Il est toujours étonnant de visiter un chantier. On tente de s’imaginer qu’à la place des grues, des échafaudages, du ciment pas encore compact, il y aura, d’ici quelques mois, le cœur de l’activité économique quotidienne de Mayotte : le marché. Bien que situé sur les terres de la commune de Mamoudzou, l’établissement se construit intégralement sur les fonds du conseil général. Le gestionnaire n’est pour l’instant pas connu. Par défaut, c’est la municipalité qui en assumera la charge, alors que pour le moment le marché est géré par la Chambre de commerce et d’industrie.
Loin de ces considérations, le visiteur observe les grues soulever des gros blocs de béton. Autour c’est près d’une centaine d’ouvriers qui s’affairent en permanence. L’ambiance reste sereine, étonnamment calme comparée aux autres chantiers médiatisés. Tout semble aller naturellement. Pourtant, les opérations connaissent ici aussi un certain retard.
« Initialement la date de remise des travaux était fixée à la fin de l’année. Nous pensons la reculer en avril de cette année, enfin, à la fin du premier trimestre », confie Eric de Susanne, directeur du développement à la Sim. En effet, la Société immobilière de Mayotte se charge des opérations pour le compte de la Collectivité après avoir répondu à un appel d’offres.
14 millions d’euros de budget
La cause du retard n’est pas très originale. Malgré son ampleur et ses 14 millions d’euros de budget, le marché connaît les mêmes pénuries dues aux soucis d’approvisionnement que les autres chantiers. L’entreprise de gros œuvre a tapé dans ses réserves d’acier qui arrivent à épuisement par exemple. En revanche, les douze sociétés mahoraises qui participent à la sortie de terre du bâtiment peuvent se féliciter de travailler pour une opération modèle. Les intérêts de retard qui actualisent les devis par rapport au cours du moment présent de la matière première sont pris en compte.
De plus, le marché de Mamoudzou est l’une des premières infrastructures qui répond intégralement aux nouvelles normes d’hygiène et de sécurité, mais aussi aux normes environnementales. L’aération, par exemple, est naturelle et efficace. Dans la fournaise de ce mardi après-midi, l’intérieur apparaît comme un oasis à un bédouin. Le toit en lamellé-collé, technique provenant de Finlande, permet grâce à son bois et à sa hauteur cette aération.
En même temps que le gros œuvre – dont il reste 10% à réaliser – l’aménagement intérieur est effectué. Les boxes de trois mètres sur trois mètres sur trois mètres sont déjà visibles. Il y en aura 235, plus 60 réservés aux fruits et légumes et 8 à la charcuterie et au poisson, plus un local de trente mètres carrés qui sert à réceptionner ce poisson.
Le préau qui entoure le marché offre un espace suffisant pour y installer d’autres marchands, mais ils n’auront pas les garanties de sécurité des boxes, ni l’accès à l’électricité. A ce propos, chaque boxe se dote d’un compteur personnalisé à cartes rechargeables. Il reviendra au gestionnaire d’accepter ou non la présence de personnes supplémentaires autour de son établissement. Partout ailleurs en Outremer, les marchés couverts connaissent ce genre de population.
En revanche, le marché ne bénéficie d’aucune structure de restauration. La chose n’a pas été prévue… « Peut-être existera-t-il un espace de ce genre dans la future gare maritime juste à côté ? », soumet Eric de Susanne, ou sur le front de mer…
L’espoir du futur Mamoudzou
Il est vrai que c’est toute la zone qui s’aménage et non pas seulement les 4.400 m² de la halle. Juxtaposés à la halle, les deux étages du nouveau bâtiment du comité départemental du tourisme se construit. De l’autre côté, la gare routière dédié au nord et la gare maritime se prévoient. Et puis à plus ou moins long terme, c’est l’ensemble du front de mer de Mamoudzou avec les accès à la ville par le quartier M’gombani et sa rue du commerce qui sont repensés.
Le marché représente plus qu’un nouvel espace, c’est un espoir de développement cohérent de la capitale. Il doit constituer un exemple. Notamment par rapport au transfert des marchands actuels vers le futur outil de travail. Et cela n’est pas gagné. Concrètement, l’étude de recensement de la Sim n’a pas pu aller jusqu’à sa fin. Sur le plan médiatique, la récupération est incessante à l’approche des élections municipales et cantonales. Le futur de Mamoudzou ne se jouerait pas forcément dans la zone vierge de Hamaha, mais dans son cœur historique.
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