16/10/2009 – Tribune libre

 

 

{xtypo_dropcap}M{/xtypo_dropcap}ais que nous dites-vous, "nahoudas" ?

Ne nous dites surtout pas que si les entreprises licencient en masse, si les commerçants doivent supporter les conséquences de la faiblesse du pouvoir d’achat des consommateurs et des ménages mahorais, si le chômage des jeunes explose, si les équipements publics prévus par les précédents Contrats et actuel Contrat de projet dorment dans les tiroirs, si les recettes douanières ne rentrent pas…, c’est la faute du bouc émissaire idéal ! Sans me faire l’avocat de mon employeur qui est assez ruiné pour se défendre, je doute qu’il faille n’accabler que le conseil général de Mayotte.

Par exemple, à la commande de l’actuel Contrat de projet, n’y a-t-il pas un bicéphalisme ? Ce Contrat de projet est "copiloté" par le préfet qui apporte 350 M€ au nom de l’Etat et par le président du conseil général, l’autre "nahouda", qui doit contribuer pour 200 M€ pour la période 2008-2014. La question est, comme les temps sont durs, comment le conseil général va-t-il pouvoir réunir cette somme ?

Dans tous les cas, les Mahorais comptent sur la capacité du président du conseil général à rassembler les Mahorais et les acteurs, à organiser ses services et à sortir les cadres administratifs de leur placard doré. De cette bonne volonté politique et du sens du management de l’intérêt public dépendront la réussite du "copilotage" avec le préfet et du rattrapage de l’exécution des projets structurants prévus par ce Contrat de projet, dont les équipements et les actions sont attendus par les Mahorais et les fonctionnaires du conseil général en premier !

C’est à cette condition que le conseil général cessera d’être ce "laka" ivre qui préoccupe tant les autorités de contrôle de la bonne dépense des deniers publics et les leaders syndicaux intègres représentants du personnel de cette administration, qu’il faut cesser de marginaliser, de traiter "d’emmerdeurs" et placés arbitrairement en garde à vue pour délit de sale gueule imaginaire. Et ce, dans l’indifférence des pouvoirs publics.

 

Le "laka" tangue, ou plutôt on le fait tanguer

 

Si le "laka" tangue, les raisons sont connues. C’est un secret connu de vous et moi. D’abord regardons du côté de la préfecture, principal "nahouda" financier. De ce côté, vous aurez constaté que ça valse tout le temps. Depuis 2004, année du transfert de l’exécutif, on a eu droit à un préfet et à un secrétaire général tous les ans, alors qu’on sait qu’un fonctionnaire a besoin de 6 mois pour s’installer et maîtriser les dossiers.

Or les opérations et actions du Contrat de projet sont pluriannuelles et demandent de la stabilité des pilotes et non ce remue-ménage systématiquement perpétuel, que ce soit en préfecture, à la direction de l’Equipement, à la direction de l’Agriculture et de la forêt. Nonobstant tout cela, on accable d’incompétence les élus mahorais, le fonctionnaire mahorais, la pluie mahoraise, le vent mahorais… et même le soleil mahorais.

Ensuite au conseil général aussi la stabilité est inexistante. Des DGS, des DGA et certains directeurs surrémunérés qui changent tous les quatre matins expliquent les difficultés relevées par la Chambre régionale des comptes aujourd’hui et par les autres observateurs. Ce second "nahouda", maître d’ouvrage des équipements prévus par le Contrat de projet, a un rôle essentiel à jouer en faisant confiance en ses hommes et femmes fonctionnaires. Jusqu’aujourd’hui les deux présidents de l’exécutif qui se sont succédés n’ont pas su le faire. Alors au lieu de s’attaquer par voie de presse, il faut créer un espace de débat démocratique pour parler de ces grands sujets du moment : les états généraux.

 

Les états généraux sur la qualité

 

Les ménages, les plus petits, mais aussi les entreprises privées et surtout les fonctionnaires locaux avec leur pouvoir d’achat misérable sont en grande difficulté. Dans une situation de détresse, de crise sans précédent, il faut dépasser les clivages partisans, les logiques d’intérêts qui ne sont pas forcément convergents. Il faut que Docteur "Etat" et Assistante sociale "conseil général" travaillent main dans la main pour venir au chevet de cette petite économie en très mauvaise santé, et des Mahorais frappés de plein fouet par la crise.

C’ est pourquoi la CFDT conseil général propose l’organisation des "états généraux" sur la qualité de gestion et sur "comment consommer 550 millions d’euros du Contrat de projet d’ici 2014". Ceci est possible à condition, de stopper la valse des pilotes et la placardisation des cadres administratifs, de valoriser la rémunération des agents mahorais par la revalorisation de leurs salaires et par une volonté réelle de l’Etat de bosser avec les élus locaux et les Mahorais.

 

Issa Mohamed Elanrif,

Secrétaire général de la CFDT conseil général

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