui soit. Un gendarme a été grièvement blessé par un jet de grenade. Il a failli mourir, son pronostic vital a été engagé pendant quelques heures.

Une policière de la police de l'air et des frontières a failli perdre la vie en étant lapidée par une trentaine de jeunes qui se sont acharnés sur elle à coups de pierres et de parpaings. Son collègue, qui l'a dégagée, a eu le bras cassé par la violence des coups. Le Centre de rétention administrative de Mayotte a été mis à sac, tandis que de nombreux européens étaient pris pour cible par les émeutiers. Voilà ce qui s'est passé le 2 décembre à Mayotte.

Des arrestations ont eu lieu. Je souhaite que les responsables et les éventuels organisateurs de ces débordements – quel que soit leur rang – soient recherchés, jugés et punis. Tout cela, ça ne ressemble pas à Mayotte, et ça n'est pas admissible sur le territoire de la République. Dans un département de France, on utilise les mots et pas les coups, le débat et pas la violence, le dialogue et pas l'affrontement, les élections et pas la loi du plus fort.

Plus de responsabilités, c'est aussi une plus grande liberté laissée à vos élus locaux. Vous connaissez la situation financière du conseil général de Mayotte, qui est passé selon la Chambre régionale des comptes de 86 millions d'excédents budgétaires en 2004 à 92 millions de déficit aujourd'hui. Cela non plus, dans un département français, n'est pas acceptable. Le président Douchina est élu depuis peu, il ne peut être tenu pour seul responsable d'une situation qu'il a trouvée à son arrivée à la tête du département. Il lui revient toutefois la rude tâche de devoir redresser la situation. Je veux lui dire ma confiance, et il sait que l'Etat l'accompagnera sur le chemin du retour à l'équilibre en 2014. La récente convention entre l'Etat et le département de Mayotte témoigne de cet engagement réciproque. Mais je veux le dire aux Mahorais : tout ne viendra pas de l'Etat. Il faudra que chacun fasse des efforts, et que la Collectivité de Mayotte trouve en elle-même davantage de marges de manœuvre.

Plus de responsabilité, c'est enfin faire que chacun prenne sa part à la réussite des politiques publiques. Vous êtes soumis, à Mayotte, à une pression migratoire inimaginable. Je le dis pour que les Métropolitains qui nous écoutent comprennent l'ampleur du phénomène : à Mayotte, plus d'un tiers de la population est en situation irrégulière. Les filières qui organisent la traversée maritime des migrants clandestins sur les "kwassas-kwassas" sont directement responsables de plusieurs morts tous les ans. Quatre naufrages sont survenus en 2009, entraînant 7 morts et 28 disparus. Et encore ne compte-t-on pas ceux qui ont disparu sans que personne ne les remarque. Plus d'une centaine de vies ont été sauvées par les forces armées, les gendarmes et les policiers lors d'opérations de sauvetage en mer !

Nous avons beaucoup fait, depuis 2002, pour enrayer ce phénomène : en tant que ministre de l'Intérieur, je vous avais promis un hélicoptère, il est là. Je vous avais promis un 3e radar, il est opérationnel et nous allons en installer un 4e pour couvrir toute l'île. Les effectifs de la police aux frontières ont été multipliés par 12 depuis 2002, tandis qu'une centaine de gendarmes supplémentaires sont aujourd'hui affectés à Mayotte.

Grâce à ces nouveaux moyens techniques et au travail remarquable des policiers, des gendarmes et de la marine, près de 20.000 étrangers en situation irrégulière ont été éloignés en 2009 ! C'est presque autant que pour tout le territoire métropolitain ! Et c'est cinq fois plus qu'en 2002. On arrête également 20 fois plus de passeurs qu'en 2002, et on intercepte 40 fois plus de kwassas-kwassas !

 

"Qui n'a pas donné un travail à un Comorien que l'on savait en situation irrégulière ? Il faut mettre fin à une vaste hypocrisie : près de 15.000 travailleurs à Mayotte sont des clandestins. On ne peut pas, d'un côté, vouloir de l'emploi pour la jeunesse mahoraise, se plaindre des problèmes engendrés par l'immigration irrégulière et, de l'autre côté, en tirer avantage. Sur ce sujet aussi, il faut être responsable, chacun à son niveau."

 

Mais ne nous voilons pas la face : le combat est loin d'être gagné. Qui n'a pas croisé à Mayotte un voisin que l'on savait reconduit vers les Comores quelques jours plus tôt ? Qui n'a pas donné un travail à un Comorien que l'on savait en situation irrégulière ? Il faut mettre fin à une vaste hypocrisie : près de 15.000 travailleurs à Mayotte sont des clandestins. On ne peut pas, d'un côté, vouloir de l'emploi pour la jeunesse mahoraise, se plaindre des problèmes engendrés par l'immigration irrégulière et, de l'autre côté, en tirer avantage. Sur ce sujet aussi, il faut être responsable, chacun à son niveau.

