C'est dans la plus grande discrétion que les corps des victimes de l'accident de la Yéménia ont été débarqués lundi du navire EDT Ares, qui les a repêchés à 7km de la côte. Pour la première fois, ce navire a accosté au port de Moroni pour décharger 59 corps. Les corps ont été conduits dans un hangar désaffecté de l'aviation civile. Le camion n'a même pas pris la route. Il est passé par une sortie dérobée entre le port et la société des Hydrocarbure pour éviter les regards indiscrets. Dans une odeur vive, le Croissant rouge et les médecins légistes français ont entamé le long travail d'identification des corps. "Le prélèvement commence ce lundi. Il va falloir une dizaine de jours pour terminer les formalités et remettre les dépouilles aux familles", a-t-on appris du coté de la cellule de crise installée au centre des opérations de secours. Du coté des familles, on se mobilise et on s'impatiente. Les proches de victimes étaient nombreux lundi matin sur les allées du port pour apercevoir le fameux conteneur.

Ahmed Elkabir, porte-parole du collectif des familles des victimes, assure que "c'est un début de soulagement. Nous allons pouvoir faire le deuil. Maintenant, nous allons penser aux procédures d'enterrement. Il va falloir être patients". L'inhumation risque d'avoir lieu avant même l'identification. "La priorité maintenant est de procéder à l'enterrement. Ces gens ont suffisamment souffert dans l'eau, il faut donc faire vite pour les inhumer. Les familles aussi attendent depuis longtemps pour faire le deuil", soutient Abdillah, secrétaire général du ministère des transports. Les familles comoriennes des victimes proposent déjà une inhumation collective. Un site a été identifié à Iconi pour recevoir les victimes du crash. Mais un problème se pose déjà pour cette inhumation collective. Des familles non comoriennes voudraient aussi leurs morts. Face à l'urgence de les enterrer, les familles comoriennes et le gouvernement proposent une solution. "Une fois que les prélèvements ADN seront faits, nous allons enterrer nos proches. Si jamais, il y a un non comorien qui est enterré, ses parents pourront venir le déterrer pour l'enterrer ailleurs", poursuit Elkabir. Les familles prévoient aussi de faire un mémorial sur le site ainsi qu'une mosquée pour faciliter les recueillements.

Cependant, les familles voudraient organiser 'enterrement en même temps que celui des corps repêchés en juillet au large de la Tanzanie. Et pourtant, sur les 25 dépouilles, 7 encore ne sont pas encore identifiées. Certaines familles refusent toujours les tests ADN. Dans son dernier communiqué daté du 12 septembre, la commission d'enquête indiquait depuis Paris que le travail de récupération des données sur les enregistreurs de vol de l'Airbus A310 relatives à l'accident du 30 juin dernier était achevé, et qu'à présent "les enquêteurs vont se consacrer à leur exploitation". C'est cette ultime phase de décryptage qui permettra de connaitre enfin avec exactitude les causes à l'origine du crash du vol IY 626 de Yemenia, qui a fait 152 morts. L'analyse pourrait prendre deux semaines, croit-on savoir dans les milieux proches de l'enquête, dont les conclusions sont très attendues afin de situer les niveaux de responsabilité dans le cadre d'un procès qui s'annonce complexe.