16/04/2010 – Départ de Christophe Peyrel

 

 

 

{xtypo_dropcap}"J'{/xtypo_dropcap}ai vécu à Mayotte plus de moments difficiles que de moments faciles et pourtant, au moment de partir, le bilan de ces 25 mois est indéniablement et très largement positif. Peut-être parce que les moments faciles ont été d'une intensité particulière et parce que les moments difficiles ont toujours été très instructifs."

"C'est pourquoi je m'apprête à quitter cette île à la fois avec le sentiment d'être soulagé d'un poids lourd, celui de mes responsabilités professionnelles, exigeantes, mais aussi d'un isolement et un enfermement pas seulement géographiques, dans cette île exiguë où la vie est pesante, à l'image de l'humidité et de la chaleur des saisons humides, mais aussi avec le sentiment de quitter un endroit envoûtant, magique, magnifique, où la vie, quoique compliquée, est légère, où mes sens, mes sentiments, ma raison, ma culture ont été chaque jour stimulés, déroutés, remis en cause, où j'ai connu des plaisirs professionnels, personnels et familiaux intenses."

"Je veux dire à quel point j'ai ressenti la difficulté à appliquer avec le dosage idoine de fermeté et d'humanité, la politique indispensable, mais très délicate et parfois douloureuse, de lutte contre l'immigration irrégulière. J'ai ressenti comme tous les agents de la préfecture, les fonctionnaires de la police, les militaires de la gendarmerie et de nombreux Mahorais, intervenant sociaux, associations, médecins et particuliers, à quel point la vague migratoire comorienne nous heurte et ne nous laisse aucun choix facile entre accueil humain et protection de notre souveraineté et bouleverse la vie de l'île."

"Heureusement la réalité mahoraise ne ressemble pas à ce qu'inlassablement et sans grande imagination ni talent, certains médias nationaux se bornent à nous montrer. J'ai connu ici des moments merveilleux, de fraternité, de beauté, d'espoir, de réflexion, qui ont enrichi ce séjour et je le crois ma personnalité."

"Je garde en mémoire des heures parfois trop longues, mais toujours productives passées avec les syndicats, les personnels publics ou salariés, lors de conflits marquants qui ont émaillé mon séjour ici et que malgré tout je classe quand même parmi les bons moments de mon séjour."

"Et puis bien sûr je garderai gravé en moi, la beauté de Mayotte. Le lagon bien sûr, mais j'ai aussi arpenté la brousse de long en large, les montagnes, les crêtes, les mangroves, les champs de Mayotte, ses villages, sont aussi sa richesse et sa beauté et pour moi Mayotte, c'est les deux : le lagon et la brousse."

"Enfin, il y a une chose que j'ai apprécié ici, par-dessus tout, qui pour moi a tout sauvé dans les moments les plus tendus, les plus difficiles, c'est le rire des Mahorais, leur sens de la dérision, leur facilité à entrer en contact, et à embellir la réalité avec leur humour, si facile et dévastateur. C'est une richesse fondamentale et rare. Préservez-là !"

"Vous l'aurez compris, j'ai adoré Mayotte et cette période, ce qui n'empêche que je suis content de partir."

Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.

Le flash infos du jour

2025-01-12
Lundi 06 janvier

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes

À la Une