Nous allons encore amplifier ces efforts. Il manquait à Mayotte un centre de rétention administrative adapté aux nécessités de la lutte contre l'immigration illégale. Dans les tout prochains jours va démarrer l'étude de faisabilité de la construction du nouveau centre de rétention administrative de 140 places, qui sera opérationnel au cours de l'année 2012.

Il faut aussi que les moyens de l'Etat en mer soient mieux coordonnés pour faire un usage optimal des ressources disponibles à la Marine nationale, à la gendarmerie, à la Paf, aux douanes. J'ai décidé que Mayotte serait un département pilote pour l'expérimentation de la fonction "garde-côte", placé sous la responsabilité du préfet. Cette fonction garde-côte devra entrer en vigueur au plus tard au second semestre 2010.

L'Etat sera au rendez-vous de Mayotte. Dans ma "Lettre aux Mahorais", j'ai pris un certain nombre d'engagements devant vous. Je ne reviens pas sur les promesses relatives à la sécurité et à la lutte contre l'immigration, ni sur la départementalisation, dont on a vu qu'elles avaient été tenues.

Qu'il me soit permis toutefois de dire un mot sur le projet de piste longue de l'aéroport de Pamandzi. Je l'avais écrit dans ma Lettre aux Mahorais, et je suis aujourd'hui encore convaincu que cette infrastructure est essentielle pour le développement économique de Mayotte. Elle permettra à l'île de pouvoir accueillir des touristes en provenance directe de l'Europe, sans passer par la Réunion située, je le rappelle, à 1.400 kilomètres. Avec un nombre de passagers qui a été quasiment triplé en 10 ans pour atteindre aujourd'hui quelque 250.000, la croissance formidable de la population mahoraise et la dynamique de la départementalisation, personne ne peut soutenir que les infrastructures actuelles sont adaptées aux besoins de Mayotte.

J'ajoute que cet équipement permettra aussi de pouvoir acheminer du fret dans des conditions plus optimales qu'aujourd'hui, je pense par exemple aux produits de la pisciculture. Il est, en outre, le complément naturel du nouveau quai de Longoni, que je vous avais promis et que j'ai eu le plaisir de voir ce matin. Celui-ci permet d'accueillir des navires de commerce et de tourisme de forte capacité ayant besoin d'un accès en eau profonde. Depuis l'année dernière, Mayotte a ainsi les moyens de devenir un port d'éclatement stratégique dans l'océan Indien à destination de ses voisins du canal du Mozambique, et même un pôle d'attraction pour les croisiéristes qui pourront désormais accoster sur ce quai.

 

"Dans les semaines qui viennent, les premières études opérationnelles seront lancées, afin de préparer la déclaration d'utilité publique en 2011 et le lancement des travaux en 2012. Ceux-ci vont durer trois ans, pour une ouverture du nouvel aéroport avec sa piste longue en 2015."

 

Il faut donner à votre territoire les mêmes atouts dans le domaine aérien. Dans les semaines qui viennent, les premières études opérationnelles seront lancées, afin de préparer la déclaration d'utilité publique en 2011 et le lancement des travaux en 2012. Ceux-ci vont durer trois ans, pour une ouverture du nouvel aéroport avec sa piste longue en 2015. Cela peut paraître long, mais nous parlons là de travaux extrêmement lourds et très complexes, qui posent des défis techniques et environnementaux majeurs et que je vous propose de réaliser d'ici cinq ans.

On me dit qu'une compagnie aérienne serait en capacité de faire atterrir des 777, c'est-à-dire des vols long-courriers assurant la liaison directe avec Paris, sur la piste actuelle de Mayotte. J'ai demandé à la direction générale de l'aviation civile d'expertiser cette proposition. Si celle-ci s'avérait faisable, alors les objectifs de la piste longue sur le transport direct des touristes et des Mahorais, ainsi que du fret, pourraient être atteints bien avant 2015. Il s'agirait d'un coup d'accélérateur formidable pour le développement économique de Mayotte, puisque les premiers avions pourraient atterrir dès la fin de l'année 2011 à Pamandzi. L'Etat accompagnerait cette initiative, en utilisant éventuellement la défiscalisation, et en restant vigilant sur le niveau des prix des billets d'avion proposés.

