C'est par cette formule que le porte-parole de l'association Oudaïlia Haqui za Mmaoré, Daniel Zaïdani, a qualifié la signature du décret permettant de déclasser les terrains urbains situés dans la ZPG signé le 9 septembre par le premier ministre François Fillon. Ce décret doit permettre aux Mahorais de pouvoir obtenir des titres de propriété sur ces terrains qu'ils habitent depuis des décennies. Pourtant, cela ne se fera pas à titre gratuit comme cela a pu être le cas pour les parcelles appartenant au Conseil général. "Déclasser ces terrains en zone urbaine est en soi une bonne chose. En revanche, il faudra le faire contre de l'argent et même si les tarifs annoncés sont inférieurs au prix du marché, peu de Mahorais pourront se le permettre. Or l'objectif de ces décrets étaient bien de permettre à la majorité des Mahorais de devenir propriétaires de leur terrain, nous l'avons dit aux conseillers de François Fillon lorsqu'ils sont venus à Mayotte, ainsi qu'aux représentants de l'Etat lors des Etats généraux. Nous leur avons montré en quoi le foncier était spécifique à Mayotte" explique Daniel Zaïdani. Ainsi pour lui, ceux qui ne pourront pas payer seront obligés de demander des AOT. "L'AOT n'apporte aucune sécurité. Soit on ne pourra pas la payer, notamment les retraités qui gagnent 300 € par mois et qui doivent payer une AOT de 500 à 1000 € annuels, soit ce sera le statu quo, sans AOT, ni titre. On l'a bien vu dans l'affaire opposant la Mission Catholique à la préfecture à Dzaoudzi. Du jour au lendemain, elle a perdu le terrain. Avec une AOT, on ne peut pas se projeter vers l'avenir, il n'y a pas de transmission ni d'hypothèque possible." Avant que ce décret n'ait été adopté, les élus du Conseil général ont été consultés et n'ont pas émis d'objection. Le sénateur Soibahaddine Ibrahim Ramadani s'est déclaré satisfait de l'adoption de ce décret, ce qui n'est pas de bon présage selon Daniel Zaïdani. "Pour réparer les  dégâts, il faudrait un consensus des élus autour de la question. Or, hier j'ai entendu Ismaël Kordjee de la Direction des affaires patrimoniales et foncières à la radio et son intervention allait dans notre sens, ce qui signifie qu'il a eu le feu vert du président du Conseil général. L'unanimité sera difficile à obtenir, les partis sont plus préoccupés par leur structuration. Si rien ne change, l'Etat récupérera ces terrains à moyen terme. Il y a 10 ans, un député martiniquais a proposé un projet de loi visant à rétrocéder gratuitement des terrains urbanisés de la ZPG et il a été adopté. Pourquoi l'Etat n'a pas repris cette solution ici, au lieu d'inventer des choses qui vont dans le sens contraire des intérêts de la population ?" s'est interrogé le porte de Oudaïlia Haqui za Mmaoré.