{xtypo_dropcap}75,59%{/xtypo_dropcap} de réussite au baccalauréat, toutes séries confondues, du jamais vu à Mayotte. Jusqu'ici le taux de réussite augmentait chaque année de quelques petits points, pour atteindre environ 61% l'an dernier. Un tel bond en avant a évidemment ravivé la rumeur permanente à Mayotte d'un "bac cadeau", au niveau considérablement rehaussé. Tout le monde a déjà entendu ces témoignages de copies que l'on fait recorriger, de commissions dites d'harmonisation qui remontent les moyennes et qui expliqueraient ensuite l'échec massif de nos étudiants une fois dans les universités métropolitaines.
Pourtant, certains assurent que ces pratiques existent aussi en Métropole, et le vice-rectorat, qui rappelle comme chaque année que les jurys sont souverains, donne d'autres explications à ce résultat exceptionnel. A commencer pour les bacs professionnels, qui atteignent cette année 92% de réussite toutes séries confondues, contre seulement 50,8% en 2008. Si le vice-recteur tient à saluer "le travail évident qui a été fait en lycée professionnel", il précise que ce score vient avant tout de l'"effet second tour". C'est en effet la première année que les candidats au bac pro ont droit à une session de rattrapage pour ceux qui obtiennent une moyenne entre 8 et 10, comme leurs camarades des séries générales et technologiques.
Une mesure mise en place à l'échelle nationale par Xavier Darcos, qui porte particulièrement ses fruits à Mayotte. "Nos élèves ne sont au départ pas francophones, ils ont donc de grandes difficultés à l'écrit qui ne se retrouvent pas à l'oral où il leur est plus facile de faire comprendre leur raisonnement. C'est pourquoi le rattrapage fait une vraie différence ici", explique M. Cirioni, qui précise que le travail en bac pro va s'intensifier sur la compréhension de la consigne, qui reste un domaine qui handicape les élèves mahorais.
Mettre l'accent sur les BTS
Le bac général lui "se régularise", on passe de 68,9 à 73,3% de réussite, une progression constante. C'est le bac technologique qui déçoit encore une fois cette année. Le bac STG, qui regroupe de nombreux élèves qui n'ont pu être pris ni en général ni en bac pro, peine à décoller, et la série ST2S est en forte chute. Le vice-recteur a tenu à préciser une nouvelle fois que les lycéens ont été handicapés par 37 jours de cours en moins en raison des différentes grèves.
Alors que les CAP et BEP donnent également des résultats satisfaisants avec un maintien des premiers à 89% de réussite et un décollage des BEP avec 72,1%, soit +10,5 par rapport à l'an dernier, la déception se situe au niveau des BTS, qui augmentent très peu pour atteindre juste 33,6% de réussite. Le vice-recteur prévoit pour l'année prochaine de "faire évoluer les équipes pédagogiques", à savoir affecter en BTS des enseignants qui ont fait une année en terminale pour qu'ils suivent mieux la progression des étudiants.
Enfin, 3.944 candidats étaient au brevet cette année pour un résultat en légère baisse avec 68,6% que le vice-rectorat explique par le nombre croissant de candidats. Mention spéciale aux collèges de Labattoir, M'tsangamouji, Passamainty et Tsingoni qui font une belle progression. Précisons que les résultats annoncés par le vice-rectorat pour tous ces examens ne concernent que les candidats du système scolaire et n'incluent pas les candidats libres issus de formation privée. "Le but est de mettre en lumière le travail de l'Education nationale", explique M. Cirioni.
Du CE1 au bac : un effort constant
Le vice-recteur tient à annoncer un autre chiffre d'importance : "cela fait plusieurs années que l'on brandit le chiffre de 17% d'une génération qui arrive au bac, il faut préciser que ce chiffre date de 2002. Nous avons pu faire un calcul plus récent, en 2008 nous en étions à 35% et en 2009 c'est 39% d'une génération qui atteint le bac." Un chiffre qui met en lumière un progrès constant du système éducatif à Mayotte, et ce malgré une base de départ très faible.
En effet on ne peut que s'étonner des résultats si élevés du bac lorsque l'on prend connaissance de ceux des évaluations de CE1, publiés la semaine dernière par le ministère de l'Education nationale, qui classaient évidemment Mayotte bonne dernière avec seulement 9% des élèves ayant "des acquis très solides" en maths et en français. Au-delà du fait que le vice-recteur estime qu'on ne peut comparer un examen avec une note à une évaluation qui pointe des acquis, ce résultat montre pour lui le travail réalisé dans le secondaire.
"Nos élèves arrivent à l'école non francophones. En CE1, ils n'ont que très peu d'années de scolarisation derrière eux, surtout s'ils ne sont pas allés en maternelle, et ont donc évidemment des acquis très faibles en français, c'est logique. L'écart avec les résultats du bac montre qu'il y a une réelle progression tout au long de la scolarité. Le Premier ministre l'a rappelé, le budget de l'éducation à Mayotte a doublé en 4 ans, des efforts sont faits et ils payent. Le système éducatif à Mayotte est bien plus récent qu'en Métropole et dans les Dom. D'ici 10 ans, nous aurons un niveau bien meilleur avec les nouveaux instituteurs mieux formés et la maternelle." En attendant d'atteindre un tel objectif, il faut souhaiter que les 1.935 bacheliers de l'année prouvent leur bon niveau en réussissant leurs études.
Hélène Ferkatadji
La rentrée en maternelle se prépare
La loi prévoit que pour la rentrée 2009 tous les enfants de 4 ans soient accueillis en moyenne section de maternelle. Pour ce faire, 100 postes d'instituteurs supplémentaires ont été créés. 40 de ces postes seront occupés par les nouveaux instituteurs de la promo 2009 de l'IFM, pour occuper les 60 postes restants, le vice-rectorat à obtenu exceptionnellement du ministère que soient nommés à Mayotte 60 professeurs des écoles, en attendant que les 120 étudiants admis à l'IFM cette année sortent diplômés pour la rentrée 2011.
Concernant l'accueil de ces nouveaux élèves, le vice-recteur ne peut qu'espérer que le Smiam remplira sa part du contrat en livrant les salles de classe nécessaires à la scolarisation des enfants de 4 ans. L'inquiétude existe surtout pour les communes de Mamoudzou et Koungou. Si les salles ne sont pas ouvertes à la rentrée, le vice-rectorat mettra en place des rotations.
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