Autre point de la lettre programme aux Mahorais, et je sais que tous y sont particulièrement attachés, la création d'une antenne universitaire permettant aux jeunes bacheliers mahorais de pouvoir continuer, sur place, leurs études jusqu'à Bac+2. Je rappelle que nous parlons là de 1.000 bacheliers par an, chiffre en hausse constante depuis quelques années, ce dont je ne peux naturellement que me réjouir. Nous avons beaucoup travaillé pour y arriver, et j'ai le plaisir de vous annoncer que cette antenne accueillera ses premiers étudiants à la rentrée 2011. Il s'agira d'une structure qui sera portée par le vice-rectorat de Mayotte, et qui permettra aux Mahorais d'avoir la fierté de voir former leurs jeunes sur leur sol. Il est quand même extravagant d'exiger qu'à Mayotte, alors que ceci n'existe dans aucun autre département français, on envoie tous nos jeunes étudier à 1.400 kilomètres de l'endroit où ils habitent… Eh bien, à partir de la rentrée 2011, ceci ne sera plus le cas, au moins pour les deux premières années de l'Université.

 

"Afin de lutter contre l'illettrisme, j'ai souhaité que Mayotte soit dotée d'un sous-préfet à la cohésion sociale et à la jeunesse dès cette année. (…) J'ai aussi décidé que les crédits supplémentaires déjà accordés à Mayotte pour les constructions scolaires seraient augmentés de 50% dès cette année."

 

Je sais les défis que doit relever Mayotte pour former ses jeunes. Afin de lutter contre l'illettrisme, j'ai souhaité que Mayotte soit dotée d'un sous-préfet à la cohésion sociale et à la jeunesse dès cette année, qui aura notamment comme mission de mettre en place le très ambitieux plan de lutte contre l'illettrisme décidé lors du Conseil interministériel à l'Outremer de novembre dernier. Je dis très ambitieux parce qu'il se donne un objectif fort : la réduction de moitié en cinq ans de l'écart entre Mayotte et la Métropole en matière d'illettrisme.

J'ai également souhaité que les enfants, notamment ceux élevés dans des familles non-francophones, soient fortement incités à être scolarisés dès l'âge de trois ans. C'est en effet dès le plus jeune âge que se forment les inégalités, et la première des inégalités c'est celle du langage. Un enfant qui ne maîtrise pas convenablement le français ne pourra pas suivre, de manière satisfaisante, une scolarité normale par la suite. Je demande au préfet d'être particulièrement attentif à ce point.

Pour aider Mayotte à faire face à son défi démographique et migratoire, sa population ayant doublé en 20 ans, j'ai aussi décidé que les crédits supplémentaires déjà accordés à Mayotte pour les constructions scolaires seraient augmentés de 50% dès cette année. Enfin, pour lutter contre la malnutrition des enfants, j'ai souhaité que la Prestation d'aide à la restauration scolaire soit doublée cette année, afin de donner à tous les élèves scolarisés une collation équilibrée, qui constitue parfois le seul repas de la journée.

La Lettre aux Mahorais mettait aussi l'accent sur le désenclavement numérique de Mayotte et l'arrivée du haut débit. En 2010, ne pas avoir un accès fluide à internet est un handicap majeur pour le développement économique. Cela ne peut plus durer, alors que nous lançons aujourd'hui un grand plan national de déploiement du très haut débit financé par l'emprunt national. Mayotte doit profiter de ce grand investissement numérique. Je demande donc aujourd'hui à Marie-Luce Penchard de travailler avec Christian Estrosi, les élus et le commissaire général à l'investissement René Ricol sur le raccordement rapide de Mayotte à l'internet mondial par un câble sous-marin. Il faut que ce câble soit opérationnel d'ici fin 2011, et que le réseau interne de l'île soit prêt, pour cette date, à accueillir ces nouvelles capacités.

Je vous avais aussi promis de renforcer les moyens humains et matériels du Centre hospitalier de Mamoudzou. C'est chose faite puisque, depuis 2007, ce sont 56 M€ qui ont été consacrés à des opérations de restructuration et d'agrandissement du site principal, ainsi qu'à l'ouverture d'un service d'urgences.

 

"L'Etat se donne les moyens d'accompagner la Collectivité dans la construction de 33.000 à 40.000 logements sociaux d'ici 2017, en étendant tous ses outils d'intervention de droit commun à Mayotte. J'ai par ailleurs décidé, lors du Conseil interministériel de l'Outremer, de céder les terrains de l'Etat, à titre gratuit, pour y construire des logements sociaux."

 

Enfin, sur la difficile question du logement social, l'Etat se donne les moyens d'accompagner la Collectivité dans la construction de 33.000 à 40.000 logements sociaux d'ici 2017, en étendant tous ses outils d'intervention de droit commun à Mayotte. J'ai par ailleurs décidé, lors du Conseil interministériel de l'Outremer, de céder les terrains de l'Etat, à titre gratuit, pour y construire des logements sociaux. En outre, afin de rassurer les propriétaires et de les inciter à construire des logements locatifs sociaux, j'ai aussi souhaité l'extension de l'allocation logement à Mayotte. Nous résoudrons le problème endémique du logement social à Mayotte, car la France ne laissera tomber aucun de ses départements, même le plus éloigné, sur ce sujet. S'il le faut, et si les élus du conseil général en font la demande, je suis prêt à accompagner la création d'un Etablissement public foncier local qui facilitera la construction de logements sociaux.

Je suis un Président qui tient ses promesses. Il n'y a pas un point de la Lettre aux Mahorais qui ait été oublié, ou négligé depuis deux ans et demi. Et mon action pour Mayotte ne se résume pas simplement à la mise en œuvre de la départementalisation, on vient de le voir. Je ne suis pas de ceux qui considèrent qu'il faut moins faire pour le département de Mayotte au prétexte qu'il est éloigné de la Métropole. Je le redis pour ceux qui nous écoutent : Mayotte. c'est la France, et chaque Français a droit à la même part de solidarité et d'engagement de l'Etat, où qu'il se trouve sur le territoire national.

 

"Toutefois, la départementalisation, ça n'est pas le développement économique. Le développement économique, c'est aux Mahorais de le créer. L'Etat vous donnera toutes les infrastructures nécessaires : le port en eaux profondes, la modernisation de l'aéroport, l'arrivée du haut-débit, etc. Mais la richesse, ce n'est pas l'Etat qui la crée, ce sont les Mahoraises et les Mahorais."

 

Toutefois, la départementalisation, ça n'est pas le développement économique. Le développement économique, c'est aux Mahorais de le créer. L'Etat vous donnera toutes les infrastructures nécessaires : le port en eaux profondes, la modernisation de l'aéroport, l'arrivée du haut-débit, etc. Mais la richesse, ce n'est pas l'Etat qui la crée, ce sont les Mahoraises et les Mahorais.

Tout à l'heure, j'ai signé le décret instituant le parc marin de Mayotte. Je sais bien qu'il génère quelques inquiétudes, notamment de la part des acteurs économiques. Je veux le dire très simplement : le lagon de Mayotte, c'est la richesse des Mahorais, nous n'allons pas en faire un sanctuaire intouchable. Si j'ai tenu à aller signer le décret constitutif du parc marin dans une entreprise de la filière aquacole, c'est que je considère que le développement durable et le développement économique ne sont pas antagonistes, mais bien au contraire complémentaires. C'est pourquoi, d'ailleurs, nous allons aller encore plus loin que ce qui était prévu initialement autour du parc marin en mettant en place un plan de grande envergure pour lutter contre les rejets d'eaux usées dans le lagon. Nous consacrerons près de 100 M€ d'ici 2015 à l'assainissement des rejets d'effluents dans la mer.

Je sais que l'activité aquacole de Mayotte est aujourd'hui la plus importante de tout l'Outremer. Nous pouvons toutefois aller encore plus loin, en se donnant pour objectif de produire 1.000 tonnes de poisson par an à l'horizon 2015, au lieu des 140 tonnes actuelles. Pour y arriver, l'Etat va consacrer 5 M€ au développement de la filière aquacole à Mayotte. En ce qui concerne la pêche je suis prêt, une fois que les bateaux seront mis aux normes de sécurité et que la flottille de palangriers sera suffisante, à étudier la possibilité d'étendre la zone de pêche exclusive au-delà des 24 milles actuels, afin de donner un coup d'accélérateur à la constitution d'une filière solide. Des crédits seront d'ailleurs prévus à cet effet dans le Contrat de projet Etat-Mayotte.

Mais le lagon, c'est aussi un formidable potentiel de développement pour l'activité touristique à Mayotte. Il faut que les acteurs économiques mahorais se saisissent de cette opportunité fantastique et proposent des offres hôtelières plus étoffées, cherchent des accords avec des tour-operators pour mettre en place des circuits combinés avec d'autres destinations dans la zone, créent des circuits touristiques attractifs. Avec moins de 40.000 touristes par an, dont 10.000 seulement se rendent sur l'île à des fins exclusives de loisir, Mayotte demeure en effet très en deçà de son potentiel d'accueil.

Mes chers amis, je suis heureux d'être parmi vous. Tout à l'heure, quand je suis arrivé en barge sur la place du marché de Mamoudzou, j'ai serré de nombreuses mains amies. J'ai senti la ferveur de vos cœurs, la chaleur de vos sentiments patriotiques, la fierté des Mahorais à demeurer, encore et toujours, fidèles à la France. La France a été, finalement, au rendez-vous. Vous pouvez compter sur moi pour qu'elle y demeure.

 

Vive la République, vive la France, et vive Mayotte dans la France

Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.

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